Le boom de la Chine

En dépit d’une progression vertigineuse de la bourse de Shanghai en 2006, les fonds actions Chine gardent tout leur intérêt.

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Pas de doute, avec une performance de plus de 64% en 2006 pour le fonds Saint-Honoré Chine les regards se tournent vers l’Empire du Milieu. Et il ne s’agit pas là d’une exception : les fonds de cette catégorie ont en moyenne progressé de 40% l’année dernière ; et les moins performants ont tout de même permis d’obtenir un rendement supérieur à 10%.

Il est vrai que l’année écoulée a été particulièrement positive pour les marchés boursiers chinois. Ainsi l’indice SSE de la bourse de Shanghai a pris plus de 130% en l’espace de 12 mois, passant de 1.200 à plus de 2.500 points. Si actuellement Shanghai est à 3.000 points, il convient de noter que c’est au prix d’une extrême volatilité : en un an son indice a touché les extrêmes, de 1.250 à 3.000 points.

Cette volatilité se répercute bien sûr au niveau des fonds jouant cette classe d’actifs : ils affichent une volatilité de l’ordre de 15 à 20 points contre une volatilité de 8 à 12 point pour les marchés développés.

Alors, la bourse de Shanghai n’est-elle tout simplement pas devenue un peu chère ? Il faut se rappeler que cette excellente cuvée fait en réalité suite à une année 2005 qui avait vu la Bourse de Shanghai toucher à 1.000 points son plus bas niveau depuis 8 ans…

Chine et Grande Chine

En réalité, sur le marché chinois, l’autre indice qui intéresse les professionnels est celui de la bourse de Hong Kong, le Hang Seng. Ce dernier est passé de 14.900 à 20.000 points en 2006 et a progressé de 32% sur 1 an. Cette hausse a permis à Hong Kong de retrouver son niveau de 2000, avec une volatilité bien moindre que celle de Shanghai.

Pour l’investisseur cet élément n’est pas à négliger, car pour jouer la Chine il se voit proposer plusieurs stratégies : opter pour un fonds Chine intervenant sur les places précédentes, ou faire un pari sur la Grande Chine, c'est-à-dire une zone incorporant des marchés satellites comme Taiwan. Certes les performances des fonds Grande Chine peuvent sembler moins flatteuses mais elles sont souvent, aussi, bien moins volatiles avec des fonds intervenant sur des marchés offrant une plus grande transparence que celle qui prévaut sur les marchés boursiers purement chinois.

Au total, au travers de ces 2 catégories on compte une soixantaine de fonds pour jouer la croissance de la Chine avec des rendements qui en 2006 se sont étagées de 70 à 7%.

Une croissance durable

…Bien que difficile à évaluer. Officiellement, le pays connaîtrait une croissance de 9% par an. Mais en réalité on soupçonne que les performances de l’économie sont bien supérieures. Pour quoi un tel écart ? Pour des raisons politiques d’abord : les partenaires commerciaux de la Chine commencent à s’inquiéter et à s’agacer de l’augmentation irrépressibles des exportations chinoises. D’autre part il n’est pas sûr que les outils statistiques du pouvoir chinois soient très fiables. Au vu des importations chinoises de matières premières, qui ont tiré à la hausse les cours mondiaux du pétrole mais aussi de l’acier ou de l’aluminium, plusieurs économistes sont tentés de penser que la croissance est bien supérieure au chiffre officiel.

Quoi qu’il en soit, les anticipations de croissance pour les années à venir sont extrêmement positives, de l’ordre de 8% à 9% par an au cours des 15 prochaines années. Avec des facteurs de soutien solides comme l’immobilier et le secteur de la construction accompagnant la forte urbanisation du pays, ainsi que la hausse continue de la consommation avec le développement d’une classe moyenne d’ores et déjà évaluée entre 180 et 280 millions d’habitants.

Certes le revenu par habitant s’établit en Chine à 1 300 dollars contre plus de 42.000 dollars aux Etats-Unis mais il connaît une croissance annuelle vertigineuse, de l’ordre de 30%, qui fait de la Chine le 3ème marché mondial pour les produits de luxe derrière les États-Unis et le Japon. Cette frénésie de consommation, qui s’accompagne d’un doublement annuel du nombre de cartes de crédit en circulation, explique que les sociétés occidentales se lancent sur ce marché.

Mais ce tableau prometteur, avec à l’horizon 2008 la tenue des jeux olympiques à Pékin, ne doit pas faire négliger les risques potentiels qui pointent. Bien sûr, il y a d’abord la bourse de Shanghai qui risque la surchauffe. Conscientes de cette situation les autorités locales ont d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme, ce qui a conduit à un « coup de grisou » en janvier. Il faut aussi compter avec un risque bien réel à terme de surcapacité et surinvestissement, en autre dans l’immobilier à Shanghai où se trouverait la plus grande concentration de grues au monde. Enfin il y a l’évolution du yuan, la monnaie chinoise. Il est "collé" au dollar américain et baisse avec ce dernier. Un yuan faible dope certes les exportations, mais cette situation exaspère les Américains qui souhaitent que les Chinois laissent flotter leur monnaie. De leur côté les Européennes commencent aussi à montrer des signes d’agacement sur cette question. Une appréciation du yuan aura pour conséquence de renchérir le coûts des exportations et de conduire, au moins momentanément, à des mesures de réajustement.

Une offre diversifiée

Consommation, distribution, infrastructures, secteur financier… les thèmes d’investissement ne manquent pas dans la zone et les gérants de fonds en tirent parti. Mais curieusement, alors que la Chine est à la mode les réseaux bancaires ne semblent pas braquer les projecteurs sur ces fonds. C’est ce qui ressort de la consultation des sites internet des principales banques.

A la Société Générale on trouve le fonds Sgam Equities China qui a enregistré de belles performances en 2006 avec toutefois un 2004 un passage à vide et une performance négative de plus de 9% ! Il convient en outre de noter que le fonds supporte des droits d’entrée conséquents, de l’ordre de 5%, et des frais de gestion de l’ordre de 2%. Cette situation n’est toutefois pas propre au fonds Sgam. De manière générale les fonds Chine coûtent cher et ils sont souvent libellés en dollar américain.

Ainsi le CA Greater China proposé par le Crédit Agricole, lui aussi en dollar, supporte 4,5% de frais d’entrée mais son orientation Grande Chine lui a permis de gardé la tête hors de l’eau en 2004 avec cette année-là une performance positive à près 5%. Coté BNP Paribas, il faut fureter longtemps sur le site internet avant de dénicher enfin un fonds, le Parvest China qui en dépit d’un portefeuille bien étoffé avec un nombre de ligne important qui se situe à près du double de la moyenne de la catégorie affiche une volatilité importante.

Bien évidemment on trouve des fonds Chine hors des réseau bancaires avec par exemple chez Ofivalmo un Ofi Ming qui en dépit d’un portefeuille très concentré d’une trentaine de lignes affiche une volatilité relativement faible et des performances plus étales que celles d’un fonds pur Chine. A l’opposé il convient de mentionner le Fidelity China Focus qui dispose d’un portefeuille bien diversifié avec une centaine de lignes.

Enfin rappelons pour ceux qui souhaitent jouer la Chine dans le cadre de leur PEA qu’il existe un tracker pour cela, le Lyxor ETF China qui réplique les performances de l’indice phare de la bourse de Hong Kong avec des frais de gestion plancher à 0,65% auxquels il convient bien évidemment d’ajouter les frais de courtage inhérents à tout titre coté qui s’échange en bourse.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.