Taux américains, ne pas s’arrêter à la devise

Gérante du fonds US Dollar Active Income, et responsable du département taux courts, Suzanne Chapman explique pourquoi elle demeure confiante sur les taux américains.

Facebook Twitter LinkedIn

N’est-il pas difficile de gérer un fonds obligataire plutôt orienté sur les taux court alors que précisément le patron de la Fed, Alan Greenspan, relève régulièrement les taux directeurs ?

Rappelons d’abord que ce fonds s’adresse aux investisseurs qui souhaitent prendre une exposition aux marchés obligataires américains à duration courte avec une gestion active. Au cours des derniers mois, nous avons connu une croissance économique relativement modéré, avec des taux d’intérêt courts qui ont continué à monter en début d’année et donc une courbe des taux qui s’est aplatie. Dans ce contexte, les produits à taux variables sont ceux qui affichent les meilleurs comportements

En ce qui concerne l’avenir nous nous attendons à ce que l’économie continue à enregistrer une croissance modérée et à ce que la Fed poursuive sa politique de resserrement monétaire avec des nouvelles hausses de taux. Par conséquent, il faut s’attendre à ce que les taux courts poursuivent leur hausse avec corrélativement une courbe des taux de plus en plus aplatie. Le marché semble avoir déjà intégré cette évolution et en terme de gestion nous privilégions toujours les produits à taux variable plutôt que les taux fixes.

Comment dans ce contexte se construit et se gère un fonds investis sur les taux courts ?

Les portefeuille taux courts ont généralement des actifs de duration moyenne faible bénéficiant d’une bonne qualité de crédit et d’une bonne liquidité, cela comprend aussi bien des obligations d’Etat que d’agences gouvernementales, des emprunts bénéficiant d’un adossement hypothécaire ou encore des produits monétaires.

Bien sûr la duration est importante, c’est un choix de base sur ce type de fonds. Mais nous prenons aussi en considération l’évolution de la courbe des taux, la qualité de crédit bien sûr, et aussi le secteur d’activité de l’émetteur.

C’est 4 aspects ne sont pas abordés de la même façon : nous avons une approche de type top-down en ce concerne l’analyse de la courbe des taux et le choix des durations pour la construction du portefeuille. A partir de là se déterminent les préférences sectorielles. En revanche, nous avons une approche résolument bottom-up pour la sélection des émetteurs.

Dans le cadre du fonds Active, nous visons à superformer l’indice Merril Lynch Libor 3 mois en privilégiant des durations de 3 à 4 mais, même si nous nous autorisons à aller de 0 à 1 an. Notre objectif est de faire 50 points de base de mieux que le benchmark

Quel est l’intérêt pour des investisseurs internationaux d’aller sur ce type de produits alors que le dollar ne cesse de reculer face à l’euro ?

Je ne pense pas que le recul du dollar soit un problème en soi, cela dépend d’une part de la période considérée et du type d’investisseur. Pour un investisseur européen, s’il s’agit d’un investisseur institutionnel, il est difficile de ne pas prendre en considération les devises internationales comme la livre sterling ou le dollar. Clairement, pour les investissements internationaux la devise de travail demeure essentiellement le dollar même si on dit que c’est de moins en moins le cas.

Concernant l’évolution de la parité entre le dollar et l’euro, je pense qu’il faut prendre en considération les fondamentaux. Les Etats-Unis enregistrent une vraie croissance avec une économie solide, et le pays dispose d’une politique monétaire très réactive et adaptée.

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.