L’inflation de la zone euro en mai tombe sous l’objectif de la BCE

L’inflation des services ralentit enfin, alors que la Banque centrale européenne semble prête à réduire à nouveau ses taux.

Sara Silano 03.06.2025
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Illustration de collage représentant une pièce d'euro, un gratte-ciel et des éléments graphiques abstraits.

Selon l’estimation rapide d’Eurostat, les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté de 1,9 % d’une année sur l’autre en mai, en baisse par rapport à la lecture d’avril de 2,2 %, et en ligne avec les attentes. C’est la première fois depuis septembre 2024 que l’inflation globale (IPCH) tombe en dessous de l’objectif de 2 % fixé par la BCE.

L’inflation de base, qui indique les prix sans les composantes volatiles telles que les coûts de l’énergie et de l’alimentation, a augmenté de 2,3 % d’une année sur l’autre en mai, contre 2,7 % en avril.

“Le processus de désinflation se poursuit dans la zone euro, l’inflation de base étant tombée à 2,3 % en mai. Les données d’aujourd’hui ne font que renforcer les arguments en faveur d’une nouvelle baisse des taux dans le courant de la semaine”, déclare Grant Slade, économiste international chez Morningstar.

Hausse de l’inflation des produits alimentaires, de l’alcool et du tabac, ralentissement des prix des services

Selon les estimations d’Eurostat, le secteur de l’alimentation, de l’alcool et du tabac a connu la plus forte hausse annuelle en mai, à 3,3% d’une année sur l’autre, soit plus qu’en avril (3%). Les prix des services ont augmenté de 3,2%, contre 4% en avril, tandis que les biens industriels non énergétiques sont restés stables à 0,6%. Les prix de l’énergie sont également restés stables à -3,6 %, comme le mois précédent.

“Le communiqué d’aujourd’hui confirme que la désinflation devrait se poursuivre”, déclare Riccardo Marcelli Fabiani, économiste principal chez Oxford Economics. “La modération des prix du pétrole et l’appréciation de l’euro entraîneront une baisse de l’inflation liée à l’énergie et conduiront à des intrants de production et des importations moins chers. La décélération de la croissance des salaires entraînera le ralentissement tant attendu dans la catégorie des services rigides. Seules les fortes augmentations des denrées alimentaires non transformées représentent un risque de hausse.”

Selon un autre rapport d’Oxford Economics, les salaires dans la zone euro progressent à un rythme plus lent, et la prochaine étape à prévoir est la “désinflation des services”.

“Nous pensons que cette situation, conjuguée à la faiblesse de la demande et à la baisse probable des anticipations de prix, entraînera une baisse de l’inflation dans les services au cours des prochains mois. La baisse des services rapprochera l’inflation de base de 2 % d’ici la fin de l’année”, selon Marcelli Fabiani.

Sur une base mensuelle, l’inflation globale et l’inflation de base sont restées stables en mai.

La BCE va-t-elle baisser ses taux cette semaine ?

La prochaine réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne aura lieu à Francfort le 5 juin, et les marchés s’attendent à ce que le cycle d’assouplissement se poursuive dans un contexte économique difficile. La BCE a réduit son taux d’intérêt directeur de 25 points de base à 2,25 % le 17 avril, la sixième réduction consécutive dans ce cycle.

Le taux directeur de la BCE a déjà atteint la borne supérieure du corridor neutre de 1,75 % à 2,25 % calculé par le personnel de la BCE. Toutefois, Martin Wolburg, économiste principal chez Generali Investments, ne voit pas encore la fin du cycle de réduction. “Nous prévoyons une nouvelle réduction de 25 points de base le 5 juin. Bien que nous continuions à prévoir une réduction finale à 1,75 %, Mme Lagarde devrait mettre l’accent sur la dépendance aux données et laisser délibérément ouverte la date de la réduction finale”, déclare-t-il.

Selon Marcelli Fabiani d’Oxford Economics, “compte tenu des perspectives clairement désinflationnistes, en particulier pour les services, la baisse des taux de la BCE ce jeudi semble être un pari facile, et d’autres mesures d’assouplissement devraient suivre plus tard dans l’année.”

Felix Feather, économiste chez Aberdeen Investments, pense également que la réduction de jeudi “ne sera probablement pas la dernière du cycle, car les décideurs politiques devront très probablement apporter un soutien supplémentaire à l’économie une fois que les effets des modifications des droits de douane américains se seront pleinement fait sentir”.

“Un pétrole moins cher, un euro plus fort et un marché du travail moins tendu contribueront à contenir l’inflation à court terme, même si l’UE répond aux États-Unis par des droits de douane plus élevés”, ajoute-t-il. “Nous prévoyons donc une nouvelle baisse des taux d’ici septembre, ce qui amènera les Taux en territoire résolument accommodant.”

Les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté de 1,9 % en glissement annuel en mai, selon l’estimation rapide d’Eurostat, en baisse par rapport au chiffre de 2,2 % enregistré en avril et conforme aux attentes. C’est la première fois depuis septembre 2024 que l’inflation globale (IPCH) tombe en dessous de l’objectif de 2 % fixé par la BCE. Les économistes s’attendent toujours à une nouvelle baisse des taux jeudi.


L'auteur ou les auteurs ne possèdent pas de parts dans les titres mentionnés dans cet article. En savoir plus sur les politiques éditoriales de Morningstar.

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A propos de l'auteur

Sara Silano

Sara Silano  est rédactrice en chef de Morningstar Italie.