N’oubliez pas de protéger votre capital

Investir dans des produits à rendement sans faire attention à la valorisation peut coûter cher.

Jocelyn Jovène 17.05.2016
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En Bourse tout est une affaire de prix. Si vous ne faites pas attention au rapport entre le cours de Bourse d’un titre et sa valeur intrinsèque, vous pouvez aller aux devants de déconvenues.

A l’inverse, si vous attendez que les marchés paniquent et que les prix baissent suffisamment par rapport à la valeur intrinsèque, vous avez l’occasion de saisir des opportunités qui produiront des rendements raisonnables pour un risque modéré.

Le biais de nombreux investisseurs consiste à regarder le rendement du dividende (rapport entre le dividende et le cours de Bourse d’un titre) comme un élément de valorisation, en le comparant souvent au rendement obligataire. La différence entre les deux fait sens : si les actions rapportent plus que les obligations, cela veut forcément dire qu’elles sont théoriquement plus attrayantes.

Ce propos doit être nuancé à deux niveaux : tout d’abord, le dividende n’est pas une garantie alors que le coupon d’une obligation, pour peu qu’il s’agisse d’une obligation souveraine, l’est.

Les Etats ont en effet la capacité de prélever l’impôt, les banques centrales veillent à la stabilité des prix : tout ceci confère aux obligations souveraines une qualité d’actif peu voire pas risqué. Ceci explique pourquoi, en contrepartie de « l’absence » de risque, les obligations souveraines rapportent peu. D’autres facteurs influent sur la valeur des obligations (risque de crédit déjà évoqué ; risque de maturité ; risque lié à l’inflation notamment…).

Ensuite l’écart entre rendement d’une action et rendement obligataire exprime une notion importante en finance : la prime de risque. Pour détenir une action, un investisseur demandera une rémunération additionnelle au « taux sans risque », la prime de risque. Cette dernière joue donc un rôle très important dans le travail de valorisation d’une action.

De fait, la prime de risque fait partie des ingrédients de ce que les analystes appellent le coût du capital, qui est en fait un coût d’opportunité entre confier son argent à une entreprise avec la promesse de cette dernière de vous rémunérer à un rendement supérieur ou égal au coût du capital, ou alors de trouver un autre emploi pour votre argent.

Regarder le seul rendement du dividende peut donc conduire à une analyse erronée et à des déconvenues en Bourse.

En matière de sélection de titres, il est important de regarder d’autres critères, notamment la solidité du modèle économique, la capacité à dégager une rentabilité du capital durablement élevée, ou la solidité du bilan.

Bien évaluer le risque de liquidité d'un placement est également important: difficile de préserver son capital si l'on est exposé à une classe d'actifs où un mouvement de panique peut provoquer un effondrement des prix, voire l'impossibilité de céder son actif.

Et bien évidemment ne pas oublier de regarder le prix.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.