Nintendo : l’effet Super Mario

Malgré un bond de 45% cette année, le titre offre encore du potentiel selon Kazunori Ito, analyste chez Morningstar.

Kazunori Ito 08.10.2019
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Les changements stratégiques engagés par Nintendo depuis 2014, en particulier la décision de chercher des opportunités sur de multiples plates-formes, portent leurs fruits. En l’espace de 5 ans, le chiffre d’affaires de l’éditeurs de jeux a bondi de 4,26 milliards d’euros à 9,35 milliards d’euros, tandis que le résultat opérationnel est passé d’une perte de 346 millions d’euros à un profit de 1,95 milliard d’euros.

Nous pensons que le groupe dispose d’une nouvelle opportunité de croissance, en ne limitant plus ses licences les plus connues aux consoles de salon, et en les déployant sur de nouvelles plates-formes de jeux, en particulier le mobile et les jeux en ligne.

Super Mario Bros, licence lancée en 1983, est l’un des jeux les plus populaires au monde. Au cours des dix dernières années, 8 jeux Super Mario ont été commercialisés, 4 Mario Kart et 20 autres jeux Mario (Mario Party, Mario Tennis Open…) lesquels ont généré plus de 1 million de jeux vendu chacun.

Super Mario Run, premier jeu lancé sur smartphone, a été téléchargé plus de 200 millions de fois. Mario n’est plus seulement un personnage de jeu, mais est devenu un des symboles du divertissement à la japonaise.

L’autre célèbre franchise de Nintendo est Pokemon, le premier jeu ayant été commercialisé en 1996. Seize jeux Pokemon ont enregistré plus d’un million d’unités vendues, devenant une application clef pour de nombreuses plates-formes. Pokemon Go a apporté une nouvelle expérience au joueur, à base de réalité augmentée (AR), et a été téléchargé plus de 800 millions de fois.

Nous pensons que le nombre de fans des grandes licences de jeu vidéo proposées par Nintendo va continuer de croître, ces franchises étant désormais accessibles sur un nombre croissant de plates-formes.

L’éditeur devrait être ainsi en mesure d’améliorer durablement sa rentabilité, laquelle dépendra 1) du nombre de consoles Switch vendues (lancée en mars 2017) et de sa capacité à répliquer le succès de la Wii ; 2) la capacité de Nintendo de maîtriser les coûts de fabrication et de proposer la Switch à un prix attractif ; 3) faire rapidement croître la base de joueurs sur smartphone et monétiser cette base sans affecter les revenus de ses activités plus traditionnelles.

Nous estimons la juste valeur de Nintendo à 49.000 yens par action. Notre scénario central intègre l’hypothèse de ventes de 100 millions de Switch (identique au succès de la Wii, qui s’est écoulée à 102 millions d’unités). Avec l’attractivité des jeux développés en interne, Switch a connu un très bon démarrage, et devrait attirer d’autres éditeurs de jeux pour enrichir son écosystème.

Même si Nintendo dispose d’un solide portefeuille de propriété intellectuelle et des franchises de jeux reconnues à travers le monde, nous n’attribuons pas de rempart concurrentiel à la société. Environ la moitié de son chiffre d’affaires provient de la vente de consoles de jeux, activité qui ne présente pas de rempart concurrentiel et évolue dans un univers très concurrentiel.

Depuis 2012, la rentabilité de Nintendo s’est détériorée, en partie en raison des choix faits autour de ses deux précédentes consoles, 3DS et Wii U, conçues pour apporter une expérience unique au joueur, mais qui rendaient difficiles la distribution de jeux d’éditeurs tiers et étaient proposées à des tarifs peu attractifs (par exemple 25.000 yens pour la 3DS contre 15.000 pour la Nintendo DS et 12.500 pour la Game Boy).

Historiquement, Nintendo a enregistré une marge d’exploitation comprise entre 15% et 30%, une fourchette large due au cycle de lancements de nouvelles consoles et à l’impact des changes.

Entre 2012 et 2014, le groupe a toutefois subi des résultats décevants, avec des pertes d’exploitation, liées au fiasco des consoles 3DS et Wii U. L’éditeur semble avoir retiré quelques leçons de ces erreurs en proposant la Switch à un niveau de prix plus attractif, tout en faisant en sorte qu’elle soit rentable au prix proposé.

A ce stade, nous ne pensons pas que Switch fera mieux que Wii, mais nous sommes plus confiants dans la capacité de l’entreprise de contrôler ses coûts.

 

Ce que les « Bulls » disent :

- La valeur des franchises de Nintendo ne s’est pas dépréciée, ce qui devrait aider à faire croître la base de joueurs.

- Les ventes de Switch devraient représenter un nouveau succès commercial, Nintendo ayant retenu un prix de vente relativement attractif.

- Nintendo est désormais concentré sur l’offre d’une expérience de divertissement centrée sur sa propriété intellectuelle, mais disponible sur un large nombre de plates-formes.

 

Ce que les « Bears » disent :

- Nintendo dispose certes de personnages/franchises de jeux célèbres, mais une part encore importante de ses ventes provient des consoles de jeux.

- Les utilisateurs pourraient se contenter des jeux sur smartphones, avec le risque de cannibalisation des revenus liés aux consoles.

- La concurrence dans l’industrie des jeux vidéo est très intense, ce qui oblige Nintendo à baisser ses prix de vente, avec le risque de peser sur sa rentabilité.

 

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A propos de l'auteur

Kazunori Ito  est analyste actions senior chez Morningstar.