Carmignac stabilise ses encours, voit un regain de volatilité en 2015

La société de gestion clôture a stoppé l’hémorragie de 2014 et s’attend à une montée des risques liés à la déflation en 2015.

Jocelyn Jovène 26.01.2015
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Après un premier semestre catastrophique, Carmignac a réussi à stabiliser l’hémorragie des encours au cours du second semestre 2014.

Sur l’ensemble de l’année, la décollecte a tout de même atteint 6,4 milliards d’euros, reflet selon les dirigeants de la société de gestion des contre-performances de 2013, en particulier du fonds d’allocation Carmignac Patrimoine (noté « Silver » par Morningstar). La quasi-totalité de cette décollecte est intervenue au cours du premier semestre, a rappelé lundi Didier Saint-Georges au cours d’une conférence de presse.

La société a terminé l’année avec un encours sous gestion de 50,4 milliards d’euros, en repli de 5,4% par rapport à l’exercice précédent, la performance des fonds ayant permis de contrebalancer en partie les sorties de capitaux (graphique).

Source: Carmignac.

Pour 2015, les gérants de Carmignac s’attendent un regain de volatilité, la thématique des marchés étant centrée sur le « risque de déflation ». « Les bonnes nouvelles récentes nous font penser pour le moment qu’il ne s’agit que d’un risque », a observé Frédéric Leroux, gérant global chez Carmignac.

Aux Etats-Unis, les gérants de Carmignac anticipent une croissance toujours inférieure au potentiel, autour de 2% sur l’année (contre 3% attendus par le consensus). L’économie américaine ne tourne actuellement que sur un des trois moteurs. L’investissement ne devrait pas accélérer tandis que le soutien des exportations à l’activité est bloqué par la remontée du dollar. « Le seul moteur c’est la consommation », a noté Frédéric Leroux, qui s’est ouvertement interrogé sur l’intérêt dans ce cadre pour la Fed de commencer à remonter ses taux cette année.

En zone euro, le gérant a observé un mouvement de convergence des rendements à 10 ans entre l’Europe et le Japon, reflet des défis majeurs qu’il reste à traiter (hausse de l’endettement public, insuffisance de la croissance, déflation).

Sur les marchés émergents, les investisseurs – dont Carmignac – offrent une prime aux pays réformateurs (Chine, Inde) au détriment des autres régions du monde.

Frédéric Leroux a souligné la mise en place d’une politique monétaire plus accommodante en Chine tout en soulignant le risque d’une guerre ouverte des changes. « Une guerre totale sur le marché des changes n’est pas impossible », a observé le gérant, tout en s’étonnant de la relative passivité des Etats-Unis face à la hausse du dollar.

En termes d’allocation et de choix sectoriels, le gérant continue de privilégier les titres plus défensifs à croissance visible (il évoque d’ailleurs le retour du thème des « Nifty Fifty »), ainsi que les actifs en dollars. « Nous nous attendons à un regain de volatilité plus propice à la gestion des risques », a noté Frédéric Leroux.

Sur la poche obligataire, Rose Ouahba a indiqué s’attendre à un aplatissement de la courbe des taux, avec une normalisation de la politique monétaire américaine en fin d’année, et à une poursuite du rallye obligataire compte tenu des injections de liquidités des banques centrales qui seront plus importantes en 2015 qu’au cours des dernières années.

Compte tenu de la divergence de politiques monétaires entre zone euro et Etats-Unis, les actifs en dollars restent majoritaires dans la gestion de Carmignac Patrimoine (60% du fonds). La gérante et son équipe cherchent également des opportunités d’investissement dans les émissions à haut rendement dans le secteur de l’énergie, ainsi que dans la dette locale émergente, pour jouer le « différentiel de taux avec les marchés développés. »

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.