Récession : le pire est-il déjà dans les cours ?

Les marchés ont déjà intégré une bonne partie des éléments d’une récession mais risquent de rester volatil en fonction de l’évolution des données macro et des résultats des entreprises.

Jocelyn Jovène 18.05.2022
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Le cours de Bourse des actions mondiales pourrait rebondir si une récession économique ne se produisait pas, estiment les stratégistes de la banque JPMorgan.

Ces experts considèrent que la chute substantielle des multiples de valorisation, un positionnement réduit et un sentiment déprimé reflètent déjà en grande partie le risque d’une récession.

« Nous pensons que les marchés américain et de la zone euro intègrent une probabilité de récession de 70%, contre 50% pour le marché du crédit, 30% pour le haut rendement et 10-20% pour les marchés de taux », écrivent-ils dans une note datée du 16 mai.

« Nous sommes également sceptiques quant au fait que la décollete des fonds actions observée en avril dernier, la plus importante depuis le mois de mars 2020, est un signal avant-coureur d’un mouvement plus durable de décollecte », ajoutent-ils, recommandant de maintenir une surpondération aux actifs risqués dans les allocations d’actifs.

Dans l’éventualité où un tel scénario ne se produirait pas, les actions émergentes devrait surperformer – en particulier les actions chinoises qui devraient bénéficier d’un politique monétaire plus accommodante et d’une accélération de la croissance au cours du second semestre 2022.

Dans une note publiée le 18 mai, les stratégistes Europe de Barclays estiment également que les marchés actions intègrent en grande partie le risque d’une récession de l’économie.

« L’Europe a ‘de-raté’ de manière plus importante que ce qui est justifié par le conflit [en Ukraine], et sa valorisation nous semble raisonnable. Mais alors que le resserrement monétaire des banques centrales n’en est qu’à ses débuts, nous pensons qu’une poursuite de la compression des multiples » ne peut être écartée, écrivent-ils.

Il est de surcroît possible que les estimations de résultats, qui ont bien tenu au cours du premier trimestre, soient moins favorables aux actions dans les trimestres à venir.

Concernant les obligations, les spécialistes de l’allocation d’actifs de JPMorgan ont une position neutre en termes de duration (sensibilité aux taux d’intérêt) et tablent un aplatissement de la courbe des taux.

Les spreads de crédit aux Etats-Unis sont en-deçà des niveaux de mars 2022, lors de la précédente correction des marchés financiers, ce qui s’expliquerait selon JPMorgan par des rendements plus élevés et une moindre offre de papier.

En Europe, les stratégistes recommandent la neutralité dans l’univers du crédit.

Au sein des marchés émergents, ils estiment que les investisseurs ont pris les devants, l’indice de dette émergente JPMorgan EMBIGD ayant intégré le risque de récession avant d’autres marchés du crédit.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.