Le rallye boursier fête ses six ans

Depuis leur point bas du 9 mars 2009, les actions mondiales ont connu une phase de hausse quasi ininterrompue mais parfois très volatile.  

Jocelyn Jovène 09.03.2015
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Que de chemin parcouru ! Depuis leur point bas du 9 mars 2009, les actions mondiales ont connu une phase de hausse quasi ininterrompue, marquée certes par des périodes de forte volatilité.

Mais aidés par l’intervention massive des banques centrales des pays développés, qui par l’expansion de leur bilan ont pressuré les rendements des placements obligataires, les investisseurs ont été fortement incités à accroître leur exposition aux actifs risqués.

Cette dynamique a surtout profité aux actions américaines, qui enregistrent sur la période la performance moyenne annuelle la plus élevée. Mais les autres régions affichent également des résultats dans l’ensemble positif. Le plus difficile pour les investisseurs consistait finalement de rentrer au bon moment sur les marchés et de tenir leurs positions.

Un investisseur qui aurait eu le courage de placer 100 euros sur l’indice MSCI World il y a six ans disposerait théoriquement de près de 256 euros aujourd’hui (avant frais et impôts). De par la volatilité des Bourses mondiales sur la période, les actions confortent leur statut d’actif très risqué, mais potentiellement rentable.

Source: Morningstar.

Le tableau suivant montre qu’en devise locale, les principaux indices actions ont offert des performances attrayantes : 9,5% par an pour les actions japonaises (TOPIX), 12% pour les actions émergentes, 16% pour les actions européennes et près de 21% pour les actions américaines.

« Les liquidités excédentaires ont furieusement reflaté les actifs qui avaient la chance d’être ‘croissance’, ‘rendement’ ou ‘qualité’, tels que la technologie américaine, l’immobilier et le haut rendement, les actions européennes de qualité, l’Asie et les émergents », écrivent les stratégistes de Bank of America Merrill Lynch dans une note datée du 3 mars.

Peu d’investisseurs avaient eu le courage d’être « bullish » sur les actions à cette date. Rares ont été ceux qui ont considéré qu’entre la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers, en septembre 2008 et le point bas de mars, une opportunité historique se présentait.

C’est pourtant ce qu’a fait Warren Buffett (lire son édito dans le New York Times) ou encore Jeremy Grantham (GMO), dans un article intitulé « Reinvesting when terrified » (« Réinvestir quand on est terrifié ») qui indiquait le 10 mars 2009 qu’il était temps de revenir sur une classe d’actifs dont le prix intégrait virtuellement la fin du monde. Citons Grantham :

« Nous pensons que la juste valeur du S&P est de 900 points, soit 30% au-dessus des cours actuels. Les actions mondiales sont encore plus meilleur marché. Notre espérance de rendement à 7 ans pour de nombreuses catégories d’actions varie entre +10% et +13% après inflation. Ceci se compare avec une espérance de rendement négatif il y a seulement un an. »

« Il était psychologiquement douloureux en 1999 de ne pas s’exposer à des marchés haussiers et cela vous exposait à un risque de carrière tout comme celui d’être vieux jeu. De façon similaire, aujourd’hui, il est à la fois douloureux et risqué au plan professionnel de vous défaire de votre cash, en particulier depuis que le cash est devenu si difficile à trouver dans des marchés où l’illiquidité est devenue sans précédent. »

Paradoxalement, c’est après ces six années de hausse que de nombreux investisseurs songent aujourd’hui à s’exposer aux actions.

Là encore tout est une histoire d’horizon de placement. Cela peut faire sens si l’on a un horizon très long, mais compte tenu des multiples de valorisation sur les marchés (16x les résultats en Europe par exemple), il sera difficile voire impossible aux investisseurs de dégager les niveaux de performance observés dans le passé récent.

L’attitude sans doute la plus raisonnable consiste à s’exposer avec parcimonie, en attendant qu’un mouvement de consolidation voire une correction brutale surgisse de nouveau. L’histoire des six dernières années nous le montre de façon flagrante : c’est pendant les phases de panique et d’envolée de la volatilité que les points d’entrée en Bourse étaient les plus rentables.

Une leçon que tout investisseur devrait méditer.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.