Les fonds éthiques répondent à une véritable attente

Issu du monde anglo-saxon, le marché des fonds éthiques se met en place en France. C’est la conviction de Vincent Auriac, gérant du fonds Plurial Ethique.

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Vous gérez un fonds éthique, quelle acception donnez-vous à ce terme ?

L’usage du terme « éthique » est assez abusif en France dans la mesure où les fonds éthiques correspondent souvent à une vision assez personnelle de leurs promoteurs.

Historiquement, les fonds éthiques étaient de fonds faits « à la demande », à l’origine pour des congrégations religieuses dans un environnement surtout anglo-saxon. Aujourd’hui, ces fonds sont plutôt conçus par des sociétés de gestion et c’est l’offre qui guide le marché.

Avec la Guerre du Vietnam et l’Apartheid en Afrique du Sud sont apparus aux Etats-Unis des fonds socialement responsables au début des années 70. Puis avec les grandes conférences internationales comme celle de Rio les années 90 ont vu naître les fonds liés à l’environnement et à sa préservation.

A la fin des années 90 naissent les fonds emploi, une thématique assez française et européenne, investis sur des sociétés qui créaient des emplois. Dans cette logique, on privilégiait plutôt des valeurs de croissance comme L’Oréal ou Carrefour par exemple.

Sur quelle logique est basée votre fonds de fonds ?

A l’époque où notre fonds de fonds Plurial Ethique a été créé, en 1995, il n’existait pas grand chose sur le marché français et nous nous sommes tournés vers les marchés étrangers, en particulier américains où il existe des fonds éthiques depuis le début des années 30.

Comment sélectionnez-vous les fonds ?

Nous sommes attentifs à toutes les générations de produits. Nous regardons comment le gérant sélectionne les valeurs qu’il met en portefeuille, ses engagements et ses convictions, et bien évidemment la performance de son fonds.

En 95, on avait peu de moyens pour repérer les bons élèves. Arèse s’est créé en 1996 et nous en sommes devenus client dès 1997. Il s’agit d’une boite à outils qui offre 5 critères d’appréciation que l’on peut pondérer.

Concrètement, quels sont les fonds dans lesquels vous investissez ?

Notre première ligne, Storebrand Principle Global Fund, est un fonds géré par l’assureur norvégien Storebrand qui est très impliqué dans l’environnement et le développement durable. Ce fonds est une des références au niveau international.

Actiprimes Obligations fait partie de la catégorie des fonds obligataires éthiques. Une population très peu développée tant en France qu’à l’étranger. Domini Social Equity est un fonds éthique américain…

Vous disposez en portefeuille de titres Danone dont spontanément on ne perçoit pas bien en quoi il s’agit d’une valeur éthique…

Danone est une valeur qui a été sélectionnée à partir de la base Arèse où elle compte parmi les 3 ou 4 meilleures notes.

Lorsque a eu lieu l’annonce d’un plan de licenciement en février dernier, plusieurs souscripteurs ont réagi et nous ont demandé ce que nous comptions faire. La réponse d’Arèse à l’époque était que l’on manquait de d’informations, et la société a été mise sous surveillance. Le programme de Danone avait un sens industriel et les mesures d’accompagnement nous ont paru à la hauteur.

Le point qui nous a semblé le plus délicat est que l’entreprise a attribué dans le même temps des stocks options à un millier de cadres, dont dans le secteur biscuit. Nous avons soulevé cette question et voté contre cette résolution à l’Assemblée Générale.

Est-ce que vous ne craigniez pas que les fonds éthiques représentent un phénomène de mode ?

Non, nous sommes convaincus qu’il s’agit d’un phénomène de fonds qui correspond à des attentes de plus en plus fortes chez les investisseurs, même si ce marché se met encore en place en France alors qu’il est bien plus développé dans le monde anglo-saxon.

L’éthique répond à une véritable attente. D’ailleurs la loi NRE [Nouvelle Régulation Economique, NDLR] fait obligation aux entreprises à partir de 2002 de publier un bilan environnement et social dans leur rapport annuel.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.