Comment investir comme Buffett

Warren Buffett a fait fortune en ayant un style d’investissement « value ». Trouver des sociétés de qualité, solides financièrement et bon marché peut aider à suivre sa voie.

Emma Wall 25.11.2013
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Emma Wall : Bonjour, et bienvenue pour notre série « Pourquoi devrais-je investir avec vous ? ». Je suis Emma Wall et avec moi aujourd’hui, Nick Kirrage, gérant du fonds Schroders Recovery Fund.

Nick Kirrage : Bonjour Emma.

Emma Wall : Le fonds Recovery a une approche value. Pouvez-vous expliquer ce qu’est l’investissement value ?

Nick Kirrage : L’investissement value consiste à acheter des titres dont le cours est inférieur à leur valeur intrinsèque. Tous les gérants affirment qu’ils achètent des titres qui valent plus que le prix qu’ils acceptent de payer. C’est le cœur de toute la gestion d’actifs. Mais en tant qu’investisseur value, nous sommes très disciplinés dans la manière d’identifier les sociétés ou pour trouver celles qui sont faiblement valorisées, qui ont un faible P/E (ratio cours sur bénéfice), ou un faible P/E ajusté du cycle, de faibles ratios de valorisation et nous avons tendance à toujours chercher dans l’univers des titres décotés.

Les entreprises sont souvent bon marché pour une raison, mais est-ce la bonne ? En tant qu’investisseur value, nous nous rendons souvent que ce n’est pas le cas. En investissant dans ces entreprises, lorsqu’elles sont abandonnées, vous pouvez obtenir des rendements très favorables pour vos clients.

Emma Wall : L’investisseur le plus connu en la matière est Warren Buffett. Il s’est toutefois éloigné de l’investissement value au sens strict. Dans ce cas, l’analyse macro-économique ou la vue sur le cycle du marché n’a pas d’impact sur le processus d’investissement. Est-ce le cas ?

Nick Kirrage : L’investissement value est une école très diverse. Je pense que Warren Buffett a débuté sa carrière en suivant le modèle de son mentor, Benjamin Graham, qui, dans les années 30-40-50 était considéré comme le père de la gestion value. Sa croyance était de se focaliser uniquement sur les valorisations bon marché et de ne pas se préoccuper de considérations macro-économiques. L’économie, bien sûr, est très importante. L’économie et le cycle des affaires ont un impact important sur les entreprises. Il est juste très difficile de savoir comment le cycle va évoluer et quel sera son impact sur les entreprises, et bien évidemment aussi, sur leur cours de Bourse, car la Bourse est un lieu où s’échangent des anticipations.

Non, nous n’avons de vue particulière sur l’économie, mais nous avons toujours à l’esprit l’idée que l’économie reste cyclique. On observe beaucoup de retours à la moyenne au fil du temps.

Emma Wall : Si l’on regarde du côté des risques, 2011 était une année difficile pour vous. La nature de l’investissement value est, bien sûr, que les actions sont parfois bon marché car elles ne sont pas de bonne qualité.

Nick Kirrage : C’est une explication, et je présume que c’est ce que nous nous demandons en permanence. Les gens pensent que les choses changent, ce qui explique le caractère bon marché de certains titres, car ce qu’une société a fait dans le passé n’est pas l’indicateur de ce qu’elle fera à l’avenir. La situation peut totalement changer, comme dans le cas de HMV. Ce titre était considéré comme bon marché pendant une longue période. Mais ce n’était pas le cas. Les temps avaient changé. Nous nous rendons compte que plus souvent que l’on ne le croit, la situation ne change pas vraiment. L’expression ‘cette fois c’est différent’ est sans doute la plus dangereuse de toutes en matière d’investissement, car en réalité ce n’est pas le cas. Les entreprises évoluent, et changent.

Parfois, nous trouvons des entreprises délaissées par la Bourse, qui fréquemment reviennent sur le devant de la scène. Toutefois vous avez raison. Ce style d’investissement comporte des risques. L’un de ces risques réside dans le bilan des entreprises, et nous ne savons pas parfois combien de temps il faudra à une entreprise pour redresser sa situation financière.

Aussi, nous cherchons des entreprises qui n’entraîneront pas pour leurs actionnaires une perte durable en capital. Nous ne pouvons pas contrôler la volatilité. Nous ne pouvons pas contrôler le fait que le marché aimera ou n’aimera pas un titre à court terme. Mais nous pouvons nous assurer que ces entreprises améliorent leur situation bilantielle, ou si ce n’est pas le cas, que nous serons rémunérés par un potentiel d’appréciation significatif. C’est la logique même de notre fonds.

Emma Wall : Je présume qu’en sachant cela, il peut vous arriver de vous tromper ?

Nick Kirrage : Le métier de gérant apprend l’humilité. Personne n’aime se tromper. Mais c’est parfois libérateur, lorsque vous acceptez l’idée que vous pouvez avoir tort. Accepter que cela puisse arriver vous permet d’aller investir dans des zones du marché que vous ignoreriez autrement. Vous pouvez du coup regarder un spectre d’opportunités beaucoup plus vaste et y puiser d’incroyables sources de rendement.

Notre fonds Recovery en est un bon exemple. Nous avons eu 3 ou 4 échecs au cours des sept dernières années, et pourtant, notre performance a été très très solide.

Emma Wall : Nick, merci beaucoup.

Nick Kirrage : Merci.

Emma Wall : C’est Emma Wall, pour Morningstar. Merci de nous avoir regardé.

 

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A propos de l'auteur

Emma Wall  est l'éditrice du site Morningstar.co.uk