Les actions mondiales se sont redressées en mai, principalement sous l’effet d’une résurgence des actions américaines à la suite d’un nouvel accord commercial entre les États-Unis et la Chine.
Les indices européens ont également bénéficié du dégel des relations entre les États-Unis et la Chine, certains des secteurs les plus touchés en avril faisant leur retour, notamment la technologie, l’énergie et le luxe. Sur un mois, du 14 avril au 15 mai, l’indice Morningstar Europe est en hausse de près de 10 % en euros.
Michael Field, stratège en chef de Morningstar pour les marchés européens, estime que cette reprise n’en est qu’à ses débuts : “L’accord entre les États-Unis et la Chine prévoit des taxes à l’importation de 30 % sur les produits chinois, ce qui pourrait encore freiner les flux commerciaux. L’UE n’a même pas commencé les négociations avec les États-Unis, et si nous obtenons quelque chose comme l’accord avec le Royaume-Uni, ce sera une mauvaise nouvelle.
Voici quelques-uns des premiers gagnants de la reprise européenne, avec des chiffres couvrant les cinq derniers jours de bourse, jusqu’au 14 mai.
Les actions ASML et Infineon progressent grâce à la reprise de la technologie
Les actions technologiques se sont redressées au niveau mondial, ce qui a stimulé les actions européennes. Le secteur technologique est le plus performant, avec un rendement de 6,43 % sur une semaine en euros.
Le géant néerlandais des semi-conducteurs ASML a été durement touché par la chute du mois d’avril, mais ses actions ont continué à progresser depuis que l’administration Trump a annoncé des exemptions de droits de douane pour les smartphones, les ordinateurs et d’autres produits électroniques.
Les actions d’ASML ont augmenté de 10% au cours des cinq derniers jours, mais depuis le début de l’année 2025, elles ont baissé de 18%.
L’action est considérée comme sous-évaluée par Morningstar. Malgré des chiffres inférieurs aux attentes pour le premier trimestre, l’analyste Javier Correonero estime que les investisseurs ne devraient pas prendre de décisions à long terme sur la base des commandes trimestrielles.
“Dans un environnement très incertain, les investisseurs tentent de déterminer si les tarifs douaniers mondiaux entraîneront une récession mondiale et quelle pourrait en être l’ampleur. ASML a reconfirmé ses prévisions de revenus de 30 à 35 milliards d’euros pour 2025, mais les investisseurs commencent déjà à se pencher sur 2026.”
ASML se négocie actuellement à 685 euros, en dessous de l’estimation de juste valeur de Morningstar, qui est de 850 euros.
L’entreprise allemande de solutions de semi-conducteurs Infineon Technologies IFX a également progressé au cours des cinq derniers jours, avec une hausse de 12 % de ses actions. Depuis le début de l’année 2025, les actions de la société sont en hausse de plus de 10%. Le titre se négocie actuellement autour de 34 euros, en dessous de l’estimation de juste valeur de Morningstar qui est de 43 euros.
Rebond des valeurs du luxe
Après la technologie, le secteur de la consommation cyclique a enregistré une hausse de 6,17 % et, au sein de ce groupe, les valeurs de luxe ont été les principales bénéficiaires. Les investisseurs ont évalué les implications d’une éventuelle détente entre les États-Unis et la Chine sur le secteur du luxe, qui est fortement exposé à la région Asie-Pacifique.
La marque de luxe britannique Burberry BRBY, sous pression, a vu le cours de son action s’envoler ces derniers jours, avec une hausse de plus de 16 % le 14 mai, après la publication de ses résultats et de ses plans de réduction des coûts. Sur cinq jours, le cours de l’action a augmenté de 30 %.
La hausse du cours de l’action intervient malgré des résultats annuels décevants : Burberry a annoncé une perte avant impôts de 66 millions de livres sterling, contre un bénéfice de 383 millions de livres sterling au cours des 12 mois précédents.
Pour Jelena Sokolova, analyste chez Morningstar, les fruits de la stratégie de redressement de Burberry initiée par Joshua Schulman, récemment nommé PDG, ne sont pas encore visibles. Mais elle pense que Burberry va dans la bonne direction.
“Bien que le redressement puisse être retardé par des conditions de marché difficiles, nous pensons que Burberry poursuit la bonne stratégie en se concentrant sur l’offre principale, où la marque est différenciée et forte avec un positionnement prix plus cohérent. Les redressements réussis (Pandora en 2018 en est un exemple) commencent souvent par un recentrage sur la force principale de la marque.”
Burberry est un titre 5 étoiles, qui se négocie à 947,70 pence en dessous de son estimation de juste valeur de 13,30 £.
LVMH MC a également vu le prix de son action augmenter de 7,60 % au cours des cinq derniers jours. LVMH a récemment perdu sa couronne de plus grande société de luxe européenne en termes de capitalisation boursière au profit d’Hermès RMS, et les actions ont perdu plus de 17% depuis le début de l’année, alors que certaines parties du secteur du luxe restent dans le marasme. Cependant, à long terme, l’analyste Morningstar Jelena Sokolova est optimiste sur LVMH en raison de la force de sa marque.
“Dans le domaine de la mode et de la maroquinerie, les actifs incorporels de LVMH sont soutenus par la marque Louis Vuitton, vieille de plus de 100 ans et mondialement reconnue. Dans le domaine des vins et spiritueux, LVMH bénéficie d’une forte part de marché et de la reconnaissance de sa marque dans une niche de marché très prisée. Dans le reste de ses activités, le groupe LVMH est moins présent, mais possède encore plusieurs marques fortes, telles que Dior et Guerlain dans le domaine des parfums et Bulgari et Tiffany dans celui de la bijouterie de marque”, précise-t-elle.
LVMH 4 étoiles est considéré comme sous-évalué par Sokolova se négociant à 522 euros, en dessous de l’estimation de juste valeur de Morningstar de 620 euros.
Les actions européennes dans le secteur de l’énergie augmentent en raison de la hausse des prix du pétrole
L’énergie européenne a été le troisième secteur le plus performant sur une période d’une semaine. Les valeurs énergétiques ont été ébranlées par la chute des prix du pétrole en raison des craintes que les tarifs douaniers de Trump n’entraînent une récession mondiale. Le pétrole brut Brent se négocie actuellement à 66,25 dollars le baril, contre 60 dollars la semaine dernière.
Le géant pétrolier britannique BP a vu le cours de son action bondir de 7,48 % au cours des cinq derniers jours. Cependant, l’action fait l’objet de rumeurs de rachat par des rivaux intéressés par l’achat de la société à un prix réduit en raison de la faiblesse du cours de l’action.
Après la publication des résultats trimestriels le 29 avril, Allen Good, directeur de la recherche sur les actions chez Morningstar, a déclaré que l’action se trouvait dans une position vulnérable.
“La réinitialisation stratégique de BP est peut-être arrivée trop tard. Contrairement à Shell, qui l’a fait il y a deux ans et qui a ensuite connu une période de prix élevés, BP est aujourd’hui confrontée à une baisse des prix. Son plan pour 2025 a été élaboré sur la base d’un prix de 71,5 dollars le baril, ce qui est bien supérieur aux niveaux actuels.
“Les actions semblent bon marché, mais c’est le cas depuis un certain temps. Les entreprises comparables qui ont des bilans plus solides et qui peuvent maintenir les paiements dans un cycle baissier sont plus attrayantes, même si la décote est moins importante. Le fait que BP maintienne ses rachats dans le bas de la fourchette, après avoir réduit les paiements en février, démontre sa vulnérabilité.”
BP est considérée comme sous-évaluée selon Morningstar, car elle se négocie en tant qu’action 4 étoiles. Son cours est actuellement d’environ 380 pence, ce qui est inférieur à l’estimation de juste valeur de Morningstar, qui est de 511 pence.
La compagnie pétrolière espagnole Repsol REP est également en hausse d’environ 7 % au cours des cinq derniers jours, bien qu’elle soit en baisse d’environ 1 % depuis le début de l’année.
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