Regain d’intérêt pour les convertibles

Les turbulences qu’ont traversées les marchés remettent cette classe d’actifs au goût du jour. D’autant qu’au niveau mondial les émissions sont reparties à la hausse.

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"Il est vrai que sur 3 ou 5 ans, les obligations convertibles sous-performent les actions, mais sur 10 et 15, la classe d’actifs convertibles délivre une performance comparable à celle de la classe actions avec une volatilité de moitié inférieure". Pour Olivier Guillou, responsable de la gestion convertible chez Ecofi, ces supports offrent un peu le meilleur des 2 mondes, le dynamisme des marchés actions lorsque ces derniers sont bien orientés et la sécurité relative du coupon obligataire, avec un niveau de risque inférieur.

Et les mouvements boursiers des derniers mois sont là pour confirmer son analyse : si les fonds convertibles euro ont perdu 2,5% au cours des 3 derniers mois, sur la même période les fonds actions investis sur les grandes capitalisations françaises ont perdu près du double (-4,9%) tandis que ceux investis en petites et moyennes capitalisations lâchaient 5,6%. Pour mémoire rappelons que sur 3 ans, le classement de performance s’inverse : entre 60 et 80% pour les fonds actions France contre 26% "seulement" pour les fonds convertibles euro…

Bref, en période d’incertitude, il peut s’agir d’une option à regarder de près comme l’indique la Française des Placements dans sa dernière lettre mensuelle : "pour les plus prudents, les obligations convertibles constituent toujours une alternative intéressante". Du coup, alors que les convertibles étaient un peu tombées en désuétude au cours des dernières années après l’engouement qu’elles avaient connu au début des années 2000, elles suscitent de nouveau de l’intérêt.

Les émissions reprennent

Il est vrai que le gisement avait progressivement baissé : de 160 milliards d’euros en 2001 en Europe, le marché des obligations convertibles est passé à 80 milliards en 2007. Mais le marché mondial est bien orienté avec des émissions qui sont reparties à la hausse depuis 2006.

De ce fait, les gérants de fonds sont plus à l’aise pour "faire leur marché" car dans le monde du convertible toutes les émissions ne se valent pas. Les obligations convertibles affichent en effet des profils actions, obligations ou mixtes. Une convertible « actions » se caractérise par une forte sensibilité à son action sous-jacente, il s’agit du delta qui mesure dans quelle proportion la convertible réagit aux mouvements de l’action. Avec une sensibilité de 40%, une convertible progresse de 8% si l’action sous-jacente gagne 20%. Quant à la composante taux d’une convertible, qui sert en quelque sorte de plancher de sécurité, il faut garder en tête qu’il peut s’agir d’un taux réellement plancher, 1,5% par exemple.

Autre élément à ne pas négliger, alors qu’en 2000 les émissions asiatiques représentaient un volume marginal, depuis le début de l’année les émissions Asie hors Japon ont d’ores et déjà atteint le poids des émissions européennes.

Maîtriser sa poche de risque

D’où l’intérêt d’Antony Vallée, gérant du fonds Global Convertibles chez JP Morgan pour cette région du monde. Il joue aussi bien la croissance du marché des télécommunications en Inde que celui de l’alimentaire en Chine : "le rythme de croissance soutenu de la Chine et de l’Inde génère de nombreuses opportunités d'investissements que ce soit dans l’eau, l’énergie, les infrastructures…".

Pour le gérant, les obligations convertibles offrent un bon moyen de profiter de la vivacité des marchés avec un faible niveau de risque. Une analyse que partage Olivier Guillou d’Ecofi qui rappelle qu’entre décembre 96 et septembre 2007 les actions ont en moyenne offert un rendement annuel de 12% avec une volatilité de l’ordre de 22% contre une performance annuelle de plus de 12% pour les obligations convertibles avec une volatilité de l’ordre de 10 points.

Dans le cadre d’un portefeuille, les obligations convertibles permettent "d’économiser son crédit de risque, estime Antony Vallée, pour l’utiliser éventuellement sur des classes d’actifs plus sportives".

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.