Peut-on noter les fonds garantis ?

Un lecteur nous demande "pourquoi les fonds garantis ne sont pas notés". Sans doute parce que Morningstar ne sait pas comment on pourrait bien les noter…

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Drakkar, Swing, Certitude, Sérénité, Inoxydable, Maximizer… autant de produits financiers aux noms parfois elliptiques mais qui sentent bon l'eau de toilette pour l'homme ou évoquent la force, la souplesse et la ressource face à un environnement adverse.

Compte tenu des incertitudes actuelles, l'humeur des investisseurs est plutôt aux placements sûrs, produits monétaires et obligataires en tête. Les sociétés de gestion ne s'y sont pas trompées et multiplient à l'envi, afin de répondre aux attentes du public, les fonds garantis et autres produits à formule.

Ces fonds apportent dans la majorité des cas à l'investisseur une garantie en capital, avec la possibilité selon l'orientation des marchés d'un rendement plus ou moins attractif. Alors que le CAC 40 est en recul de 7% depuis le début de l'année, la catégorie des fonds garantis affiche une performance moyenne sur cette période de -0,8% avec pour certains fonds un rendement de 7 à 8%...

Consulter les rendements des fonds garantis depuis le début de l'année.

Mais attention ces rendements sont virtuels. Les fonds à promesse s'engagent en effet sur une équation selon un certain terme, éventuellement à plusieurs échéances. Le moment venu, on calcule l'équation et l'on regarde si les conditions de base se sont réalisées, conditions qui déterminent la valeur du rendement.

Si l'investisseur souhaite sortir d'un fonds garantis avant échéance il devra souvent acquitter de frais de sortie dissuasifs, pouvant attendre 10%, une ponction qui lamine sérieusement les possibles plus-values. C'est donc toujours en fonction de ses échéances que doit s'apprécier le rendement d'un fonds garanti.

Quant au calcul des gains possibles, disons clairement que l'exercice relève en bonne partie de la contorsion cérébrale quand il ne s'agit pas purement et simplement d'une gymnastique cabalistique. Certes, la morphologie générale d'un tel fonds est simple : on dispose à échéance d'une garantie en capital (minoré des frais de souscription rappelons-le) et d'un rendement fondé sur les performances d'un ou plusieurs indices ou actions. A partir de là l'investisseur peut simuler des potentiels de rendement en retenant différentes hypothèses…

Des paris différents

Autant dire que l'exercice requiert une bonne dose de patience, ainsi qu'un ordinateur et un tableur tant les possibilités sont nombreuses. Dans le cas du fonds Drakkar par exemple le rendement offert à échéance (en avril 2007) sera de 70% de la moyenne des progressions trimestrielles depuis l'origine d'un panier d'indices composé à hauteur de 60% de l'EuroStoxx 50, de 20% du SP500 et de 20% du Nikkei 225…

La sophistication du calcul ne signifie pas que les fonds garantis ne présentent pas d'intérêt. Dans le cas du fonds Drakkar, en tablant sur l'hypothèse qui n'est pas invraisemblable d'un quasi doublement d'ici 4 ans des indices EuroStoxx 50 et SP500 et d'une hausse de l'ordre de 23% du Nikkei 225, on obtient à terme un rendement de 26,27% selon les calculs du promoteur. Mais de nombreuses autres hypothèses peuvent être retenues, plus optimistes ou plus conservatrices…

Si les principes de base des fonds garantis sont simples et similaires, le choix des échéances, la composition des paniers, les méthodes de calcul… font de cette catégorie un univers hétérogène et rendent les comparaisons totalement aléatoires. C'est la raison pour laquelle Morningstar ne note pas ces fonds.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.