Comment lire un KIID

Ce que le KIID Key Investor Information Document vous apprend… et ce qu’il ne vous dit pas.

Mara Dobrescu 04.07.2011
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Le KIID est l’une des nouveautés-phare de la directive Ucits IV, qui entre en vigueur au 1er juillet 2011 et a pour objectif de simplifier l’information offerte aux investisseurs tout en l’harmonisant entre les différents pays de la Communauté Européenne. Si les investisseurs se voyaient remettre précédemment des prospectus pouvant faire jusqu’à quelques dizaines de pages, le KIID a un format standardisé de 2 pages qui présente de manière succincte les informations essentielles ; il s’agit en quelque sorte de la « carte d’identité » d’un fonds. Sur la forme, le KIID cherche aussi à éviter le jargon financier et à utiliser des termes aussi simples et limpides que possible (« plain language »). Mais attention, si les données contenues dans le KIID sont nécessaires avant de décider d’investir ou non dans un fonds, elles ne sont pas toujours suffisantes. Les investisseurs doivent rester à l’affût et savoir détecter les points essentiels ainsi que les informations manquantes.

Trois points principaux méritent selon nous que l’investisseur s’y intéresse tout particulièrement.

 Objectif et Stratégie d’investissement

Située juste après la partie « Identification » du fonds (Nom, Code ISIN etc.), cette section est l’un des points essentiels du document puisqu’elle propose un descriptif simple du processus de gestion du fonds. Doivent y figurer les principales classes d’actifs sur lesquelles le fonds se permet d’investir, ainsi que les éventuelles zones géographiques, secteurs ou thématiques d’investissement, voire le cas échéant les biais de style visés (« growth », « value »). Le KIID doit aussi préciser l’existence ou non d’un benchmark auquel la performance du fonds puisse être comparée ou qu’il vise à surperformer, ainsi que les domaines dans lesquels les choix de l’équipe de gestion peuvent être discrétionnaires, comme par exemple en matière de taille de capitalisation. Enfin, doivent apparaître tous les autres facteurs susceptibles d’impacter la performance,  notamment l’utilisation de couverture, d’effets de levier ou de techniques d’arbitrage.

Mais au-delà du KIID, encore faut-il savoir comment cette stratégie est déclinée, en pratique, au niveau du portefeuille du fonds. Par exemple, le nombre de lignes ainsi que le pourcentage de l’actif représenté par les 10 ou 20 plus grosses valeurs donnent une bonne indication du niveau de concentration (et donc du risque spécifique à chaque valeur) au niveau du portefeuille. Les investisseurs peuvent aussi regarder l’exposition géographique et sectorielle réelle du portefeuille pour en évaluer le niveau de diversification. Enfin, pour les fonds obligataires, les principales données à vérifier sont la répartition par qualité de crédit du portefeuille ainsi que sa sensibilité aux taux d’intérêt (souvent mesurée par la duration).  

 Profil de rendement-risque (SRRI)

Le SRRI (Standardized Risk-Return Index) est une mesure de la volatilité annualisée du fonds, basée sur des données historiques (écart-type mensuel sur les 5 dernières années,  par exemple). On y associe un chiffre de 1 à 7 qui correspond à un intervalle de volatilité : le niveau 1, considéré comme le moins risqué, comprend des fonds avec une volatilité annualisée inférieure à 0.5% alors que le niveau 7, le plus risqué, correspond à un écart-type supérieur à 25%. 

Niveau
de risque

Intervales de volatilité

> ou =

1

0%

0,5%

2

0,5%

2%

3

2%

5%

4

5%

10%

5

10%

15%

6

15%

25%

7

25%

 

Il est important de noter ici qu’il s’agit toujours de données dont la pertinence doit être évaluée au regard des conditions de marché dans lesquelles elles ont été enregistrées. D’autre part, la volatilité ne représente qu’un des risques auxquels on investisseur peut être exposé : exposition du fonds au risque devises, risque de crédit pour les fonds obligataires investissant dans des obligations « haut rendement » ou non notées, ou encore risque de liquidité, notamment pour les fonds exposés aux moyennes et petites capitalisations. Enfin, il faut noter la possibilité d’un risque de contrepartie si le fonds investit dans des produits dérivés négociés avec, ou garantis par un tiers.

 Les frais

La partie « frais » énumère l’ensemble des charges qui s’appliquent à l’investisseur et érodent la performance finale du fonds. En particulier, la partie « frais annuels » remplace le TFE (total des frais sur encours) précédemment publié dans la partie B statistique du prospectus, et les commissions de surperformance sont désormais présentées séparément.

Il est important de vérifier si ces dernières sont structurées d’une manière qui permet d’aligner les intérêts du gérant avec ceux des investisseurs. Parmi les questions à se poser : la surperformance est-elle exprimée en termes absolus ou relative à un benchmark, et ce benchmark est-il approprié (par exemple, s’agit-il bien de la version « dividendes réinvestis » pour les indices actions ?). Enfin, existe-t-il un « high watermark » ? Ce seuil plafond implique que la commission de performance ne s’applique que lorsque la valeur liquidative dépasse son plus haut niveau enregistré par le passé et évite que les investisseurs paient des commissions sur des résultats qui ne font en réalité que combler des pertes précédentes.

 

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A propos de l'auteur

Mara Dobrescu

Mara Dobrescu  est analyste Fonds chez Morningstar France