LafargeHolcim veut devenir le leader mondial du ciment

Le nouvel ensemble réalisera un chiffre d'affaires de 32 milliards d'euros avant cessions d'actifs sur une base proforma.

Jocelyn Jovène 07.04.2014
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Le français Lafarge et le suisse Holcim ont officialisé lundi un projet de fusion entre égaux qui doit donner naissance à un géant du ciment et du béton réalisant un chiffre d'affaires de 32 milliards d'euros et dégageant un résultat brut d'exploitation (EBITDA) de 6,5 milliards d'euros.

Selon les estimations de Bank of America Merrill Lynch, le nouvel ensemble disposera d’une capacité de production de ciment de 380 millions de tonnes (voire plus de 400 millions de tonnes en intégrant les participations minoritaires détenues par les deux entreprises en Chine), dans un marché estimé à 3.700 millions de tonnes de capacité.

La transaction se fera par le biais d'une offre publique d'échange initiée par Holcim sur Lafarge sur la base d'une action Lafarge pour une action Holcim.

L'opération devrait générer 1,4 milliard d'euros de synergies en année pleine au bout de trois ans, dont un tiers visé dès la première année.

Compte tenu du risque anticoncurrentiel lié aux parts de marché significatives déjà détenues par les deux acteurs dans plusieurs marchés développés, les deux groupes envisagent des cessions d'actifs représentant 10% à 15% de l'EBITDA du nouvel ensemble.

Dans un communiqué de presse, les deux groupes indiquent qu'ils comptent clôturer la transaction dans le courant du premier semestre 2015.

En Bourse, l'action Lafarge gagne 4% dans les premières minutes d'échanges à Paris, après avoir bondi de près de 9% vendredi lorsque le projet a été révélé.

Ce que disent les brokers

« L’opération pourrait créer un géant mondial avec un pouvoir de négociation significatif et une génération de trésorerie considérable (plus de 2 milliards d’euros de free cash-flow d’ici 2016) », estiment les analystes d’Exane BNP Paribas dans une note.

Le courtier ajoute que les risques anticoncurrentiels « ne sont pas insurmontables ». « Notre analyse montre que les deux groupes pourraient ne devoir céder que 3,7 milliards d’euros d’actifs environ (11% de l’ensemble combiné) – ces actifs pourraient valoir 8 milliards d’euros (9,4x l’EBITDA prévu en 2016). »

Bank of America Merrill Lynch voit les principaux risques concurrentiels sur la France, le Canada, la Roumanie, les Philippines – des pays où la part de marché combinée des deux sociétés dépasserait les 50%.

Natixis souligne de son côté que cette opération a un impact favorable pour le secteur. « Pour ne pas se laisser distancer par ce futur mastodonte, dans un secteur qui continue de souffrir, les autres groupes vont devoir réagir. Il est ainsi à parier que l’activité M&A sera soutenue, et que de nombreux rapprochements sont à prévoir », écrivent ses analystes dans une note.

Morgan Stanley insiste de son côté sur le fait que l’industrie cimentière européenne fait l’objet d’une surveillance accrue de la part de l’Union européenne – certaines transactions, notamment le projet de JV entre Lafarge et Anglo American au Royaume-Uni, sont l’objet d’enquêtes approfondies.

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Valeurs citées dans l'article

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Holcim Ltd77,54 CHF-0,36Rating

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.