L’eau, source de performance

Le secteur hydrique a donné des satisfactions aux investisseurs et les perspectives pour l'avenir restent positives, surtout grâce à la croissance de la demande.

Valerio Baselli 03.12.2012
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Ils appellent cela “l’or bleu” et il suffit de regarder les rendements pour comprendre pourquoi. En période de récession mondiale, les six fonds entièrement dédiés à l'eau disponibles en France ont gagné entre 20 et 30% au cours des 12 derniers mois (en euro, au 26 novembre 2012). Plus précisément, il s’agit de : KBC Eco Water Acc (+29,8%), BNP Paribas Aqua (+26,2%), Sarasin Sustainable Water (+23,9%), Amundi Fds Eq Glbl Aqua ME (+23,6%), Pictet Water (+21,8%) et SAM Sustainable Water (+20,7%).

Le monde a soif

Sur notre planète il y a environ 1,4 milliard de kilomètres carrés d'eau, mais seulement 0,2% de ceux-ci peuvent être utilisés par l'homme comme eau douce. De ces 0,2% (soit 2,6 millions de kilomètres carrés), seulement 4% se trouve à  la surface. Actuellement, 70% de la demande d'eau provient du secteur agricole, 22% du secteur industriel et le 8% restant de la consommation individuelle. Selon les dernières estimations, la consommation mondiale d'eau a été multipliée par neuf entre 1900 et aujourd’hui. En outre, la demande domestique et industrielle présente un taux de croissance qui est plus du double de celui de la population.

Chaque jour, on “mange” 3.500 litres d'eau

L'eau on la boit, bien sûr, mais on peut aussi la manger. Le concept a été introduit par Tony Allan, professeur de sciences environnementales à l'Université de Londres, qui a publié une étude sur la quantité d'eau nécessaire pour produire de la nourriture, et pas seulement.

Selon l'étude, il existe deux types d'eau consommée: le visible et l'invisible. La première est celle que nous consommons pour un usage domestique (lessive, cuisine, boire), estimée à 137 litres par jour. Le deuxième type concerne l'eau utilisée pour la production industrielle (par exemple, l'industrie de l'électronique en utilise beaucoup), et est estimé par le professeur à 167 litres tous les jours, mais il s’agit surtout de l'eau associée à la production alimentaire et agricole, estimée à 3.496 litres par jour, c'est-à-dire 92% de la consommation totale. Pour produire un kilogramme de café, par exemple, il faut environ 19.000 litres d'eau ; pour produire un kilo de viande de bœuf 15 000 litres d'eau sont nécessaires, et ainsi de suite. Il est clair, par conséquent, qu'une augmentation de la consommation de viande et des produits agricoles soulève également la question de la demande en eau.

L'austérité pousse les entreprises privées

“Tout cela rend le marché de l'eau très attractif pour les investisseurs, pour deux raisons principales”, explique Arnaud Bisschop, co-gérant du fonds Pictet Water. “En plus d'une forte demande, d’importants projets d'infrastructure seront nécessaires dans les années à venir. Rien qu’en  Europe, grâce aux nouvelles directives de l'UE sur l'eau, un plan d'investissement entre 100 et 150 milliards de dollars est prévu au cours de la prochaine décennie. Mais cela ne s'arrête pas là. Aux États-Unis, l'infrastructure du réseau date de 1980-1990 ans et dans certaines régions il y a un besoin immédiat de modernisation. À New York, par exemple, des câbles à fibre optique peuvent être vus à proximité de conduites d’eau en bois”.

“L'industrie présente une croissance à long terme”, explique Bisschop, “les valorisations sont très faibles et les fondamentaux sont bons”. Surtout, cela semble être le début d'une ère de privatisation et de consolidation industrielle. “Dans un contexte où les gouvernements sont pressés par les politiques d'austérité qui réduisent les dépenses publiques, la tendance à la participation des entreprises privées dans la gestion et la fourniture des services hydriques ne cesse d'augmenter, ce qui élargit les possibilités d'investissement”.   

En Europe, on trouve un exemple dans ce sens en Italie, où, entre autres, 40% de l'eau est perdue en raison de la défaillance du réseau de transport. En Juin 2011, en fait, 26 millions d'italiens ont voté “oui” au référendum annulant le décret Ronchi qui prévoyait la privatisation du secteur de l'eau en plusieurs étapes. Et pourtant, malgré cette abrogation, la réduction attendue des tarifs n’a pas eu lieu et nombreuses municipalités envisagent aujourd’hui la possibilité de commencer des partenariats avec des entreprises privées pour gérer l’eau, à cause de leurs problèmes budgétaires. 

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.