Volatilité et rotation sectorielle: que faire ?

Après un bon début d’année, certaines gestions ont connu des performances plus volatiles depuis le mois d’avril.

Jocelyn Jovène 22.05.2014
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Le repli de la volatilité sur les marchés actions depuis quelques semaines n’a pas empêché plusieurs gérants actions de connaître un début de deuxième trimestre plutôt difficile, alors que certains avaient enregistré de très beaux résultats au cours du premier trimestre.

C’est le cas des stratégies en actions européennes flexibles, qui sous-performent l’indice Stoxx Europe 600 depuis le début de l’année (graphique).

Source: Morningstar Direct.

Parmi ces gestions, le cas d’Alken European Opportunities (noté « Silver » par les analystes Morningstar et primé lors de la remise des prix « Fund Manager of the Year » en Europe). Au cours d’une conférence téléphonique avec des investisseurs, ses responsables ont donné leur lecture des événements actuels sur les marchés.

Pour eux, le mouvement de baisse des taux longs sur fond de nouvelles interrogations sur la dynamique de croissance des pays développés et émergents (Chine), ainsi que les craintes de déflation en Europe ont provoqué un mouvement de rotation sectoriel dans les marchés.

Cette baisse des rendements obligataires a alimenté un mouvement de rotation sectorielle des valeurs momentum (technologie, banques, automobile) vers des titres au profil plus défensif (biens de consommation de base, énergie).

Pour Nicolas Waleswski, fondateur et associé d’Alken AM, « la question à se poser est de savoir si les taux longs actuels vont continuer de baisser. Il est peut-être opportun de remettre en question ce comportement des marchés. »

Un sentiment partagé par les stratégistes de J.P.Morgan Asset Management. Dans une étude, Stephanie Flanders, stratégiste de la société de gestion, fait une lecture similaire de l’évolution des taux longs, tout en soulignant les risques de taux longs qui resteraient durablement bas.

« Si les taux d’intérêt restaient à des niveaux bas indéfiniment, cela suggèrerait que la croissance sera affaiblie de manière permanente », observe-t-elle. La stratégiste n’exclut pas d’ailleurs qu’il « y a eu un changement radical dans la demande en actifs sans risque. Cela signifierait que le niveau d’équilibre des taux longs pourrait être plus bas que par le passé. »

Le gestionnaire estime toutefois que la remontée des taux sera bien réelle et plus importante que ce qu’anticipe les marchés. Et une fois de plus, cette hausse des taux provoquera des divergences entre classes d’actifs (d’autant que la volatilité est très basse) avec de nouveaux mouvements de rotation sectorielle.

« Cela devrait inciter les investisseurs à rechercher une forme de protection par le rendement et des portefeuilles moins volatils », note de son côté Aymeric Forest, gérant du fonds Schroder ISF Global Multi-Asset Income.

Le fonds est d’ailleurs exposé aux actions, avec un biais vers les très grandes capitalisations boursières américaines ou européennes, ainsi qu’aux obligations haut rendement américaines, à la catégorie investment grade en Europe et à la dette émergente (en devises locales et en dollars).

Chez Alken, on estime toutefois que la volatilité récente de la Bourse ne reflète pas les fondamentaux de l'économie ou des entreprises. Les gérants ont d'ailleurs profité des secousses récentes pour se renforcer sur certains titres.

Pour eux, les prochaines décisions de la BCE le 5 juin pourraient avoir un impact non négligeable sur les marchés actions, en sus d'un éventuel repli de l'euro face au dollar. Enfin, dès que le marché y verra plus clair dans la situation des banques, notamment après la revue de la qualité de leurs actifs, les investisseurs pourraient accentuer leur retour vers les actions européennes.

« La reprise est bien installée en Europe: la croissance du crédit se redresse, les fusions-acquisitions repartent, le taux d'investissement rebondit après un plus bas de 20 ans », observe Antoine Badel.

« Il y a certes encore des questions en suspens (liquidité des banques, évolution des taux interbancaires, évolution des taux de change », ajoute le gérant. Mais une annonce de la BCE (sans aller jusqu'à un "QE") par une baisse des taux, un taux de dépôt négatif et des mesures pour inciter au financement des PME constitueraient, avec la baisse de l'euro, une très bonne nouvelle pour les entreprises.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.