La récession est là, mais elle ne durera pas

Après une croissance nulle ou négative sur les 3ème et 4ème trimestre Roland Calvo, directeur de la stratégie chez CDC Ixis AM, table sur le retour de la croissance en 2002. Une reprise qui devrait bénéficier aux marchés actions

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Faut-il rester serein après les attentats américains de la semaine dernière ?

Non, on ne peut pas être serein aujourd’hui. La principale conséquence de ces attentats est de faire monter l’insécurité et l’incertitude. Au-delà des morts, de la destruction de plusieurs immeubles et de la tragédie humaine, il s’agit surtout d’un symbole.

Quand l’insécurité augmente, les ménages et les entreprises ont tendance à adopter une attitude temporaire de repli. Ainsi, la semaine dernière, les ventes automobiles ont été extraordinairement basses aux Etats-Unis. D’autre part, au niveau des entreprises on est en

période de budget. On manque de visibilité et compte tenu des incertitudes les industriels ne vont certainement pas prévoir d’investissements majeurs à court terme.

Pour autant, peut-on parler de récession ?

Aujourd’hui, on admet que l’on se dirige vers la récession. La plupart des grandes maisons de courtage américaines ont déjà modifié leurs prévisions en ce sens.

C’est d’ailleurs plutôt un bon point : jusqu’alors on était sur un marché qui était en train de ralentir sans réellement savoir si l’économie entrerait en récession. Toutes les mauvaises nouvelles pesaient sur les cours sans que les bonnes nouvelles n’aient un impact positif. De ce point de vue, la situation est aujourd’hui beaucoup plus claire

Donc rien à attendre des marchés actions ?

Plus on baisse aujourd’hui, plus le rebond sera violent l’année prochaine car les autorités monétaires ont mis en place des moyens énormes. La Fed, la BCE, la Banque du Japon ont injecté beaucoup de liquidités avec 100 milliards de dollars Outre-Atlantique, 110 milliards d’euros sur la zone Euro et 40 milliards de dollars au Japon. En outre, la baisse de taux des grandes banques centrales aura un impact positif

La question est maintenant de savoir si nous sommes arrivés au plus bas sur les marchés actions. Aux Etats-Unis, sur la base d’une valorisation à l’aide du PE en prenant les derniers profits connus, les marchés bien que peu chers ne sont pas sur-vendus si l’on considère les extrêmes atteints lors des situations de crise. Une baisse supplémentaire de 10 % serait justifiée par rapport aux plus bas des années 90. Si par contre, l’on utilise les prévisions de bénéfices estimés à 12 mois, les marchés se trouvent à leurs plus bas.

Quelles seront les régions les plus touchées par le ralentissement économique ?

Le Japon est déjà en récession. Le PIB va encore régresser au troisième trimestre. Le pays souffre d’un yen trop fort, d’un Nikkei en dessous de la barre des 10.000 points et d’un déficit public colossal. Nous ne sommes pas du tout confiants sur le Japon.

Si l’hypothèque militaire est levée, le ralentissement américain ne devrait pas durer au-delà du quatrième trimestre. Les ménages américains n’ont pas de raison de réduire leur consommation. On parle beaucoup de leur endettement, mais la situation est plus contrastée que ce l’on image souvent. Selon les statistiques de la Fed, les 20% de foyers américains les plus riches détiennent 62,9% de la richesse, composée dans leur cas à 88% d’actions.

Cette tranche de la population il est vrai a vu entre 92 et 2000 son taux d’épargne passer de 4,9% à –4,4%. Mais dans le même temps, le deuxième cinquième le plus riche de la population a vu passer son taux d’épargne de 2,7% à 1,1%, le 3ème cinquième de 1,3% à 1,4%, le quatrième de 2,6% à 5,5% et le dernier de 2,1% à 4,4%. Sans oublier les remboursements d’impôts d’un montant de 40 milliards de dollars. On peut dire que la situation patrimoniale des ménages américains s’est améliorée.

En ce qui concerne la zone Euro, nous prévoyons une croissance quasi nulle pour le troisième trimestre. Pour l’ensemble de l’année nous avons ramené nos prévisions de croissance de 1,8% à 1,5%, et pour la France de 2,3% à 2%. En ce qui concerne l’année 2002, nos prévisions portaient sur une croissance de 2,4% sur la zone Euro, nous l’avons ramenée à 2%. Au niveau de la France, nos prévisions sont passées de 2,6% à 2,25%

Votre politique d’allocation d’actifs milite donc en faveur des marchés actions ?

Le temps que l’horizon s’éclaircisse nous revenons à court terme globalement dans une situation de neutralité entre produits de taux et marchés actions, nous sommes même un peu négatifs sur les taux à 3 mois. Les taux à 10 ans ont beaucoup baissé. A court terme, la volatilité peu encore permettre des gains sur ce marché.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.