ENTRETIEN: "Le pôle éclairage de Plastic Omnium atteindra l'équilibre courant 2023" -DG

L'année 2022 a marqué une profonde transformation de Plastic Omnium. 

Agefi/Dow Jones 25.04.2023
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PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'année 2022 a marqué une profonde transformation de Plastic Omnium. L'équipementier automobile fondé par la famille Burelle a investi 927,5 millions d'euros l'an passé pour acquérir Automotive Lighting Systems (AMLS), Varroc Lighting Systems (VLS), ACTIA Power et racheter les minoritaires de HBPO.

En profitant de la rentabilité inférieure à la moyenne de certains acteurs, l'industriel a renforcé ses positions à des niveaux de valorisation plutôt raisonnables, devenant au passage un nouvel acteur majeur des systèmes d'éclairage. Il a également poursuivi ses investissements dans l'hydrogène, un de ses principaux relais de croissance.

Désormais, Plastic Omnium doit s'attacher à bien intégrer ces nouveaux actifs et convaincre les investisseurs de la pertinence de son nouveau profil dans un secteur automobile mondial en pleine mutation.

Dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow Jones, Laurent Favre, le directeur général de Plastic Omnium, dresse un bilan de santé du groupe qu'il pilote depuis début 2020 et de ses principaux marchés. A cette occasion, le dirigeant affiche notamment sa confiance dans les perspectives financières des nouvelles activités de Plastic Omnium dans l'éclairage, que les investisseurs et les analystes surveillent de près.

Agefi-Dow Jones: Plastic Omnium subit-il des tensions en matière d'approvisionnement depuis le début de l'année ?

Laurent Favre : Plastic Omnium ne subit à ce stade que les effets indirects des tensions en matière d'approvisionnement en certains composants. Une des difficultés auxquelles nous faisons face au niveau de notre chaîne d'approvisionnement est la faillite de certains de nos fournisseurs qui ne peuvent plus survivre à l'inflation de leurs coûts. Aussi, des pénuries de composants électroniques subsistent chez nos clients, les constructeurs automobiles, et cela peut avoir un impact sur notre production. L'approvisionnement reste un sujet de préoccupation pour le secteur, même si la situation est bien moins anxiogène qu'il y a un an.

Agefi-Dow Jones: Comment Plastic Omnium parvient à amortir l'effet de l'inflation sur ses performances ?

L. F. : L'an passé, Plastic Omnium a souffert de l'inflation des coûts des matières premières et de la logistique alors que, cette année, ce sont les hausses des salaires et des prix de l'énergie qui nous pénalisent. Dans ce contexte, nous nous concentrons sur notre efficience énergétique. Par exemple, en 2022 nous avons diminué d'environ 13% notre consommation d'énergie par rapport à 2021. Aussi, pour gagner en productivité, la variable "coût du travail" est encore plus importante dans le processus de sélection des pays dans lesquels nous allons investir. L'an passé, l'inflation a coûté au groupe 0,6 à 0,7 point de marge opérationnelle, ce qui signifie que nous sommes parvenus à compenser environ 70% de la hausse de nos coûts. Nous ferons encore notre maximum cette année pour atténuer l'impact de l'inflation.

Agefi-Dow Jones: Que pensez-vous de la politique tarifaire de Tesla, qui a baissé le prix de vente de ses véhicules de 14% à 25% aux Etats-Unis selon les modèles depuis janvier afin de soutenir ses ventes ?

L. F. : On constate que Tesla a donné le coup d'envoi d'une guerre des prix. En Chine, les constructeurs chinois ont également diminué le prix de leurs véhicules, tandis qu'en Europe, les fabricants de voitures se demandent comment réagir. Je ne sais pas quelle sera la conséquence de ces stratégies mais je suis convaincu que les hausses de prix dont les constructeurs automobiles ont bénéficié au niveau de leur marges au cours des deux dernières années ne sont pas pérennes. Les voitures coûtent trop cher et je ne peux pas envisager que les prix restent à ce niveau au cours des prochains mois. Lorsque les constructeurs disent avoir augmenté leurs prix de 20% à 25%, cela signifie que toute une partie de la population n'a plus accès à la mobilité. Le prix moyen d'un véhicule va probablement baisser pour revenir en phase avec le pouvoir d'achat des ménages.

Agefi-Dow Jones: En rachetant l'an passé VLS et AMLS, Plastic Omnium est devenu un acteur majeur des systèmes d'éclairage. Comment se déroule l'intégration de ces actifs dont vous souhaitez faire converger le niveau de rentabilité vers les standards du groupe ? Quel est leur potentiel en matière de ventes et de marges ?

L. F. : L'intégration de ces actifs se déroule conformément à nos objectifs. Les acquisitions de VLS et d'AMLS ont permis à Plastic Omnium de créer une division qui devrait réaliser 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires à horizon 2027. Pour structurer ce nouveau pôle, nous avons défini une équipe de direction, composée d'anciens dirigeants de VLS et d'AMLS, de salariés de Plastic Omnium et de compétences recrutées à l'extérieur. Cette équipe travaille sur l'excellence opérationnelle, notamment au niveau des usines, et sur l'allègement des coûts administratifs. Ainsi, la marge opérationnelle de la division éclairage atteindra l'équilibre au cours de cette année. Mais ce ne sera qu'une étape car ces activités atteindront un niveau de rentabilité en ligne avec les standards du groupe dans les 24 à 36 mois à compter de l'acquisition de VLS, finalisée en octobre 2022. D'ici-là, nous aurons probablement tenté de renforcer l'ancrage de cette division en Chine.

Agefi-Dow Jones: Compte-vous profiter de votre bilan relativement robuste pour réaliser de nouvelles acquisitions structurantes ou comptez-vous investir en priorité dans vos propres relais de croissance ?

L. F. : Nous n'envisageons pas de réaliser de nouvelles acquisitions au cours des deux à trois prochaines années, car le contexte reste très difficile avec une inflation persistante et des taux d'intérêt élevés. Durant cette période instable, nous continuerons toutefois à investir chaque année l'équivalent d'environ 5% du chiffre d'affaires consolidé du groupe dans divers relais de croissance. C'est un niveau d'investissements qui permet à Plastic Omnium de continuer à croître plus rapidement que son marché et à se désendetter en parallèle. Parmi les principaux relais de croissance du groupe figure l'hydrogène. C'est un segment dans lequel nous allons continuer à investir une centaine de millions d'euros par an pour qu'il apporte 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires au groupe en 2030, contre zéro actuellement.

-Propos recueillis par Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: TVA - VLV

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(END) Dow Jones Newswires

 

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Plastic Omnium11,60 EUR-0,85

A propos de l'auteur

Agefi/Dow Jones  est une agence de presse financière basée à Paris.