Fonds Amérique Latine : un potentiel inexploré

Touchés par la crise argentine et un environnement économique mondial incertain, les fonds investis en Amérique latine gardent le cap. Ils présentent toutefois de fortes disparités…

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Une baisse de près de 10%, c’est la performance moyenne enregistrée depuis le début de l’année par les fonds composant la catégorie Actions Amérique Latine de Morningstar. Rappelons que dans le même temps, l’indice MSCI Latin America lâchait lui plus de 13% et que l’indice CAC 40 abandonnait quelque 22%.

Alors que la région est secouée par la crise argentine dont le Gouvernement pourrait bien se trouver en cessation de paiement, alors que le Mexique est durement touché par la baisse de la consommation et des investissements industriels de son voisin du Nord, alors que le Brésil doit faire avec une inflation vivace, les fonds investis en Amérique du Sud gardent la tête, relativement, hors de l’eau.

Des actions avant toute chose

Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Les gérants qui ont su rester à l’écart des marchés d’emprunt s’en félicitent aujourd’hui. Certes plusieurs pays ont pu émettre par le passé des dettes dont les taux nominaux paraissaient attractifs, mais on n’était pas loin en réalité de « junk bonds ».

C’est le cas notamment des emprunts argentins qui sont aujourd’hui de véritables « obligations pourries » : le Gouvernement propose à ses créanciers une renégociation de ses dettes essentiellement fondée sur un étalement des remboursements et… une révision à la baisse des taux d’intérêt.

Quant aux gérants qui se sont portés acheteurs d’actions sur les bourses locales, ils ont pu entrer, pour certains d’entre eux, sur des marchés qui avaient déjà intégré les mauvaises nouvelles : sur une année glissante, ces fonds Amérique Latine accusent un recul de près de 20%. Ce qui signifie qu’ils avaient connu une forte baisse au cours du dernier trimestre 2000.

Diversification sectorielle

Les fonds qui ont le mieux performé au cours des 3 dernières années, notés 5 et 4 étoiles, ont essentiellement un style « value ».

C’est le cas notamment du fonds Lion Fortune Latin America Equities de Crédit Lyonnais Asset Management. Ce fonds d’une centaine de lignes présente un fort écart-type de 40%, guère supérieur toutefois à la moyenne de la catégorie qui s’établit à 36%.

Le fonds a réussi à réaliser une belle diversification sectorielle : pas exposé sur le front des valeurs technologiques, qui ne sont pas il est vrai une des spécialités de la région, il a joué la diversification entre valeurs énergie, finance, les services, et les biens de consommation dans une moindre mesure.

Masse critique

Plus qu’ailleurs sans doute, la diversification s’impose dans cette région. Avec des performances remarquables en 1999, le fonds ABN Amro Brazil Equity Fund n’est crédité aujourd’hui que de 3 étoiles.

Il est vrai que ce fonds compte un nombre de lignes limité (28 lignes dont les 10 premières représentent 54% de ses actifs) avec une sensible exposition au secteur des services qui représente près d’un tiers de ses actifs. Résultat, le fonds est très sensible aux à-coups de la conjoncture et affiche un écart-type de 51%.

Une bonne diversification sectorielle et risque-pays apparaît comme une des clés du succès pour profiter d’une région qui travers quelques trous d’air mais qui dispose aussi d’industries solides.

A noter enfin que nombre de fonds de la catégorie Amérique Latine présentent de faibles actifs nets, parfois moins d’une dizaine de millions de dollars. Manque d’intérêt des investisseurs ou d’imagination des gérants ? Toujours est-il que ces faibles encours ne permettent pas de réaliser une pleine stratégie de diversification…

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.