Fonds TMT : le coup de bambou

A l'instar de nombreux fonds TMT, France Techno Media affiche des performances calamiteuses. Son gérant, Manuel Domeon, explique comment on en est arrivé là. Et pourquoi il demeure confiant.

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Une performance en recul de 60% en 2002, après -48% en 2001… n'est-ce pas un peu dur à assumer ?

Le fonds a été créé en avril 2000, dans la première phase de dégringolade des TMT avant le grand plongeon de septembre. Nous avions déjà 2 autres fonds TMT à l'époque.

Le fonds Saint-Honoré Techno Media avait été créé en 1997. Il s'agit d'un fonds techno à orientation internationale qui a bien profité de la montée du secteur avant son effondrement boursier, avec une exposition sur les marchés américains, japonais et européens. Ce fonds est plutôt investi en grandes capitalisations. Fin 99 nous avions aussi lancé Europe Techno Media dans une optique européenne.

En raison de sa faible collecte, ce dernier fonds a été fermé. Il ne nous apparaissait pas nécessaire de garder 3 fonds sur un marché qui souffrait. Le fonds France Techno Media répondait au besoin d'une clientèle privée qui voulait intervenir sur le Nouveau Marché dans le cadre du PEA.

Comment les investisseurs ont-ils réagi à l'évolution du secteur, et de votre fonds en particulier ?

L'actif de ce fonds n'a jamais été très important, au plus haut il était de l'ordre de 20 millions d'euros. Il a beaucoup baissé, en raison du recul des marchés et des rachats de parts. Depuis 2 ans on assiste à des hausses et des baisses d'encours, avec un niveau d'étiage à environ 2,5 millions d'euros en septembre 2002. En fait, on s'aperçoit que les investisseurs utilisent le fonds pour jouer les rebonds.

Quelles sont les analyses qui ont présidé au choix des valeurs en portefeuille ?

Notre benchmarch est l'IT CAC. Une partie de notre portefeuille est composée de grandes capitalisations comme France Télécom, Vivendi, Orange, ST Microelectronics, Wanadoo qui représentent entre un tiers et 50% des actifs. Cette partie du portefeuille vise à coller au benchmark.

La seconde partie du portefeuille est composée d'un choix plus personnel de valeurs sélectionnées sur le Second ou le Nouveau Marché, comme Soitec qui a été une des vedettes du Nouveau Marché. Il s'agit d'une société grenobloise qui intervient sur le marché des semi-conducteurs avec des brevets exclusifs au niveau mondial et une très belle base de clientèle. En 2002, l'entreprise a souffert d'un différend juridique aux Etats-Unis et du ralentissement de son marché. Elle est passée de 20 à 4 euros, mais je crois toujours à cette valeur.

Brime Technologies est une société de services informatiques que l'on peut comparer à un petit Altran. La valeur s'est moyennement comportée mais elle n'est pas chère. Devoteam est une SSII spécialisée dans les télécommunications et les réseaux informatiques où elle dispose d'une excellente assise.

Nous avons une position plus osée avec Qualiflow. Comme beaucoup de valeurs technologiques, elle a été chahutée en bourse, mais elle est sur des marchés durablement porteurs avec des clients dans la fibre optique et les semi-conducteurs. Et elle dispose d'une trésorerie supérieure à sa capitalisation boursière.

Est-ce que l'ouverture du PEA aux fonds investis sur les valeurs de la Communauté européenne va vous inciter à élargir votre terrain de chasse ?

Non, il vaut mieux se concentrer sur un univers limité mais que l'on maîtrise bien plutôt que de chercher à suivre un trop grand nombre de valeurs.

Quels sont vos pronostics pour le secteur des TMT ?

A court terme, entre 3 et 6 mois, je pense que l'on ne peut pas espérer de rebond durable. A horizon de 2 à 3 ans, nous sommes confiants sur le secteur. Il semble clair qu'il ne retrouvera pas les niveaux atteints au plus-haut de l'engouement pour les technologiques mais la suspicion qui prévaut aujourd'hui en bourse à l'encontre de ces valeurs devrait céder la place à une approche plus rationnelle. D'autant qu'avec des niveaux de valorisation attractif, le secteur des TMT s'est déjà et va continuer à se nettoyer et que les sociétés qui resteront seront plus solides.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.