Après les turbulences, Airbus est sous-évalué

 Le potentiel de rebond sur le long terme nous semble intact. Notre estimation de juste valeur est abaissée de 146 à 137 euros par action.

Burkett Huey 31.03.2020
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Airbus est devenu à notre avis l’un des titres les plus attrayants dans le secteur aéronautique. L’entreprise dispose toujours d’un rempart concurrentiel étendu (« Wide Moat »), présente peu de risques à un cours très attractif.

Le sentiment du marché s’est rapidement retourné contre l’avionneur au regard de l’impact de la pandémie de coronavirus sur le marché mondial du transport aérien et les avertissements en série des compagnies et du secteur hôtelier.

Nous pensons que cet impact très négatif pour le secteur n’est que passager.

Les raisons de notre optimisme concernant Airbus sont de plusieurs ordres.

Tout d’abord, nous ne pensons pas que la crise du coronavirus va changer durablement le déséquilibre d’offre d’aéronef ou la dynamique de long terme de la demande pour le transport aérien.

En dépit des impacts de court terme, la demande d’avions est avant tout pilotée par le renouvellement des flottes d’appareils et leur croissance. Dans les marchés développés, la base installée est très large et compte tenu de son vieillissement, un renouvellement sera nécessaire. Dans les marchés émergents, nous attendons une croissance de la demande, tirée par la croissance d’une classe moyenne en plein développement. La pandémie ne devrait pas arrêter ces évolutions.

Ensuite, le carnet de commandes d’Airbus est profond et diversifié géographiquement pour sa famille d’avions moyen-courrier A320, ce qui devrait lui permettre de rebondir rapidement. Son carnet de commandes comprend 6.200 avions pour ses monocouloirs, et en a produit 642 en 2019. Il n’y a pas de rupture de la demande à ce stade.

De plus, Airbus bénéficie d’une plus forte exposition au marché des monocouloirs ce qui constitue à notre avis un avantage concurrentiel dans un environnement de marché difficile. Ces avions offrent plus de versatilité aux compagnies aériennes et ont des prix de vente relativement abordables. Airbus avait déjà une longueur d’avance sur Boeing sur ce segment du marché de l’aviation commerciale civile.

Le constructeur dispose en outre de deux offres en cours ou en développement (A220 et A321neo XLR) pour lesquels Boeing ne dispose pas d’offre rivale actuellement. Airbus s’est assuré une participation de 75% dans le programme A220 développé par Bombardier à un prix très raisonnable (591 millions de dollars), où il dispose en outre d’un carnet de commandes déjà fourni de 547 appareils.

Enfin, nous pensons qu’Airbus va devoir évoluer dans un environnement moins complexe que Boeing, embourbé dans les difficultés avec son 737 MAX.

Nous avons intégré l’ensemble de ces éléments, ainsi que l’impact négatif du coronavirus sur le monde du transport aérien pour revoir à la baisse notre estimation de juste valeur de 146 à 137 euros par action, qui implique un multiple de résultat 2021e de 18,9x et un multiple d’EBITDA 2021 de 10,3x. Cet abaissement reflète une baisse des volumes d’avions monocouloirs vendus à court terme.
 

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A propos de l'auteur

Burkett Huey  est analyste actions chez Morningstar.