L'onde de choc des élections en Espagne se déplace sur le terrain européen

La décision du Premier ministre Pedro Sánchez de dissoudre le Parlement et d'organiser des élections législatives anticipées le 23 juillet prochain a provoqué un séisme en Espagne.

Agefi/Dow Jones 31.05.2023
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Crédit photo: AP

MADRID (Agefi-Dow Jones)--La décision du Premier ministre Pedro Sánchez de dissoudre le Parlement et d'organiser des élections législatives anticipées le 23 juillet prochain a provoqué un séisme en Espagne.

Cette initiative inattendue, qui fait suite à la débâcle électorale de son parti aux élections régionales et municipales du 28 mai, va de facto paralyser l'adoption d'une soixantaine de lois au Parlement.

"Les textes sur la mobilité durable et une nouvelle réglementation visant à rationaliser l'administration publique et à réduire le fardeau bureaucratique faisaient partie de l'accord convenu avec la Commission européenne pour débloquer des fonds de NextGenEU", le plan de relance de l'Union européenne (UE), indique Toni Roldán, directeur du centre de politique économique EsadeEcPol. "Ces fonds pourraient maintenant subir des retards et réduire la croissance économique potentielle de l'Espagne", prévient-il.

Jakob Suwalski, analyste en chef pour l'Espagne de l'agence d'évaluation financière Scope Ratings, estime cependant que l'organisation d'élections anticipées peut potentiellement constituer un avantage : "Cela devrait empêcher le gouvernement de perdre six mois d'un temps précieux pour déterminer les objectifs de politiques à long terme, y compris si cela suppose de former une coalition ou un gouvernement minoritaire".

De son côté, S&P n'anticipe pas d'"implication immédiate sur les politiques fiscale et économique espagnoles".

Dans une note, l'agence de notation égrène les bons fondamentaux économiques du pays : une croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de 0,5% en glissement trimestriel et de 3,8% en glissement annuel au premier trimestre, ainsi qu'un investissement qui continue "à se maintenir relativement bien". Dans un pays où l'inflation a ralenti à 3,2% en avril, "les finances publiques resteront un défi pour le prochain gouvernement espagnol, avec une dette publique nette par rapport au PIB prévue à 97,7% à la fin de l'année 2023, contre 87,5% à la fin de l'année 2019", souligne toutefois S&P.

Un fauteuil pour deux

La dynamique européenne risque néanmoins de pâtir de ces élections anticipées. L'Espagne doit assumer la présidence du Conseil de l'Union européenne à compter du 1er juillet 2023, pour une durée de six mois. Au vu des derniers sondages, la présidence tournante pourrait démarrer avec Pedro Sánchez comme Premier ministre et se terminer avec Alberto Núñez Feijóo, le chef du Parti Populaire (PP), à la tête du gouvernement espagnol.

Scénario du pire : les partis ne parviennent pas à former un gouvernement, ce qui pourrait conduire à une paralysie politique.

"L'Espagne a travaillé très dur ces 18 derniers mois pour préparer cette présidence", indique Karel Lannoo, le directeur général du think tank bruxellois CEPS. "Or la décision d'organiser des élections anticipées est très décevante et donne un sentiment de gâchis, d'autant qu'une présidence permet de mettre en évidence l'efficacité d'un pays dans la gestion des dossiers européens."

Dans un tweet en date du 29 mai, Mujtaba Rahman, managing director du cabinet de conseil en risque politique Eurasia Group en Europe, rappelle que "l'ordre du jour européen est chargé". Et de citer : l'accord UE-Mercosur, celui sur la réforme du pacte de stabilité et de croissance, sans oublier la révision à mi-parcours du budget de l'UE ainsi que l'ouverture des négociations d'adhésion de la Croatie.

Pour beaucoup, les élections anticipées espagnoles risquent donc de créer une distraction inutile.

-Stéphanie Salti, L'Agefi ed: VLV

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