Hermès et LVMH : laquelle de ces valeurs de luxe semble bon marché à l’heure actuelle ?

Après être tombés en disgrâce, les investisseurs pourraient s'intéresser de nouveau à l'une des anciennes vedettes du secteur du luxe.

Jocelyn Jovène 12.05.2025
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Illustration par collage d'une main, d'un pied et d'un pied, qui représentent des animaux.

Après de nombreuses années de solides performances boursières, les cours de ces deux valeurs ont fortement divergé au cours des 18 derniers mois. La question qui se pose aujourd’hui aux investisseurs du secteur du luxe est de savoir si Hermès, qui a le vent en poupe, vaut toujours le coup ou si LVMH, qui n’a pas le vent en poupe, est désormais à surveiller.

Si les groupes de luxe Hermès RMS et LVMH MC opèrent dans le même secteur, les similitudes s’arrêtent là du point de vue de l’investisseur.

Les deux groupes de luxe se sont relativement bien comportés avant et après l’affaire COVID-19, mais leurs performances ont été très différentes depuis lors. L’action Hermès a fortement surperformé LVMH au cours des 18 derniers mois. L’action LVMH a même reculé au cours de l’année 2024 ; une chute qui s’est amplifiée depuis le début de l’année, en raison des incertitudes économiques croissantes liées à la politique tarifaire de l’administration Trump et à des résultats décevants.

Sans surprise, les deux entreprises n’ont pas le même attrait pour les investisseurs, comme en témoigne le cours de leurs actions. Hermès se négocie actuellement avec une prime, tandis que LVMH a récemment enregistré une décote.

Depuis la crise financière de 2008, le secteur européen des produits de luxe est considéré comme l’un des favoris des investisseurs, en raison de ses qualités intrinsèques - valeur des marques de luxe, capacité à répercuter les hausses de prix, croissance organique solide et rentabilité élevée -, mais ce sentiment s’est détérioré plus récemment. Les consommateurs soucieux des coûts, plus sensibles aux augmentations de prix dans un climat économique moins sûr, ont eu un impact sur la croissance des ventes de nombreux titres du secteur des produits de luxe.

Alors qu’en 2017 comme en 2018, LVMH affichait une croissance organique supérieure à celle d’Hermès, la situation s’inverse depuis 2019. Les derniers résultats du premier trimestre, publiés en avril, montrent que les ventes d’Hermès ont progressé de 7 % en données comparables (hors effets de change), tandis que LVMH a enregistré une baisse organique de 3 % de ses ventes consolidées, dont une baisse de 5 % dans son pôle Mode & Maroquinerie - qui abrite ses marques les plus emblématiques, Louis Vuitton et Christian Dior.

Cette évolution des performances financières se reflète dans les cours de bourse d’Hermès et de LVMH. “Il n’y a pas si longtemps, LVMH était la plus grande entreprise d’Europe. Cela reflète les performances divergentes et le sentiment des investisseurs à l’égard des deux sociétés”, ajoute Mme Sokolova.

LVMH décoté

Selon Mme Sokolova, LVMH n’est pas à l’abri du ralentissement du secteur, mais grâce à son portefeuille de marques de premier plan dans plusieurs créneaux du luxe et à un fossé étendu, elle pense que le groupe est bien placé pour générer des bénéfices à l’avenir.

Elle affirme qu’aujourd’hui, à 19 fois les bénéfices attendus, les actions LVMH semblent sous-évaluées. Les analystes de Morningstar ont récemment réduit leur estimation de juste valeur de LVMH à 620 euros par action, contre 650 euros par action.

Comme l’explique Mme Sokolova, les prévisions de ventes et de bénéfices pour 2025 ont été légèrement revues à la baisse pour tenir compte d’un contexte macroéconomique plus difficile : “À plus long terme, nous prévoyons une croissance de 6 % pour la division maroquinerie, avec une marge moyenne de 40 % (39,9 % en 2022 et 30 % historiquement). Nous nous attendons à ce que Louis Vuitton continue d’enregistrer une croissance du chiffre d’affaires à un chiffre, supérieure à celle du secteur, grâce à l’attrait mondial de la marque et à son pouvoir de fixation des prix, tandis que d’autres marques de mode et de maroquinerie devraient se développer en bénéficiant des ressources du groupe LVMH.”

Aujourd’hui, alors que le titre se négocie avec une décote de valorisation de 21% par rapport à l’estimation de juste valeur de Morningstar, LVMH semble plus attractif pour les investisseurs.

Indicateurs Morningstar pour l’action LVMH


La prime d’Hermès

Hermès se trouve dans une situation très différente de celle de LVMH. Son action se négocie avec une forte prime de 56% par rapport à l’estimation de juste valeur de Morningstar.

“LVMH est plus exposée aux consommateurs ambitieux qu’Hermès, ce qui rend cette dernière plus résistante au ralentissement du secteur (les consommateurs plus aisés sont plus résistants)”, note Mme Sokolova de Morningstar.

“Hermès bénéficie d’un pricing power qu’il a moins exercé que ses concurrents, ce qui lui permet aujourd’hui de profiter de la reprise de l’activité sur le marché secondaire et de dynamiser ses ventes. Enfin, en période de ralentissement, les investisseurs ont tendance à se réfugier dans des valeurs sûres, et Hermès est perçu comme un actif sûr dans ce secteur”, ajoute-t-elle.

Mais à 52 fois les bénéfices attendus, selon le consensus FactSet, l’action est clairement surévaluée, estime l’analyste.

Indicateurs Morningstar pour l’action Hermès


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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.