Obligations: 2014, année positive, mais pas exempte de risques

La performance des obligations gouvernementales a pris de nombreux investisseurs par surprise.

Mara Dobrescu 13.01.2015
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Les obligations européennes ont eu le vent en poupe en 2014 grâce à la baisse prononcée des taux d’intérêt en zone euro. Prenant le consensus complètement à rebours, les fonds investis en dette gouvernementale en euros caracolent en tête des classements sur l’année 2014, avec une performance moyenne de 10,4% pour la catégorie Morningstar Obligations EUR Emprunts d’Etat.

Les fonds investis sur la dette privée en euros de qualité « investment grade », ainsi que ceux investis en obligations diversifiées signent eux aussi des performances solides, de 7% et 8% respectivement. La dette privée reste en effet portée par un environnement de liquidité abondante et par de nombreuses émissions sur le marché primaire, qui ont continué à réduire graduellement les spreads de crédit, c’est-à-dire l’écart de rendement par rapport au taux sans risque.

Parallèlement, dans un contexte de taux historiquement bas et de rendements monétaires nuls, la soif de rendement conduit de plus en plus d’investisseurs à se tourner vers ce type de placement plus rémunérateur, quoique plus risqué. La catégorie Morningstar Obligations EUR Emprunts privés affiche ainsi l’une des plus fortes collectes sur l’année (7 mds EUR à fin novembre 2014, sur les fonds disponibles à la vente en France).

Une autre tendance résultant de la recherche de rendement à tout prix, est la prolifération de nouveaux instruments sur le segment de la dette privée à l’instar des obligations « hybrides » (titres subordonnés émis par des entreprises non financières) et des CoCos (« contingent convertible bonds ») émis principalement par les banques. Certains régulateurs, à l’image de la Banque d’Angleterre, ont mis en garde contre la vente de fonds investissant en CoCos à des investisseurs non avertis, soulignant que ces titres pouvaient enregistrer des pertes si le capital des banques émettrices tombait sous un certain niveau.

Si la dette « investment grade » s’est globalement bien comportée, le secteur du « high yield » européen a eu quant à lui un parcours plus contrasté en 2014. Après une forte progression en début d’année, sa performance a été plus mitigée sur le second semestre.

La catégorie Morningstar Obligations EUR Haut Rendement termine l’année avec une performance de 3,75%, bien en-deçà des fonds d’obligations « investment grade ». Malgré la vigueur du marché primaire (avec un montant d’émissions record sur le « high yield », proche de 75 mds EUR sur l’année), certains cas de défaut, tels que le distributeur de téléphonie britannique Phones4U, sont venus rappeler aux investisseurs les risques inhérents aux entreprises de qualité spéculative, en particulier les moins bien notées (segment CCC). Certains analystes tablent ainsi sur une légère remontée du taux de défaut moyen en Europe, aujourd’hui proche de son minimum historique (autour de 2,5%).

D’autre part, alors que la dette des pays périphériques (Espagne, Portugal, Italie) a bénéficié d’un environnement très porteur depuis 2012, l’instabilité politique constatée en Grèce en fin d’année a ravivé certaines inquiétudes sur le retour éventuel du risque pays en Europe.

Si la dette grecque ne représente en soi qu’une toute petite partie du gisement obligataire européen (le pays avait émis début 2014 de nouvelles obligations d’Etat), certains gérants redoutent un scénario similaire en Espagne, où le parti Podemos milite également pour une restructuration de la dette publique. Pour d’autres, ces inquiétudes sont cependant atténuées par l’anticipation d’annonces de « Quantitative Easing » de la part de la Banque Centrale Européenne, qui devraient être favorables aux actifs risqués, dont la dette périphérique.

Enfin, sur l’ensemble des catégories obligataires, un constat reste de mise : une fois de plus, les indices ont progressé plus vite que les fonds actifs, handicapés par des frais souvent trop élevés. Dans la catégorie EUR Emprunts d’Etat, l’écart entre la performance de l’indice CITI EMU GBI et le fonds moyen de la catégorie s’élève à près de 270 points de base.

La moyenne des fonds investissant en dette privé a quant à elle sous-performé l’indice Barclays Euro Aggregate Corporate de 148 points de base, tandis que la catégorie Obligations EUR Diversifiées a signé une sous-performance de 309 points de base par rapport à l’indice Barclays Euro Aggregate Bond.

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A propos de l'auteur

Mara Dobrescu

Mara Dobrescu  est analyste Fonds chez Morningstar France