Energies alternatives, un gisement à explorer

Le thème, porteur, est à la mode mais requiert une certaine discipline de la part de l’investisseur.

Facebook Twitter LinkedIn

Avec un gain d’à peine plus de 9% depuis le début de l’année alors qu’il a lâché 64,6% en 2008, les certains investisseurs iShare S&P Global Clean Energy se demandent si cela valait vraiment la peine de miser sur un fonds jouant le thème, certes prometteur, des nouvelles énergies.

La question est d’autant plus légitime dans le même temps les fonds actions françaises ont en moyennes repris 25% depuis le début de l’année, les fonds investis en grandes capitalisations de la zone euro 23%, les fonds actions américaines environ 20%, les fonds d’obligations privées en euro 14% en moyenne.

Certes dans le petit univers des fonds de la catégorie Energies Alternatives certains ont mieux bien profité de la reprise des marchés depuis le mois de mars. C’est le cas notamment du fonds suisse SAM Smart Energy de la société de gestion SAM (Sustainable Asset Management) : il a pris 50% depuis le début de l’année. Mais il est vrai qu’il avait en 2008 abandonnée plus de 55%...

Attention à la volatilité

Ce fonds est en fait à l’image de sa catégorie, il présente une forte volatilité et les investisseurs tentés de profiter de ce thème d’investissement doivent s’attendre à connaître de fortes amplitudes. Le Smart Energy affiche même une volatilité supérieure à moyenne de sa catégorie. Mais ce qui peut être considéré comme un inconvénient est pour parti compensé par un rendement attractif : 4,22% par an sur 3 ans, soit 6,69% de mieux que la moyenne de la catégorie. Et 9,66% par an sur 5 ans.

Autre caractéristique représentative de ce fonds, il investit essentiellement sur des petites et moyennes capitalisations boursières. La Boîte de Style du fonds affiche un profile Moyennes Capitalisation de type Croissance, comme la majorité des fonds de la catégorie à quelques rares exceptions telles que le Credit Suisse Future Energy. La capitalisation moyenne des actifs devenus par ce fonds est de 6 milliards d’euros, contre 1,3 milliard d’euros pour le fonds Sam Smart Energy.

La volatilité de ce dernier ne l’a pas empêché de se voir crédité d’une notation « Supérieur » par l’équipe de recherche qualitative de Morningstar. Simon Nöth, qui a conduit les analyses et les entretiens sur ce fonds, apprécie la rigueur du processus de gestion et le fait que les gérants sont très bien informés, "à fin août, le fonds comptait près de 14% de valeurs chinoises. Ils ont été parmi les premiers à se positionner sur ce marché et à profiter des perspectives qu’il offre".

Poids marginal

Si le gisement des entreprises du secteur énergie renouvelable est pour l’essentiel composé de petites et moyennes valeurs offrant un profil croissance, sa répartition géographique en revanche se révèle bien diversifié avec bien sûr des entreprises occidentales mais aussi des acteurs des marchés émergents qui entendent bien profiter du développement de ces énergies alternatives.

Il suffit pour s’en convaincre d’observer la structure de l’indice S&P Global Clean Energy qui sert entre autres de support au tracker iShare. Cet indice d’une trentaine de lignes compte certes une forte proportion de valeurs de marchés développées (23% de valeurs américaines telles que First Solar, 33% des actifs en zone euro avec par exemple l’espagnol Iberdrola Energias Renovables), mais il compte aussi des actifs de marchés émergents comme l’Amérique Latine (10%) ou l’Asie Emergente (16%). Cet indice n’intègre que des valeurs ayant une capitalisation boursière minimum de 300 millions de dollars, et il est rebalancé tout les trimestres affin d’éviter qu’une ligne ne pèse plus de 5%.

De son coté l’indice WilderHill Clean Energy qui sert de support à l’ETF PowerShares éponyme offre une base sensiblement plus large avec quelque 80 lignes mais une moindre diversification géographique. L’indice s’intéresse aux producteurs d’équipements et de technologies pour les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien mais aussi le transport d’énergie, le stockage, etc. Une diversification qui n’a pas empêché le PowerShares Clean Energy de lâcher près de 52% en 2008…

Plusieurs facteurs militent sur le long terme en faveurs des énergies alternatives. Les prix du pétrole d’abord, car bien que l’on se soit pour l’heure éloigné des plus hauts de l’été 2008 ou le baril fleuretait avec les 150 dollars, les cours sont structurellement tirés soutenus sur le long terme. Il y a la contrainte environnementale d’autre part, avec des particuliers de plus en plus soucieux de limiter leur empreinte écologiques et des incitations gouvernementales allant dans ce sens. Outre l’aspect écologique les gouvernements y voient le moyen de soutenir leurs champions locaux dans ce secteur, et peut-être aussi le moyen de contribuer à réduire, même modestement, la dépendance énergétique.

Sur le court terme, le thème des énergies renouvelables est susceptible toutefois de se révéler risqué. Les fonds de cette catégorie peuvent afficher une volatilité importante et quelque soit le talent des gérants et leur capacité à sélectionner des valeurs de qualité, on ne peut pas exclure que ne finisse par se former dans cette industrie, compte tenu des niveaux de valorisation atteints, une bulle spéculative comme on en a connu une avec les nouvelles technologies en tournant du siècle. En conséquence, ce thème s’adresse à des investisseurs ayant une bonne tolérance au risque et capables de n’y affecter qu’une part marginale de leur épargne.

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.