Le beau potentiel des small caps

Gérante du fonds Schroder ISF European Smaller Companies, Daniele Serruya explique pourquoi elle est convaincue que les petites capitalisations doivent connaître un meilleur parcours boursier que les blue chips.

Fernando Luque 01.07.2002
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Le fonds que vous gérez affiche de meilleures performances que les principaux indices européens. A quoi attribuez-vous cette situation ?

Les petites capitalisations européennes ont eu un parcours sensiblement meilleur que celui des grandes capi tant sur 1 an que 2 ans et même sur 3 ans, mais sur un laps de temps plus long la situation est inversée. Par exemple, au cours des 5 dernières années, entre le 10 juin 1997 et le 10 juin 2002, l’indice MSCI Europe (ex UK) en dollars a gagné 10,4% contre une augmentation de 2,4% pour l’indice SSB EMI Europe (hors UK).

Quels sont les éléments qui peuvent expliquer la bonne tenue des small caps ?

Un élément qui peut expliquer ce changement de sentiment tient au fait que les small caps ne sont plus considérées comme plus risquées que les grandes capitalisations.

Jusqu’à récemment, les investisseurs considéraient les petites capitalisations comme des valeurs ayant moins la capacité de tenir le coup en période de forte volatilité en raison de leur taille. On pensait aussi qu’elles pouvaient être plus facilement décevantes au niveau de leurs résultats dans la mesure où beaucoup de ces sociétés sont dépendantes d’un seul produit ou d’un seul marché.

Toutefois on a vu récemment les cours des grandes capitalisations, ayant une grande notoriété, chuter dramatiquement ce qui a participé au changement de sentiment des investisseurs.

Vous avez des exemples ?

Un bon exemple de cela est Alcatel, le fabricant français d’équipements de télécommunication. Il y a 2 ans, l’action Alcatel se situait autour de 90 euros, ce qui correspondait à une capitalisation boursière de 106 milliards d’euros. Depuis lors, l’action a lâché 87% pour atteindre 11 euros et la capitalisation boursière de la société a été ramenée à 13,5 milliards d’euros. Ceci montre que les grandes capi peuvent être aussi volatiles et risquées que les petites valeurs.

Est-ce que le mauvais parcours boursier des grands groupes est la principale raison de l’intérêt pour les petites valeurs ?

Il y a d’autres raisons qui expliquent que les investisseurs s’intéressent de plus en plus aux small caps. La majorité de ces dernières ont un niveau de cours attractif eu égard à leurs perspectives de croissance. En réalité, comparées aux grands groupes, les small caps européennes apparaissent relativement bon marché. Leurs cours actuels présente une décote de 30 à 35% par rapport à ceux des grands groupes, ce qui signifie que leur potentiel de hausse est plus important.

Sur quels critères décidez-vous de mettre une entreprise en portefeuille ?

Nous achetons des sociétés qui ont une bonne solidité financière, qui affiche une gestion saine et qui offre un produit ou un service unique peu exposé à la concurrence. Et aussi qui présente des bonnes perspectives de croissance à long terme.

Des exemples concrets ?

Société Générale de Surveillance, un fournisseur mondial de services en inspection industrielle, est un bon exemple. Récemment, l’entreprise a nommé un nouveau dirigeant, Sergio Marchione, qui a réduit les coûts et qui met en place dans l’entreprise une culture de rentabilité. Nous pensons que cette société est bien positionnée pour augmenter ses résultats dans le futur.

Vinci, qui construit des routes et offre des services de gestion de péage est un autre bon exemple. La société a étoffé son portefeuille de concessions pour la gestion de parking et de péages autoroutiers. Les marges peuvent être sensiblement meilleures dans ce domaine que sur la seule activité de construction. L’entreprise offre de belles perspectives de croissance et nous pensons que son cours actuel est attractif.

Faut-il continuer à parier sur les small caps ?

Les small caps profitent mieux que les grands capi des périodes de reprise économique. Bien que les entreprises doivent encore monter une amélioration de leurs résultats, les données économiques continuent à indiquer un rétablissement solide cette année.

Ainsi, l’indice IFO qui mesure le degré de confiance des entrepreneurs allemands s’est ressaisi en mai après avoir été en recul au cours des mois précédents. Cela témoigne du sentiment positif qui prévaut tant sur les conditions actuelles que sur l’avenir.

A mesure que les inventaires se reconstituent et que s’améliorent les échanges mondiaux, nous assisterons au cours des prochains mois à une amélioration de des marges bénéficiaires. Dans ces conditions, les petites capitalisations devraient voir leur cours évoluer favorablement et afficher un meilleur comportement boursier que les blue chips.

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A propos de l'auteur

Fernando Luque

Fernando Luque  est le rédacteur en chef de Morningstar Espagne.