Berkshire Hathaway : des milliards à dépenser, mais comment ?

Le groupe de Warren Buffett accumule une trésorerie pléthorique trimestre après trimestre. Nous examinons les différentes options qui se présentent à l’entreprise.

Jocelyn Jovène 17.05.2018
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Berkshire Hathaway (BRK) est une entreprise de plus en plus riche. Malgré la volatilité des résultats liée à la mise en place de nouvelles normes comptables aux Etats-Unis, le groupe dirigé par Warren Buffett et Charlie Munger n’a pas réalisé d’acquisition majeure récemment et disposait de 108,6 milliards de dollars de trésorerie disponible sur son bilan au 31 mars 2018.

Morningstar estime que les nombreuses activités contrôlées par la holding (voir plus bas) devraient générer 5 à 10 milliards de dollars de flux de trésorerie disponible (le cash disponible après financement des investissements ou « free cash-flow ») par trimestre.

Ainsi, au cours des cinq prochaines années, la trésorerie de BRK pourrait atteindre 150 milliards de dollars. Un montant difficile à justifier même pour des investisseurs aussi avisés que Warren Buffett et Charlie Munger (la première question posée à l’AG 2018 de BRK faisait indirectement allusion à ce sujet en évoquant le rôle que Buffett joue désormais à la tête de la holding).

Peu d’acquisitions ont été réalisées, malgré de nombreuses opportunités, selon la dernière lettre aux actionnaires publiée par Warren Buffett. La raison : des prix trop élevés.

En dehors de quelques investissements dans des valeurs phares de la cote américaine (Apple en particulier), le groupe a peu investi.

Quelques sont les autres options ? BRK étant peu endetté, restent des rachats d’actions et le versement d’un dividende. Ces deux options sont « illusoires », selon Greggory Warren de Morningstar.

Jusqu’ici, les rachats d’actions ont toujours respecté la règle (imposée par Buffett) de ne pas dépasser un multiple de 1,2 fois la valeur d’actif net par action de l’entreprise (211,184 dollars au 31 mars 2018 contre un dernier cours de clôture de 296,300 dollars, soit 1,4x l’actif net).

L’option du dividende a toujours été exclue, et approuvée par les actionnaires, au regard de la capacité des deux dirigeants de déployer très habilement le capital à leur disposition – ce qui a d’ailleurs permis à l’entreprise d’aller à contre-courant des marchés et de saisir de belles opportunités au fil des années.

Mais cette logique, aussi rationnelle soit-elle, pourrait atteindre ses limites selon Warren.

Au cours des dix dernières années, la holding a rendu 1,3 milliard de dollars aux actionnaires sous forme de rachats d’actions. « En l’absence d’acquisition majeure, nous pensons que la société va rendre davantage d’argent aux actionnaires. Si les rachats d’actions restent l’option préférée, il est possible qu’un dividende spécial soit une pilule amère que Buffett devra avaler à court ou moyen terme », ajoute l’analyste de Morningstar dans une étude datée du 15 mai.

Au cours actuel, l'action BRK est légèrement sous-évaluée. Morningstar estime la valeur intrinsèque du titre à 330.000 dollars pour les actions A et 220 dollars pour l'action B.

Evolution du cours de Bourse et juste valeur

BRK 

Pour aller plus loin

Revoir l’assemblée générale de Berkshire Hathaway.

Berkshire Hathaway emploie 377.000 salariés à travers le monde, en grande partie aux Etats-Unis.

La holding contrôle une multitude d’intérêts dans des secteurs aussi divers que l’assurance (GEICOUSIC, Applied Underwriters, MedPro Group) et la réassurance (Berkshire Hathaway Reinsurance Group, National Indemnity Company, General Re), le transport ferroviaire (BNSF), les services collectifs (PacifiCorp, MidAmerican Energy, NV Energy, AltaLink), l’industrie (Lubrizol, IMC, Precision Castparts, Marmon Holdings, CTB International, Shaw Industries, Johns Manville, MiTek Industries, Benjamin Moore, Acme Brick), les biens de consommation (Fruit of the Loom, H.H Brown Shoe, Forest River, Duracell), les services (McLane, FlightSafety International, NetJets, TTI, International Dairy Queen) ou la distribution (Nebraska Furtniure Mart, R.C. Wiley Home Furnishings, Borsheim Jewelry Company, See’s Candies, The Pampered Chef, Oriental Trading Company) et les produits financiers (Clayton Homes, UTLX).

En 2017, la holding a publié un chiffre d’affaires de 242 milliards de dollars (contre 182,4 milliards en 2013) et dégagé un bénéfice net de 44,9 milliards de dollars (contre 19,5 milliards de dollars en 2013).

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.