Le crédit offre encore des perspectives favorables - Muzinich

L’évolution du cycle du crédit et l’environnement de marché ressemblent beaucoup au début de la période 2003-2006, selon Michael McEachern de Muzinich & Co.

Jocelyn Jovène 23.05.2014
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Les marchés du crédit ne sont pas encore en situation de bulle, et les investisseurs ne font preuve de complaisance que sur certaines classes d’actifs très spécifiques, comme les prêts. Dans cet environnement de taux durablement bas, les perspectives pour le crédit sont encore bonnes, a estimé vendredi Michael McEachern, gérant chez Muzinich & Co du fonds Global Tactical Credit Fund.

Malgré la baisse des rendements sur les obligations, et la nette compression des spreads, le positionnement dans le cycle du crédit semble toujours favorable aux détenteurs d’obligations. « Le cycle du crédit bénéficie de manière de structurelle de la bonne santé des entreprises. A cela s’ajoute l’interventionnisme des banques centrales qui pèse sur la volatilité des indices et les efforts d’assainissement des bilans engagés par les entreprises après la crise de 2007-2008 », a ajouté le gérant au cours d’une réunion.

La perspective de l’arrêt de « tapering » de la Fed semble intégrée par le marché. En revanche, la grande inconnue est la manière dont les marchés intègreront une normalisation des taux d’intérêt.

« Au-delà de l’évolution des taux, l’environnement de marché actuel montre que les investisseurs s’interrogent sur la soutenabilité de la croissance américaine. Cette situation se traduit par une divergence de lecture entre le marché des actions et celui du crédit », ajoute Michael McEachern.

Dans sa stratégie qui se veut globale et qui privilégie avant tout la préservation du capital, le gérant, ancien de chez Seix Advisors, vise une rentabilité de 5-7% par an au-dessus du Libor avec une volatilité de 4-5%. Il peut faire usage d’instruments de couverture sur indices (CDX ou iTraxx).

Pour atteindre ces objectifs, le fonds est principalement exposé au haut rendement (78% de l’allocation). Toutefois, par rapport à fin 2013, l’allocation a quelque peu bougé, avec une augmentation de la part des obligations souveraines et du crédit non spéculatif (« investment grade »), catégories qui représentent respectivement 14% et 7% du fonds contre 11% et 4% fin 2013.

En termes de qualité de crédit, les tranches les mieux notées (A-AA et BBB) ont vu leur pondération croître, passant de 4% en décembre 2013 à 22% fin avril. Les catégories spéculatives (BB à CCC) ont reculé de 96% du fonds à 78%.

Malgré un regain d’activité sur le front des opérations de fusions-acquisitions, Michael McEachern a estimé que, pour l’heure, les niveaux d’endettement des entreprises ne sont pas excessifs. Pour l’heure, peu d’entreprises ou de fonds d’investissement s’engagent dans des opérations à des niveaux de valorisation exubérants.

Pour Michael McEachern, « l’endettement ne s’envole pas, car jusqu’à présent, les cours des actions ont bien progressé. Les entreprises ne sont pas encore incitées à utiliser l’effet de levier pour rémunérer leurs actionnaires. Nous n’y sommes pas encore. Ce sera la prochaine phase du cycle du crédit. »

Pour compléter

La présentation de Muzinich, plutôt complète, comportait le tableau sur l'état des différents marchés du crédit. Instructif.

Source: Muzinich, Bank of America Merrill Lynch

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.