Crédit : le « tapering » pour septembre

Bien que les derniers indicateurs pointent vers une croissance molle, ils ne sont pas assez faibles pour dissuader la Fed de réduire ses achats d’actifs.

Dave Sekera, CFA 12.09.2013
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L’indice Morningstar US Corporate Bond Index a reculé de 0,9% en août et a perdu 3,54% depuis le début de l’année. La principale explication de cette baisse a été la hausse des taux d’intérêt. Le rendement du 10 ans américain a progressé de 16 points de base en août à 2,75% et a bondi de 100 points de base depuis fin 2012. Le 10 ans a atteint un plus haut de 2,92% mi-août mais a réduit ses pertes lorsque le S&P 500 a baissé.

Actuellement, nous pensons que le rendement du 10 ans américain est en bas de la fourchette que nous avions estimée en mai dernier et qu’il serait à sa juste valeur une fois que la Fed annoncerait son intention de réduire ses achats d’actifs (connu sous le nom anglais de « tapering »). L’écartement des spreads de crédit a également contribué aux pertes observées, mais à un degré bien moindre.

Le spread moyen sur les obligations privées américaines s’est écarté de 5 points de base durant le mois d’août à +150 et progresse de 10 points de base depuis fin 2012. Nous pensons que les obligations privées vont sans doute continuer de souffrir au cours des prochaines semaines, les investisseurs cherchant à anticiper quand, à quelle vitesse la Fed va réduire ses achats d’actifs et comment les marchés vont réagir.

Bien que le PIB du deuxième trimestre a été sensiblement revu à la hausse (de 1,7% à 2,5%), d’autres données économiques montrent une croissance toujours molle jusqu’ici au cours du troisième trimestre. Toutefois, nous ne pensons pas que de telles indications suffiront à empêcher le comité de politique monétaire de la Fed à commencer la réduction des achats d’actifs. La Fed risque de perdre en crédibilité si elle ne commence pas à réduire ses achats cette année. Elle avait indiqué qu’elle réduirait ses achats si les statistiques à venir étaient en ligne avec ses prévisions, et si les données publiées ne sont pas aussi robustes que prévu, elles continuent néanmoins d’indiquer une poursuite de la croissance. En outre, des recherches récentes ont montré que les achats d’actifs n’ont eu qu’une contribution marginale à la croissance réelle du PIB.

D’un point de vue technique, la Fed détient déjà un montant significatif de dettes à long terme, ce qui provoque une dislocation du marché du repo. Enfin, comme les besoins de financement des déficits du gouvernement américain diminuent, la Fed monétise une proportion croissante des émissions de dette. A moins que le rapport sur l’emploi attendu vendredi montre une chute (ce qui semble douteux étant donné la baisse des inscriptions hebdomadaires au chômage), septembre semble le mois le plus probable pour un début de « tapering ».

Un élément allant dans ce sens est le fait que la Fed publiera lors de sa réunion de septembre ses prévisions économiques et que le président de la Fed, Ben Bernanke, tiendra une conférence de presse pour détailler l’analyse du comité de politique monétaire et les modalités de son action future. Aucune prévision ou conférence de presse n’est prévue pour le comité d’octobre, ce qui signifie que la Fed ne sera pas immédiatement disponible pour expliquer son action en dehors d’une communiqué de presse généralement bref.

Une conférence de presse est prévue en décembre, mais elle est trop proche du terme du mandat de Bernanke (31 janvier 2014). Le comité pourrait hésiter à décider un changement trop significatif de politique peu avant la passation de pouvoir avec le successeur de Bernanke. Comme nous l’avions précédemment indiqué, nous continuons de penser que la Fed va réduire ses achats de 10 à 15 milliards de dollars par mois.

Au-delà de la Fed, la rhétorique politique a remonté d’un cran le mois dernier, accroissant potentiellement la volatilité du marché. Le gouvernement américain doit trouver un accord sur le financement du budget fédéral, l’année fiscale se terminant le 30 septembre et traiter le sujet du plafond de dette (« debt ceiling »), qui devrait être atteint courant octobre. L’échec à trouver un accord sur l’un ou l’autre de ces sujets pourrait relancer le spectre d’un arrêt partiel de l’activité gouvernementale.

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A propos de l'auteur

Dave Sekera, CFA  Dave Sekera, CFA, is chief U.S. market strategist for Morningstar.