Marchés émergents: les fondamentaux ne justifient pas les cours - AXA Rosenberg

Malgré les incertitudes actuelles, le raffermissement de la reprise économique au second semestre profitera aux actions.

Jocelyn Jovène 01.07.2014
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Cet article fait partie de la série "Perspective", qui regroupe des contributions externes. Le texte suivant a été rédigé par Jonathan White d'AXA Rosenberg.

Depuis la fin 2010, les prix des actions émergentes est fortement décorrélé des bénéfices réalisés par les entreprises par rapport à ceux des marchés développés.
Jonathan White, Directeur adjoint de la gestion des portefeuilles client chez AXA Rosenberg, estime que les actifs émergents recèlent un potentiel de valorisation attrayant.

Les derniers indicateurs économiques publiés montrent une amélioration des déficits des comptes courants des pays émergents et de nombreux investisseurs considèrent que les mesures de soutien économique annoncées par le gouvernement chinois représentent un pas dans la bonne direction.

Les flux de capitaux vers les marchés émergents suggèrent une amélioration du sentiment des investisseurs à leur égard. Bien sûr, certaines difficultés demeurent cependant : les investisseurs restent inquiets quant à la stabilité du marché du crédit chinois, aux pressions exercées sur les marges bénéficiaires et à la faiblesse des prix des matières premières.

AXA Rosenberg n’utilise pas d’indicateurs macro-économiques dans la construction de ses portefeuilles, mais évalue et analyse en permanence la valorisation fondamentale des entreprises.

La sous-performance des marchés actions des pays émergents contraste fortement avec les bénéfices dégagés par les entreprises qui opèrent sur ces marchés, en particulier si l’on compare cette situation par rapport aux marchés développés. Le découplage entre cours des actions et résultats des entreprises n’a jamais été aussi marqué. Depuis octobre 2010, les actions émergentes sous-performent celles des marchés développés de 34% si l’on se réfère aux indices MSCI.

Parallèlement, durant la même période, les bénéfices réalisés par les entreprises des marchés émergents n’ont été inférieurs que de 14% par rapport à ceux des sociétés opérant sur les marchés développés.


Source : AXA Rosenberg, Thomson Reuters DataStream, MSCI au 31 mai 2014. Données rebasées à 100, 31 déc. 2010

« Historiquement, lorsque les investisseurs se détournent des marchés émergents, la sous-performance des valeurs de la zone s’accompagne d’une baisse similaire de leurs bénéfices. Ainsi, pendant la crise des monnaies asiatiques et la crise financière russe (de février 1997 à février 1999), les marchés actions des pays émergents ont sous-performé de 58% les marchés actions des pays développés tandis que les résultats des entreprises chutaient également de 51%.

Une explication raisonnable de ce découplage entre les prix des actions et les résultats des entreprises est liée au fait que les investisseurs sont plus pessimistes vis-à-vis du potentiel de croissance des bénéfices sur le long terme dans les marchés émergents.

Cette hypothèse n’est cependant pas confirmée par les prévisions IBES pour la période 2014-2016 qui indiquent une croissance annuelle des bénéfices de 10,9%, toujours en ligne avec la tendance à long terme. Ainsi, le niveau des bénéfices dégagés par les entreprises émergentes ne permet pas de justifier la sous-performance des marchés actions émergents par rapport aux marchés actions des pays développés depuis 2010.

Qu’en est-il des valorisations des actions émergentes ?

Le graphique ci-dessous compare les ratios cours/bénéfices anticipés à douze mois des actions des pays développés et des actions émergentes. Ces dernières se négocient à l’heure actuelle à un ratio cours/bénéfices de 10,7x, soit une décote de 28% par rapport à celles des marchés développés.

Si l’on prend en compte les prévisions de croissance des bénéfices pour la période 2014-2016 mentionnées ci-dessus, les actions émergentes se négocient à un ratio cours/bénéfices corrigé de la croissance inférieur à 1, contre 1,37 pour les actions des pays développés.

Source : AXA Rosenberg, Thomson Reuters DataStream, IBES au 31 mai 2014.

Bien que nous ne faisons pas de recommandation en matière d’allocation d’actifs, notre analyse de la valorisation des fondamentaux des émetteurs révèle cependant que les actions émergentes se négocient actuellement à des niveaux attrayants en absolue et par rapport aux actions des pays développés. Le découplage sans précédent des actions émergentes vis-à-vis des actions des pays développés ne s’accompagne pas d’une baisse des bénéfices des entreprises.

Une amélioration de la conjoncture macroéconomique pourrait ainsi entrainer une revalorisation des marchés émergents.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.