Etes-vous growth ou value ?

Moins prisés qu’Outre-Atlantique, les concepts de croissance et valeur (growth et value) font leur chemin sur le Vieux continent. De plus en plus de gérants et d’observateurs décrivent leurs styles de gestion en recourrant à ces notions.

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Les technologiques rebondissent en bourse. Faut-il revenir sur les entreprises de croissance ?

Mon chargé de compte parle gestion « value » parce que les marchés sont très bas. Qu’est-ce que c’est ?


Il faut bien reconnaître que derrière ces deux mots se cachent des réalités fort diverses, parfois contradictoires comme en témoignent des courriers de lecteurs désappointés par ce qu’ils soupçonnent être du jargon. Ainsi, on se souvient que les valeurs de croissances ont été mises sous les feux de l’actualité en France avec les entreprises technologiques et la création du Nouveau marché destiné à les accueillir.

Il

s’agit là d’une acception assez spécifique du terme croissance puisqu’elle caractérise des entreprises portées par des nouveaux marchés (services internet, optimisation de la force de vente, biotechnologie, etc.).

Dans cette définition, les entreprises de type croissance sont celles qui interviennent sur des secteurs en forte croissance. Ces entreprises sont appelées à connaître une rapide croissance et l’indicateur que doivent privilégier les investisseurs est l’augmentation du chiffre d’affaires. De son côté, le résultat net (le bénéfice qui donne lieu au versement d’un dividende) n’apparaît pas comme un critère de sélection de l’entreprise dans laquelle investir : l’entreprise consacrant l’essentiel de ses ressources à accroître sa part de marché, on n’attend pas de bénéfice dans l’immédiat.

Rendement et rattrapage

A l’inverse, on classe souvent dans le type valeur des entreprises intervenant sur les marchés établis et elles-mêmes arrivées à maturité. Dans ce cas, c’est moins la croissance du chiffre d’affaires que l’on regarde que le rendement du capital. Le critère d’évaluation le plus classique de ce type d’entreprises est le PER (price earning ratio ou bénéfice par action).

Ce multiple de capitalisation permet de voir si une entreprise est chère ou pas : telle action se paye 6 fois ses bénéfices alors qu’une autre se payera 12 fois ses bénéfices. Encore ce ratio n’a-t-il de valeur qu’au sein d’un même secteur d’activité. Ainsi le secteur des médias est-il structurellement plus cher que celui du BTP.

On place aussi sous le vocable de valeur des entreprises de type rendement ou bien encore des entreprises que l’on juge « bradées » au regard de leurs actifs nets (dans certains cas la capitalisation boursière d’une entreprise est inférieure à celle de ces actifs et de sa trésorerie !). Dans le jeu boursier, une entreprise « bradée » est appelée à voir son cours monter, on joue donc la valeur de l’entreprise.

Modèles mathématiques

Au delà de ces acceptions plus ou moins intuitives des notions de valeur et de croissance, il existe des recherches universitaires ou fondamentales accompagnées de force modèles mathématiques. On trouvera dans ce registre plusieurs documents de référence sur le site de l’association European Investment Review.

Enfin chaque gérant ou société de gestion peut avoir sa propre conception de ce qu’est une entreprise de croissance ou de type valeur. Ainsi, Thierry Flecchia, gérant du fonds Oddo Avenir investi en valeurs moyennes indique que dans le cadre de sa gestion une entreprise de croissance est une société offrant une croissance organique de son chiffre d’affaire de 7% par an et une progression de ses bénéfices de 15%. Ici, le secteur d’activité n’intervient pas.

De son côté, Morningstar utilise une définition plus simple bien que clairement argumentée des notions de valeur et croissance. Aux Etats-Unis, les concepts de value et de growth sont même devenus des catégories à part entière utilisées par Morningstar pour caractériser certains fonds.

Style de gestion

Cela tient au fait que nombre de gérants américains se sont clairement définis comme adoptant un style de gestion de type value ou de type growth. Et que cette approche s’est révélée pertinente pour effectuer des comparaisons de fonds à fonds.

Ainsi, à partir du milieu des années 90 jusqu’à la fin des années 90, ce sont les fonds présentant un style de gestion de type growth qui ont le mieux performé.

En France, comme dans les autres pays européens, Morningstar affecte aux fonds actions une Boite de style permettant de les typer. Cet outil visuel permet de savoir instantanément si un fonds est de type valeur, croissance ou mixte, et s’il est plutôt investi sur des grandes, moyennes ou petites capitalisations. Grâce à ces deux axes, la Boîte de style est un outil d’analyse rapide et de plus en plus utilisé.

MOTS-CLEFS
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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Oddo BHF Avenir CR-EUR4 847,47 EUR1,20Rating

A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.