ETF, les physiques dépassent les synthétiques

Le nombre de fonds passifs cotés en Europe qui détiennent le même portefeuille de l’indice a pour la première fois dépassé celui des instruments qui utilisent des swaps. 

Valerio Baselli 07.09.2015
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Depuis mai 2015, le nombre d’Exchange Traded Products (ETP) physiques cotés en Europe dépasse celui des fonds passifs qui se basent sur la réplication synthétique, et ce pour la première fois. Selon les données de Morningstar, il y a actuellement 844 ETP avec réplication physique obtenue de manière complète ou par un échantillonnage optimisé disponibles sur les Bourses du Vieux Continent contre 780 instruments quiutilisent des swaps.

« Ce constat n’est pas étonnant, il reflète une tendance que nous observée ces dernières années », explique Henri Boua, directeur associé d’ETF Securities pour la France et Monaco. « Chaque fois qu’ils ont le choix, les clients optent pour la réplication physique. Les produits physiques sont perçus comme plus faciles à comprendre et à expliquer ensuite à leurs clients ; ils inspirent plus de confiance et ont une image moins risquée. »

Les investisseurs demandent des produits de réplication physique, ce qui pousse les émetteurs à développer en priorité une offre de ce type, d’où la croissance du nombre de produits dans cette catégorie. Les conseillers financiers poussent les trackers physiques, car ils sont plus facilement compris par le client.

Une question de réputation

Cette évolution reflète également un changement de perception provoqué par les prises de position des régulateurs financiers et sur la demande des investisseurs pour des produits simples, transparents et liquides.

En 2011, le Financial Stability Board a lancé un débat sur les risques de réplication liés à l’utilisation de contrats dérivés après la publication d’un rapport  qui a quelque peu entâché la « réputation » des ETP synthétiques.

« La préférence des investisseurs pour les outils à réplication physique est criante depuis au moins trois ans – observe Jose Garcia Zarate, analyste ETF chez Morningstar - et cette tendance ne devrait guère changer dans le futur, même s’il y a certains instruments synthétiques encore très populaires ».

Depuis 2012, plusieurs émetteurs d’ETP ont décidé de convertir une partie de leurs produits d’une réplication synthétique vers uneréplication physique (par exemple, Lyxor et Deutsche Asset & Wealth Management).

« Je pense que le marché va continuer à glisser vers la réplication physique, le poids des fonds passifs synthétiques diminuera au fil du temps, mais ces produits ne disparaîtront pas, bien sûr, parce que pour de nombreuses classes d'actifs, comme certaines matières premières, la réplication via des swaps est le seul choix possible », rappelle Boua.

Une comparaison sans préjugés

Les produits synthétiques impliquent-ils vraiment plus de dangers pour les investisseurs ? « En réalité, de notre point de vue, les ETP synthétiques ne sont pas forcément plus risqués, car ils sont tous sur collatéralisés », explique le représentant d’ETF Securities.

« En ce qui concerne les coûts pour les émetteurs cela peut varier. Pour certaines classes d'actifs, tels que les marchés émergents, la réplication synthétique est le choix le plus facile et le moins coûteux »

Les analystes de Morningstar ont publié des recherches approfondies sur les deux méthodes de réplication (voir ci-dessous), et ont conclu qu'il n’y a pas une réplique meilleure ou moins risquée en soi.

Bien qu'il y ait d’un côté un risque de contrepartie lié au contrat de swap, de l’autre il y a des risques possibles liés à l’activité de prêt de titres et à la tracking error (différence entre la performance du benchmark et du fonds). Ce qui importe, ou devrait compter, c’est donc la compréhensibilité des produits et leur transparence.

Cliquez ici pour lire l’étude Morningstar sur les ETF physiques.

Cliquez ici pour lire l’étude Morningstar sur les ETF synthétiques.

 

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.