La croissance viendra de l'intérieur – Pictet

Les grands pays développés sont à flot grâce surtout à la demande domestique, tandis que le poids des exportations baisse. Actuellement, les risques principaux sont liés à la politique.

Valerio Baselli 20.06.2016
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Après plusieurs années d’austérité, l’économie mondiale reste caractérisée par une croissance atone. Dans son dernier rapport d’avril le FMI a revu à la baisse ses prévisions pour 2016, estimant une croissance du PIB mondial de 3,2% pour cette année.

« Nous ne pouvons pas dire qu’il y a une absence totale de croissance économique, mais cela manque de ‘momentum’, ça reste sans une réelle accélération, et les marchés n’aiment pas cette situation », a commenté Christophe Donay, responsable de l’allocation d’actifs et de la recherche macroéconomique chez Pictet Wealth Manangement, lors d’une conférence de presse vendredi à Paris.

Le principal point à retenir de l'analyse macro de Pictet est le poids croissant de la composante intérieure dans la croissance économique, au général détriment des exportations. « Les grands pays développés (Europe, Etats-Unis et Japon) tentent de stimuler la demande intérieure », a observé le responsable. « On commence donc à voir se dessiner les contours d’une éventuelle resynchronisation des cycles économiques, à la fois développés et émergents, basée sur la même volonté de renforcer la demande intérieure, y compris en Chine. Cela pourrait constituer une chance pour l’économie mondiale à un moment où les politiques monétaires restent par contre désynchronisées », a-t-il expliqué.

A titre d’exemple, le graphique ci-dessous démontre comme aux Etats‐Unis la consommation et les services compensent les exportations et l’activité manufacturière.

Grph Pict

Cette nouvelle focalisation sur la demande intérieure, a souligné l’économiste, a des implications importantes pour les investisseurs dans les différentes classes d’actifs.

« Nous pensons que les actions des économies développées présentent encore un potentiel de hausse, toutefois limité. Les valorisations sur les marchés développés se situent à des niveaux historiquement élevés, même si un éventuel rebond des bénéfices pourrait apaiser les doutes », a déclaré Christophe Donay.

Côté taux et crédit, le risque d’une hausse des taux à long terme fait peser un risque asymétrique sur les obligations d’Etat. « Même en continuant à jouer un rôle protecteur, des taux de plus en plus bas, voire négatifs, rendent les obligations d’Etat de référence progressivement moins attractives d’un point de vue rendement-risque », a-t-il estimé. Dans un environnement de croissance modéré avec peu d’inflation, les obligations d’entreprise restent relativement attractives, selon les experts de Pictet.

Le vrai risque est politique : Brexit, élections espagnoles et Trump

« Il y a trois types de risques sur les marchés financiers : économique, systémique et politique », a affirmé Christophe Donay. « Aujourd'hui, nous pensons que le plus présent des trois est le risque politique ». En effet, les marchés n'aiment pas l'incertitude et les prochains événements (referendum sur la Brexit, élections espagnoles et américaines) sont très incertaines.

« Sur la sortie possible au Royaume-Uni de l'Union européenne nous ne disposons pas d'une prédiction, mais en fait, nos modèles sont basés sur le fait que les Britanniques décideront de rester », a-t-il expliqué.

En ce qui concerne les États-Unis, une éventuelle victoire de Donald Trump aux prochaines élections de novembre ne semble pas trop inquiéter l’économiste de Pictet, mais à une condition : « que l'homme politique laisse ses habits de ‘show-man’ au vestiaire. Son programme économique est un retour aux années 80, avec une forte poussée à la prise de risque ; et cela, fait sérieusement, pourrait également être apprécié par Wall Street. »

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.