Alstom, le grand bond en avant

Le rachat de l’activité ferroviaire de Bombardier fait sens du point de vue stratégique.

Joachim Kotze 18.02.2020
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Alstom a annoncé lundi le rachat des activités ferroviaires du canadien Bombardier pour une somme comprise entre 5,8 et 6,2 milliards d’euros.

L’opération, si elle est autorisée par les autorités de la concurrence, donnera naissance à un groupe de 15,5 milliards d’euros et disposant d’un carnet de commandes de 75 milliards d’euros sur une base pro forma.

Cette transaction fait sens d’un point de vue stratégique.

Elle est une source de complémentarité sur le plan géographique, en particulier en Europe du Nord, où Alstom n’avait pas la taille critique.

Cette opération devrait permettre au groupe de faire face à la concurrence du chinois CRRC.

L’opération valorise l’activité de Bombardier à 15,8x le résultat opérationnel ajusté de 2019 (380 millions d’euros), soit en-deçà du multiple de valorisation d’Alstom (18x).

La transaction sera financée par une augmentation de capital de 5 milliards d’euros, le complément venant de la dette. Le gros de cette augmentation sera souscrit par la Caisse de dépôt et placement du Québec (2,6-2,8 milliards d'apport en capital) et l'appel au marché devrait représenter 2 milliards d'euros.

Après la fusion, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) détiendra 18% d’Alstom (contre 32,5% de Bombardier actuellement).

Nous pensons que l’opération se fait sur des multiples de valorisation raisonnables et sera une source de création de valeur sur le long terme pour les actionnaires d’Alstom.

Le gros des synergies, évaluées à 400 millions d’euros, viendra de l’amélioration des achats et de la consolidation des efforts de R&D.

La rentabilité de Bombardier était pénalisée par des contrats à problème, produisant une marge opérationnelle de 5%, très inférieure à la moyenne de long terme (8%), et offre donc un potentiel d’amélioration significatif.

Nous pensons que le risque réglementaire est bien plus faible que dans le cas de la fusion avortée entre Alstom et Siemens l’an dernier. Le principal handicap de cette opération était notamment le risque de position dominante dans l’activité de signalisation, ce qui n’est pas le cas ici.

Les doublons géographiques sont limités et la transaction devrait être finalisée au cours du premier semestre 2021.

 

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A propos de l'auteur

Joachim Kotze  est analyste actions chez Morningstar.