Coronavirus : quel impact sur les dividendes ?

Les coupures ou annulations de dividendes se multiplient, et doivent rendre les investisseurs encore plus sélectifs.

Jocelyn Jovène 14.04.2020
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Confronté à un manque de visibilité sur leur activité pour cause de coronavirus, un nombre croissant d’entreprises annulent ou reportent le paiement de leur dividende (notre dernière analyse est disponible ici).

Selon un pointage de JPMorgan publié ce mardi 14 avril, 130 sociétés composant l’indice Stoxx Europe 600 (20%), en particulier dans les secteurs de l’industrie (40) et de la finance (37), ont annulé ou réduit leur dividende pour 2020.

Seuls les secteurs de la santé et des services collectifs parviennent pour l’instant à préserver leurs dividendes.

A titre de comparaison 73 sociétés avaient coupé leurs dividendes lors de la crise financière de 2008. Durant cet épisode passé, les dividendes chutèrent de 28% quand les profits plongèrent de 42%.

La liste des entreprises à risque de couper leurs dividendes n’est sans doute pas close, puisque JPMorgan a identifié 30 autres entreprises risquant d’annoncer une mauvaise nouvelle à leurs actionnaires – une bonne partie opère dans le secteur bancaire, mais également dans la consommation courante, l’industrie ou la technologie.

Dans un environnement de marché volatil, où les rendements obligataires sont proches de zéro ou négatifs, le dividende peut être considéré comme un parachute ou une forme de protection pour les investisseurs.

Le fait que des entreprises soient contraintes de couper leurs dividendes peut être perçu comme une forme de prudence et de préservation des flux de trésorerie, ce qui en soi peut être vu de manière positive.

Mais il ne s’agit pas d’un arbitrage pour réinvestir le cash préservé dans l’activité (innovation, R&D, marketing, gains de productivité…), menacée par la crise actuelle. Il s’agit avant tout d’une mesure d’urgence qui traduit un manque total de visibilité sur l’activité à venir.

De ce point de vue, l’annonce d’une baisse du dividende est généralement un très mauvais signal envoyé aux investisseurs.

Cela étant, compte tenu du mouvement de révision en baisse des prévisions de croissance économique (-7,7% aux Etats-Unis, autant en Europe selon certaines banques), les estimations de dividende n’ont pas fini d’être revues elles aussi à la baisse.

Pour l’instant, le marché semble encore loin d’avoir pris la totale mesure de ce qui est en train de se produire. Les estimations de dividende à 12 mois n’ont été revues en baisse que de 6% en Europe (et de seulement 1% aux Etats-Unis).

Les investisseurs en quête de sociétés encore en mesure de servir un dividende raisonnable devraient avant tout se concentrer sur les entreprises les plus solides, tant d’un point de vue financier (faible niveau d’endettement, bonne couverture des charges d’intérêt…) que concurrentiel (existence d’un rempart concurrentiel qui assure une bonne rentabilité du capital et une solide génération de flux de trésorerie).

La prise en compte des niveaux de valorisation est également un critère important à considérer.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.