Lafarge pénalisé par les changes

Le cimentier a poursuivi son travail de désendettement, avec une baisse de 1 milliard d'euros sur un an.

Jocelyn Jovène 19.02.2014
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Lafarge anticipe une croissance de 2% à 5% de ses marchés, et fort d'une reprise des volumes et des efforts de réduction des coûts, espère retrouver son statut "investment grade" en 2014.

Le cimentier vise une amélioration de son EBITDA de 600 millions d'euros cette année, puis de 1,1 milliard d'euros entre 2015 et 2016.

Le groupe a clôturé 2013 sur un résultat net de 601 millions d'euros (+65%), pour un chiffre d'affaires en baisse de 4% à 15,2 milliards d'euros. L'amélioration du résultat s'explique notamment par les plus-values sur cessions d'actifs.

L'EBITDA du groupe a diminué de 9% à 3,1 milliards d'euros, affecté par la volatilité des devises et les contreperformances du groupe en Europe de l'Ouest et de l'Est et en Amérique Latine.

Ces effets de change ont contrebalancé l'amélioration des volumes et des prix qui ont commencé à se matérialiser l'an dernier, souligne le groupe dans un communiqué de presse.

L'avis de Morningstar

Pour Kristoffer Inton de Morningstar, les résultats du groupe ont été "décents", avec une amélioration sous-jacente des résultats malgré l'impact défavorable des changes. L'analyste estime toutefois que le niveau d'endettement reste une source d'inquiétude, au regard d'importants remboursements à brève échéance. 

"Nous ne voyons pas comment le groupe peut atteindre son objectif de dette en 2014 (moins de 9 milliards d'euros) au regard de nos anticipations de flux de trésorerie", observe-t-il.

Ce que disent les brokers

La plupart des analystes saluent les prévisions pour 2014, que certains, comme Natixis Securities, jugent "rassurantes".

"Lafarge vient de publier des résultats T4 13 inférieurs aux attentes, à cause du change. La tendance sur l'activité s'est toutefois améliorée au T4, grâce à la poursuite de la croissance sur la plupart des pays émergents (sauf Europe de l'Est), à un rattrapage en Amérique du Nord et à un début de stabilisation en Europe de l'Ouest", notent les analystes de la banque.

Société Générale estime que sur la base des prévisions communiquées, l'EBITDA atteindrait 3,75 milliards d'euros en 2014 contre un consensus actuellement à 3,55 milliards d'euros. Le courtier, qui est neutre sur le titre, estime que les prévisions 2014 sont trop optimistes.

Bank of America Merrill Lynch juge "solide" la prévision pour 2014 après des résultats 2013 en ligne avec les attentes.

Kepler Cheuvreux voit des signes encourageants dans la publication, en particulier avec l'amélioration des perspectives dans les marchés émergents.

Pour CM-CIC Securities, "Lafarge devra démontrer en 2014 sa capacité à sortir de la période de transition et à traduire en résultats sonnants et trébuchants les efforts d'économies de coûts grâce à la réapparition d'un écart prix-coûts variables positifs, et à la stabilisation des marchés les plus gravement touchés."

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.