C’est le moment de jouer les pharma 2/4

Trouver des relais de croissance.

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Voici la deuxième partie d'un article consacré à l'industrie pharmaceutique réalisé par Damien Conover, responsable de la recherche actions secteur santé.

Accéder à la première partie.

L’industrie pharmaceutique a drastiquement réduit ses coûts, c’est un autre aspect que les investisseurs négligent, et qui a été occulté par l’impact à court terme de la réforme sur les profits. Les restructurations mises en place ces deux dernières années profitent déjà aux marges bénéficiaires et devraient assurer une solide croissance des profits futurs. Si les effets mineurs de la réforme de la santé et des réductions des coûts n’étaient pas suffisants pour redonner du baume au coeur des investisseurs, deux autres considérations devraient les convaincre. Les groupes pharmaceutiques sont en pleine transformation : ils abandonnent progressivement un modèle basé sur les médicaments de grande prescription dans les pays développés pour se concentrer sur les pays émergents et les médicaments pour les «maladies orphelines». Ces évolutions devraient renforcer la capacité des laboratoires à jouer sur les prix et augmenter la durée de vie des médicaments.

Soutien pour les médicaments orphelins

Dans une certaine mesure, le développement des médicaments de niche ou orphelins trouve son origine dans les échecs de l’industrie pharmaceutique. Après l’âge d’or des médicaments vedettes, les «blockbusters» de la fin des années 90, un certain nombre de controverses sont venues entacher la réputation des médicaments les plus prescrits. Dès avant la polémique en France autour du Mediator du laboratoire Servier, dès 2004 par exemple Merck a dû rappeler le Vioxx, son traitement pour l’arthrite, après l’apparition d’effets secondaires cardio-vasculaires dangereux. Les fabricants du Redux et de Fen-Phen ont retiré ces médicaments amaigrissants en 1997 à cause de sérieux effets secondaires cardiaques et pulmonaires. Et le coût des procès a augmenté durant la décennie suivante. Plus récemment, Glaxo- SmithKline s’est vu demander de retirer son médicament contre le diabète, Avandia, des études ayant évoqué un risque accru de crise cardiaque.

Ces déconvenues ont renforcé l’aversion pour le risque de l’administration régulant les médicaments, la Food and Drug Administration (FDA), en particulier pour les molécules visant des maladies pour lesquelles existent déjà d’autres traitements. La FDA exige désormais davantage de données sur les risques encourus et l’agence gouvernementale a reporté l’approbation de divers produits qui étaient en voie d’autorisation de mise sur le marché, dont le traitement cardio-vasculaire de chez Eli Lilly Effient ; son homologue chez Merck, Tredaptive ; le traitement pour le diabète Galvus de Novartis (qui pourrait ne pas être autorisé sur le marché américain) et l’anesthésique Bridion de chez Schering-Plough. Dans tous ces cas, des traitements autorisés existent déjà, ce qui a permis à la FDA de différer la mise sur le marché de ces nouveaux traitements sans levées de boucliers majeures des médecins et des patients.

La réponse des grands laboratoires est de délaisser les traitements de première nécessité pour s’intéresser aux spécialités en oncologie, en neurologie ou en immunologie. Ces traitements concernent des populations réduites, mais le peu de médicaments existants augmente les chances d’une approbation de la FDA. Selon GlaxoSmithKline, les tests cliniques des médicaments orphelins prennent 20 % de temps en moins et ont un délai médicaments traditionnels. De plus, la probabilité d’approbation pour un médicament orphelin est le double de celle d’une molécule traditionnelle. Des délais de mise au point raccourcis débouchent sur des coûts de développement réduits, ce qui devrait aider l’industrie pharmaceutique à contenir ses coûts sans nuire à la productivité.

La FDA encourage très fortement les laboratoires à développer des médicaments pour des maladies sans traitements. Pour la première fois, la FDA a lancé deux programmes (à l’institut Kech en février 2010 et à l’université du Minnesota en août 2009) pour sensibiliser l’industrie aux avantages de développer de nouveaux médicaments orphelins. Nous estimons que cela reflète un sincère engagement de l’administration envers ces médicaments.

Au-delà d’un environnement réglementaire plus favorable, les laboratoires apprécient les médicaments orphelins pour une autre raison : les profits qu’ils génèrent, car le traitement des maladies rares peut rapporter gros. Une des explications réside dans le fait que les laboratoires sur le marché des médicaments orphelins ont toutes les cartes en main pour imposer leurs prix. Durant la décennie passée, les différents systèmes privés d’assurance-maladie se sont restructurés, ce qui leur a permis d’imposer à l’industrie des prix à leur avantage pour les médicaments les plus communs. Les contribuables exigent aussi des prix plus bas afin de réduire les déficits des assurances-maladie. Mais dans un environnement aussi hostile, les prix pour les médicaments orphelins sont restés élevés. 

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A propos de l'auteur

Morningstar Europe Editor  .