Patrimonia: les "UC" gagnent du terrain

Des épargnants moins frileux et des CGP plus optimistes profitent au développement des solutions patrimoniales.

Jean-François Bay 17.09.2015
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62% des conseillers anticipent une période faste : Le moral des conseillers financiers s’améliore

L’enqûete réalisée par Morningstar en partenariat avec Infopro à l’occasion du Forum Patrimonia 2015 a pour objectif principal depuis 4 ans de mesurer le moral des conseillers financiers.

Dans la dernière édition, on constate une amélioration progressive du moral des conseillers financiers ces dernières années avec une accélération cette année. En effet, 62% des conseillers interrogés anticipent une période faste voire très faste contre 54% l’année dernière. Pour information, ils n’étaient que 35% à être positifs en 2012. La période s’annonce comme porteuse pour la profession.

L’amélioration de la conjoncture, les marchés financiers et la fiscalité sont les principaux soutiens de l’activité des conseillers financiers

Lorsque l’on regarde de plus près les raisons qui expliquent la croissance de l’activité des conseillers, plusieurs facteurs contribuent positivement :

-      Des éléments cycliques devraient soutenir l’activité des conseillers financiers comme l’amélioration de la conjoncture ou la santé financière des clients (de 7% à 10%) ou encore les marchés financiers (de 13% à 17%).

-      D’autres éléments plus structurels profiteront à la profession : La fiscalité passe de 11% à 15% et reste un moteur pour développer l’activité en France (conseil, défiscalisation…). Les grands réseaux bancaires (de 4% à 9%) sont aussi considérés plus comme un soutien qu’un concurrent permettant aux conseillers de mettre en avant leurs qualités : indépendance, conseil, suivi personnalisé…

-      En revanche, la réglementation représente toujours le frein majeur pour la profession et reste au cœur des préoccupations même si ce sentiment négatif s’atténue (de -45% à -33%).

Des épargnants moins frileux, demandeurs de solutions patrimoniales plus flexibles

Alors qu’une forte majorité des conseillers (75%) considéraient leurs clients comme méfiants et prudents en 2012, cette partie est maintenant minoritaire (35%). Cette diminution de l’aversion aux risques est tendancielle sur les quatre dernières années. Elle profite au camp des plus confiants qui double sur une année (de 5% à 10%) mais surtout au camp des clients recherchant des solutions flexibles.

L’assurance vie en UC est plus que jamais le cœur des solutions patrimoniales

Alors que depuis 4 ans l’Immobilier est le grand perdant des propositions réalisées par les conseillers financiers avec une baisse de 36% à 29% (car l’Immobilier est déjà très représenté dans le patrimoine des ménages et ne répond pas au besoin de flexibilité et de liquidité des épargnants français), c’est l’Assurance vie en UC qui ressort gagnante avec une montée de 22% à 30%. On note une forte baisse des contrats en euros de 16% à 10% sur cette dernière année.

Dans les propositions financières, les fonds diversifiés ont le vent en poupe

Lorsque les conseillers proposent des solutions financières, les allocations sont principalement composées d’Actions à 28%, de Stratégies de Crédit à 24% (Convertibles, Crédit, High Yield…) et de fonds Diversifiés à 21%.  On note un fort succès pour les fonds diversifiés (de 13% à 21%). En effet, dans un environnement difficile, et alors que les conseillers recherchent des solutions flexibles, déléguer l’allocation à des experts semble judicieux. Sur les Actions, on note un effondrement du poids des pays émergents dans les allocations. De même, sur les Obligations, on note une baisse du poids de ces stratégies (en raison des rendements bas et du risque de remontée des taux à moyen terme). En retraitant les fonds diversifiés entre Actions et Obligations, on se retrouve schématiquement avec une allocation type composée environ de 40% d’Actions, de 40% d’Obligations et de 20% de stratégies satellites (fonds alternatifs, non coté, produits structurés, or…). Le traditionnel « 50/50 » laisse la place au « 40/40/20 ».

Les conseillers financiers utilisent de plus en plus les ETF

Après avoir défini les allocations, lors que l’on passe à la sélection des fonds, les conseillers utilisent tous les styles de gestion à leur disposition : Gestion indicielle, active, alternative, structurée… Le style privilégié par les conseillers rste la gestion très active & flexible (à 24%). On note une montée en puissance de la gestion passive (ETF) qui passe en 3 ans de 6% à 10%, au détriment des gestions benchmarkée à faible tracking error (qui baisse de 28% à 20%). Avec l’évolution de la réglementation (fin des rétrocessions, facturation sous forme d’honoraires) et afin de s’exposer à un marché rapidement à moindre frais, l’ETF représente l’outil idéal pour les conseillers financiers.

Les investissements dans la technologie augmentent de 29% à 37%

Pour accompagner leur croissance et profiter d’une période plus faste, le nombre de conseillers déclarant augmenter leurs moyens humains croit régulièrement sur 4 ans (de 19% à 23%). Plus significative est l’augmentation des moyens techniques et technologiques (de 29% à 37%). En effet, les missions proposées par les conseillers financiers font souvent appel au traitement de données chiffrées (audit de portefeuille, reporting consolidé, analyses de produits financiers…). L’apport de la technologie est donc essentiel pour beaucoup de conseillers qui, souhaitant rester indépendants, doivent investir. Les principaux avantages citées sont le gain de temps (29%) et le gain en pertinence (27%) afin de pouvoir réaliser des analyses encore plus détaillées et plus pointues. Les avantages commerciaux ne sont pas neutres afin de développer leur cabinet : Gain en visibilité (18%) et en prospection de nouveaux clients (14%).

L’arrivée des Robo-Advisors inquiétent les conseillers financiers traditionnels

Les conseillers financiers sont globalement inquiets de l’arrivée des Robo-Advisors auprès du grand public : 34% anticipent un impact négatif voire très négatif. Comme il s’agit d’une innovation encore récente et que l’on manque de recul sur les avantages et inconvénients de ces applications, beaucoup de conseillers restent circonspects (43% sont neutres ou ne savent pas). Cependant, on note que 23% sont positifs voire très positifs et considèrent même que ces nouveaux outils permettront de les aider dans leurs missions et dans leur développement en touchant le grand public et en démocratisant le conseil patrimonial et financier.

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A propos de l'auteur

Jean-François Bay  est le directeur général de Morningstar France.