La Chine ne fait pas peur – Source

Selon Paul Jackson, les préoccupations concernant le ralentissement chinois sont souvent exagérées et le baril peut baisser davantage. Un « Brexit » serait plus contreproductif pour le Royaume-Uni que pour l’Union Européenne.

Valerio Baselli 18.02.2016
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Les marchés financiers vivent depuis le début d'une phase de grande incertitude et de forte volatilité. Dans ce contexte, l'une des principales préoccupations des investisseurs concerne l’économie chinoise. « Dire que la Chine est en crise est exagéré et cela ne reflète pas la réalité dans les faits », a affirmé jeudi Paul Jackson, directeur de la recherche chez Source, lors d’une conférence de presse à Paris.

« Il est vrai que la dette privée a considérablement augmenté au cours des dernières années, mais le poids total de la dette, publique et privée, en pourcentage du produit intérieur brut est le même qu’aux Etats-Unis, et beaucoup plus faible qu’au Japon. En outre, la Chine a une balance courante positive, ce qui signifie que les investissements sont plus faibles que l’épargne », a-t-il estimé.

D’après Jackson, la panique des marchés au regard des données chinoises n’est pas justifiée. « Certes, la situation est mitigée, néanmoins il y a des éléments positifs : par exemple, la semaine avant le Nouvel An chinois, on a observé une augmentation des ventes de détail de 11% sur un an. Avec ces chiffres, il est difficile de parler d'une économie en crise », a affirmé l’économiste.

Un élément qui a beaucoup aidé le pouvoir d'achat des ménages chinois a été l'effondrement des matières premières, notamment du pétrole. « Je suis convaincu que le baril va continuer à baisser vers le seuil de 20 dollars. Les gens ont souvent la conviction que le prix normal du pétrole devrait se situer entre 70 et 100 dollars, mais en fait, au cours du siècle dernier, la valeur moyenne du baril a toujours été entre 20 et 60 dollars (ajusté aux valeurs actuelles - Ndlr). En plus, je pense que l'offre ne baissera pas à court terme. »

En ce qui concerne la sortie possible du Royaume-Uni de l’Union Européenne, ou « Brexit », Jackson, britannique basé à Londres, se montre plutôt prudent. « Il y a beaucoup d'incertitude quant à l'issue du référendum, mais avant même cela il y a beaucoup d'incertitude sur les négociations entre le Premier ministre britannique, David Cameron, et Bruxelles ».

Les revendications anglaises portent avant tout sur un surplus de pouvoir aux parlements nationaux, des garanties pour les neuf pays, dont évidemment le Royaume-Uni, n'appartenant pas à la zone euro de ne pas être pénalisés par les décisions de la zone euro et, enfin, moins de régulations, qui selon Londres brident la compétitivité des pays de l'Union.

« Selon les derniers sondages, le groupe de ceux qui voudraient en sortir est donné gagnant. La vérité est que, même si c’était le cas, il faudrait des années avant de sortir réellement, et il faudrait voir à quelles conditions, notamment sur la plan des relations commerciales. Dans tous les cas, je pense qu’une sortie serait plus contreproductive pour le Royaume-Uni que pour l’’Europe », a-t-il conclu. 

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.