2014 : l’année de l’Amérique

Devises, taux, actions : toutes les classes d’actifs ont affiché de belles performances outre-Atlantique l’an dernier. Ailleurs, les situations sont plus contrastées.

Jocelyn Jovène 05.01.2015
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Si vous aviez parié sur l’envolée des actions chinoises et sur la chute du cours du pétrole, vous auriez pu amasser un joli pactole en Bourse.

Malheureusement, rares sont les investisseurs qui avaient pris des paris si audacieux l’an dernier, d’autant qu’il était difficile d’imaginer en début d’année que les actions chinoises allaient surperformer ou que le cours du pétrole aller s’effondrer.

Début 2014, la Chine était plutôt perçue comme une source de risque et le pétrole avait plutôt tendance à s’apprécier sur l’espoir d’une reprise de l’activité économique à l’échelle mondiale.

Les incertitudes sur la vigueur de la surprise, en particulier en Europe où les chiffres de croissance ont commencé à s’affaiblir dès le deuxième trimestre de l’an dernier, ont provoqué des pics de volatilité et plusieurs phases de baisse brutale des marchés, en particulier à l’automne (graphique).

Source: Mornignstar

Il était en fait plus pertinent de faire un pari géographique plus tranché en privilégiant l’une des rares régions du monde où les perspectives de croissance n’ont cessé de se raffermir : les Etats-Unis. L’an dernier, la plupart des classes d’actifs américains ont enregistré des performances positives, voire très satisfaisantes.

La Bourse américaine a enchaîné les records historiques, terminant l’année sur un gain de 11% et avec un ratio de valorisation de 17,5x. Le marché obligataire a progressé de 11% : à la surprise générale, les taux longs n’ont cessé de reculer, profitant du rapatriement des capitaux aux Etats-Unis par de nombreux institutionnels et perdant dans la foulée 79 points de base.

Le regain d’intérêt des actifs américains a largement profité au dollar, qui s’apprécie de 12% sur l’année. L’autre moteur de cette appréciation a été la désynchronisation des politiques monétaires : fin des achats d’actifs par la Fed, perspective d’une hausse des taux directeurs au cours du premier semestre, tandis qu’en Europe, la BCE a annoncé en juin puis en septembre des mesures pour soutenir l’activité et éviter le risque de déflation.

En Europe, les performances sont plus contrastées entre classes d’actifs. Les obligations souveraines, notamment italiennes et allemandes, ont connu des progressions à deux chiffres (+24% et +17% respectivement), tandis que l’indice Stoxx 600 n’a progressé « que » de 4,4% sur l’année.

Là encore, l’absence de dynamisme économique, les incertitudes sur l’évolution des résultats des entreprises de la région ont plutôt incité les investisseurs à regarder ailleurs qu’en zone euro pour trouver de la performance.

L’autre grand perdant de 2014, ce sont les matières premières. L’ampleur de la correction du pétrole (-48%) reflète principalement l’affaiblissement de la demande mondiale et l’augmentation soutenue de l’offre, en particulier grâce au développement des huiles de schiste en Amérique du Nord. Les cours du baril, déjà affectés par ce déséquilibre offre/demande ont amplifié leur chute lorsque l’OPEP a décidé de maintenir son quota de production.

Cette chute du pétrole, qui ne semble pas pouvoir s'arrêter à ce stade, a peser sur les indices de matières premières (le CRB perd 18% sur l'année), alors que toutes les matières premières ne sont pas logées à la même enseigne (l'or ne recule ainsi que 1,5% tandis que le nickel progresse de 6,9%).

Source: Factset, Morningstar.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.