RF Research: la bonne décision

Alors que le marché table désormais pour une hausse des taux en décembre, celle-ci porurait être repoussée à l'année prochaine, selon Véronique Riches-Flores.

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Cet article fait partie de la série "Perspectives", qui regroupe des contributions externes à Morningstar. Le texte qui suit a été rédigé par Véronique Riches-Flores, Présidente de RF Research, un cabinet d'analyse et de conseil indépendant. 

La bonne décision !

En laissant le niveau de ses taux directeurs inchangés, la Fed a pris la bonne décision, la seule en phase avec la situation économique et financière internationale actuelle. N'en déplaise aux "optimistes" convaincus que la situation est revenue à la normale, le communiqué de la Fed est "bearish". De ses prévisions économiques on retiendra la révision à la baisse de son scénario de croissance à moyen terme, plutôt que la légère révision à la hausse de sa prévision pour 2015, et la révision à la baisse du scénario d'inflation, en particulier le maintien d'une inflation inférieure à l'objectif officiel de 2% avant 2018.

Janet Yellen rappelle que la Fed considère qu'il lui faut plus de temps avant de relever le niveau de ses taux d'intérêt dans un environnement économique incertain, précisant notamment que la hausse du dollar, les perturbations financières et la chute des cours du pétrole allaient peser sur la croissance américaine dans le futur.

Quite bearish Janet !

En d'autres termes, la Fed n'est pas prête à changer son fusil d'épaule d'ici peu. Son communiqué, tout autant que la prestation de Janet Yellen devant la presse, semblent bel et bien fermer la porte à l'éventualité d'une hausse des taux d'ici la fin de l'année.... J. Yellen allant jusqu'à évoquer la possibilité de reconsidérer de nouveaux moyens de soutenir l'activité en cas de déceptions à venir sur la croissance (conférence de presse).

Cette décision prend à contre-pied bon nombre d'anticipations, elle devrait en conséquence susciter d'importants changements:

1- sur les marchés des changes - avec une baisse du dollar probablement significative, tout au moins suffisante pour pousser la BCE et la BoJ à réagir. Il s'agit d'un relatif soulagement pour les devises des pays émergents les plus fragilisées (real brésilien  et autres devises des gros exportateurs de pétrole émergents et autres- CAD, AUD). Le repli du dollar risque, à l'inverse, d'exacerber les tensions déflationnistes en Asie; une source de pressions à la baisse et de montée des anticipations de dévaluation supplémentaire du yuan chinois.

2- sur les marchés de taux - avec un mouvement de retrait probablement marqué sur les taux à 2 ans mais également les échéances plus longues du marché américain. Alors que le rendement des T-Bonds est tout juste à 2,20 % au moment ou nous écrivons, la probabilité d'une baisse vers, voire en deçà, de 2% s'accroît. Le mouvement affectera vraisemblablement le marché européen en réaction à la hausse de l'euro et les anticipations d'une extension du QE de la BCE.

3- sur les marchés de matières premières, la prudence de la Fed n'étant guère favorable aux prix du pétrole, tandis que l'éloignement des perspectives de hausse des taux dans un environnement financier très perturbé devrait soutenir le cours des métaux précieux.

4- sur les marchés d'actions, ces derniers risquant d'être tiraillés entre d'une part l'évacuation du risque de hausse des taux et de l'autre, la réalité de la situation économique telle que décrite par Janet Yellen. Le ton "bearish" pourrait l'emporter dans un contexte où la baisse du dollar et les perturbations qu'elle signifie pour le reste du monde risquent de peser sur les marchés européens, nippons et asiatiques.

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A propos de l'auteur

Véronique Riches-Flores

Véronique Riches-Flores  Présidente de RF Research, cabinet indépendant d'analyse économique et financière.