Faire la différence entre investir et spéculer

Investir ou spéculer, il faut choisir. Encore faut-il savoir faire la distinction entre les deux.

Jocelyn Jovène 18.05.2015
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Le CAC 40 a pris 17% depuis le début de l’année. Pour de nombreux épargnants novices, cela peut être tentant. Mais cela peut aussi être une source de déconvenues.

Si vous achetez aujourd’hui un ETF en pariant sur une poursuite de la hausse des cours, vous spéculez. Si vous vous demandez s’il est raisonnable de vous exposer au risque « CAC 40 » aujourd’hui, vous êtes plutôt dans une démarche d’investisseur.

Pour faire la différence entre investissement et spéculation, il peut être utile de se rappeler ce qu’en disait Benjamin Graham, le mentor de Warren Buffett, dans l’un des livres les plus importants consacrés à l’investissement.

« Une opération d’investissement est de celles qui, après analyse approfondie, promettent une bonne garantie sur le principal ainsi qu’une rentabilité adéquate. Les opérations ne satisfaisant pas à ces critères seront considérées comme spéculatives. » (Nous avons souligné le passage en gras)

Graham ajoutait : « la spéculation n’est ni illégale, ni immorale, mais dans la majorité des cas elle ne nous enrichira pas. »

Car investir représente une forme de spéculation, si bien que pour Graham, toute personne qui souhaite investir doit in fine être en mesure de faire la différence entre « bonne » et « mauvaise » spéculation :

« La mauvaise spéculation consiste par exemple : 1) à spéculer alors qu’on pense investir, 2) à spéculer sérieusement alors qu’on n’a ni les connaissances ni les aptitudes pour le faire, 3) à risque plus d’argent sur un placement spéculatif qu’on ne peut se permettre d’en perdre. »

Warren Buffett explique régulièrement pourquoi les « leçons » de Graham sont si importantes : l’obsession de Graham était que toute personne qui investit (en Bourse, dans l’immobilier) ait toujours à cœur de protéger le capital engagé.

Pour se faire, Graham rappelait deux choses, fondamentales.

La première, c’est que le marché (boursier, immobilier…) est en proie à des phases d’euphorie et de déprime. Cette volatilité n’est pas une source de risque, mais au contraire, elle est une source d’opportunité.

La seconde, c’est qu’un investisseur, après un travail d’analyse sérieux, peut déterminer la valeur intrinsèque du bien ou du titre financier qu’il entend acquérir. Il ne lui reste plus qu’à attendre que le marché lui offre le prix raisonnable pour réaliser son investissement.

C’est en investissant de la sorte que Graham, puis Buffett et d’autres de leurs nombreux disciples, ont construit les historiques de performances les plus impressionnants sur longue période.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.