Parlez-vous le Yellen ? (suite)

Depuis sa nomination à la tête de la Fed, Janet Yellen et les membres du comité de politique monétaire ont beaucoup discuté de la situation du marché de l’emploi américain et de son impact potentiel sur l’inflation.

Jocelyn Jovène 19.07.2017
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La Fed va-t-elle pouvoir continuer de relever ses taux directeurs et mettre un terme aux mesures non conventionnelles mises en place depuis la crise financière de 2008 ? C’est la question que se posent les investisseurs.

Peut-elle commettre une erreur de politique si l’inflation accélère de manière inattendue ? Autre question importante. Fait-elle une bonne évaluation de la situation économique des Etats-Unis ? Un point sur lequel certains économistes s’interrogent, voire s’inquiètent tant l’action de la banque centrale américaine est devenue « data dependent ».

Pour comprendre l’action de la Fed, les investisseurs font, comme elle, un travail d’analyse macro-économique, en se focalisant en particulier sur l’évolution du marché de l’emploi. Au cours du dernier comité de politique monétaire, la Fed estimait que « le marché du travail a continué de se renforcer et l’activité économique a cru de façon modérée à ce stade ». L’institution monétaire notait également que l’inflation se situe en-deçà de son objectif de 2%.

Aux Etats-Unis, la croissance de l’activité économique a reculé au cours des derniers trimestres. Le PIB réel a progressé de 1,4% au cours du premier trimestre 2017, après +2,1% au cours du quatrième trimestre. Ce chiffre se compare à une moyenne de 2% par trimestre au cours des cinq dernières années et de 3,2% entre 1947 et 2017.

Malgré une croissance économique faible, que le directeur de la recherche économique de Morningstar ne voit pas s’accélérer à court ou moyen terme, le marché de l’emploi n’a cessé de s’améliorer, comme le montre les différents indicateurs considérés comme les plus importants aux yeux de la patronne de la Fed, Janet Yellen.

Nous avons mis à jour une série de statistiques que certains économistes jugeaient important pour anticiper l’action de la Fed. Il faut toutefois reconnaître que depuis ces premiers travaux, la Fed a souvent envoyé des signaux qui n’ont pas été suivis d’effets.

Sur le front de l’emploi, la situation semble donner raison à une politique moins accommodante. Le taux de chômage (4,4% en juin 2017) est revenu au niveau d’avant crise, comme illustré et se trouve en-deçà du niveau considéré comme ne devant pas entraîner d’augmentation de l’inflation (4,74% actuellement selon les calculs de la Fed).

01 UNRATE 201707

Source : FRED, St Louis Federal Reserve

Le rythme des créations d’emplois a été irrégulier, mais depuis 2012, il atteint 204.000 créations d’emplois mensuelles en moyenne, et 152.000 au cours du mois de mai dernier.

02 NPPTTL Change 201707

Source : FRED, St Louis Federal Reserve

La bonne nouvelle est que le taux de participation des salariés, qui avait atteint un point historiquement bas fin 2016, est en train de remonter. Il reste toutefois en-deçà du niveau d’avant-crise.

03 LRAC 74 TTUSM 156 S 201707

Source : FRED, St Louis Federal Reserve

04 U6 RATE 201707

Source : FRED, St Louis Federal Reserve

Le seul bémol relève de l’inflation. Malgré un marché du travail plus tendu, l’inflation tarde à repartir et reste en-deçà de l’objectif de la banque centrale.

05 PCEPI

Source : FRED, St Louis Federal Reserve

Certains économistes espéraient que l’amélioration de la situation du marché de l’emploi conduirait à une accélération des salaires, induisant une inflation plus forte. Ce n’est pas le cas. Selon les données de la Fed d’Atlanta, la croissance des salaires aux Etats-Unis se situe légèrement au-dessus de 3% alors qu’elle était de 4% voire plus avant la crise.

La raison de ce retard est l’absence d’augmentation rapide du coût unitaire du travail (0,4% au cours du quatrième trimestre 2016 contre 1,3% en moyenne depuis 1999).

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.