Dans quel type de « bear » market sommes-nous ?

L’histoire peut être une source d’enseignements, même si la correction actuelle intervient dans un contexte bien particulier.

Jocelyn Jovène 10.03.2020
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Les stratégistes des grandes banques d’affaires tentent souvent de regarder dans le rétroviseur pour en tirer des leçons et éclairer l’ampleur de la correction boursière actuelle et les perspectives d’évolution à venir des marchés.

Au regard de la chute des marchés depuis quelques séances, la probabilité d’une récession économique aux Etats-Unis a fortement augmenté.

Selon les équipes de JPMorgan, la probabilité d’une récession était de 52% à la date du 6 mars, soit avant la violente correction de lundi. Autrement dit, ce risque a depuis fortement augmenté.

Dans une note publiée lundi 9 mars, les stratégistes de Goldman Sachs estimaient qu’il y avait un risque supplémentaire de baisse des marchés actions, lié à la révision en baisse des prévisions de croissance bénéficiaire dans les différentes régions du monde (0% aux Etats-Unis, -6% en Europe et +6% en Asie – chiffres qui pourraient être revus en baisse en cas de confirmation d’une récession).

 « Si nous devions entrer dans un scénario plus pessimiste en termes de durée et de profondeur, les profits auraient de grandes chances de baisser davantage. En phase de récession, les profits des entreprises américaines pourraient ainsi chuter de 15% en moyenne », observe Goldman Sachs.

La banque américaine envisage trois types de scénarios de marché baissier. Dans la configuration actuelle des marchés, elle table plutôt sur un marché baissier lié à un événement (« event-driven bear market »). Dans une telle situation, la baisse moyenne des marchés observée par le passé était de 29%, pendant une période de 9 mois, suivie d’une reprise durant 15 mois en moyenne.

La situation présente est toutefois différente du passé pour plusieurs raisons. Les précédents épisodes de « event-driven bear market » n’ont jamais été provoqués par une épidémie, les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas avant une phase de correction boursière de cette ampleur et les marchés ont généralement connu une phase de rebond dès que la dynamique de l’épidémie était

« Notre meilleure estimation (« best guess ») est que les actions pourraient enregistrer une baisse de 20%-25% par rapport au dernier point haut des marchés [19 février, NDLR]. Cela correspondrait à l’amplitude habituelle observée dans un marché baissier lié à un événement particulier », ajoutent les stratégistes de Goldman Sachs.

Ceci explique sans doute pourquoi les marchés n’ont opéré ce mardi 10 mars qu’une tentative de rebond (qui s’est terminée à Paris par une nouvelle séance de baisse), dans l’espoir d’une action coordonnée des banques centrales et d’annonces de mesures de politique budgétaire à travers le monde.

A la date du 6 mars, les actions suivies par Morningstar affichaient une décote moyenne de 8% (ratio cours sur juste valeur de 0,92), alors qu’elles affichaient une prime de valorisation moyenne de 7% le 17 janvier 2020.

A la même date du 6 mars, sur la base des valeurs suivies par Morningstar, 879 étaient en territoire 4 et 5 étoiles (considérées comme sous-évaluées), sur un total de 1.822 valeurs suivies dans le monde.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.