Dette émergente : une année inégale

Très recherchée pour son rendement élevé, la dette émergente a connu une fin d’année plus difficile.

Jocelyn Jovène 26.01.2017
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L’an dernier en Europe, 81 milliards d’euros sont allés s’investir dans des fonds obligataires, selon les données Morningstar.

Les fonds de dette émergente ont plutôt bien tiré leur épingle du jeu, avec une collecte d’environ 18 milliards d’euros. Sur ce total, 4,5 milliards sont allés se placer dans des fonds de dette émergente en devise locale, et un montant équivalent a privilégié les fonds de dette émergente en euros, 2,8 milliards privilégiant les fonds de dette émergente globaux et 2,5 milliards les fonds de dette asiatique.

Flux vers les fonds de dette émergente en devise locale

EM Debt Local Flows Europe Dec 2016

Source : Morningstar

Flux vers les fonds de dette émergente en euros

EM Debt EUR Flows Europe Dec 2016

Source : Morningstar

Il ne s’agit toutefois pas des plus fortes collectes au regard des catégories Morningstar : les fonds diversifiés en euros à duration courte ont ainsi récolté 13,3 milliards d’euros en 2016, suivis par les fonds à terme fixe (8,8 milliards), les fonds flexibles couverts en euros ou les fonds à duration ultra courte.

La dette émergente a en fait connu une année volatile. La classe d’actifs avait plutôt bien résisté au mouvement de remontée des taux d’intérêt après le « Brexit » en juin dernier. Elle n’a en revanche pas résisté à la victoire de Donald Trump puis à la nouvelle hausse des taux directeurs de la Fed, qui ont raffermi la valeur du dollar.

Une hausse du dollar fragilise la santé des économies émergentes, en particulier celles qui connaissent un déficit de leur balance courante et de leurs comptes publics, handicap aggravé lorsque le financement de leur endettement se fait en dollars plutôt qu’en devise locale.

Plusieurs pays sont moins dépendants des financements en dollars et ont fait d’importants efforts d’assainissement de leur situation financière, au point d’afficher des niveaux de dette sur PIB inférieurs aux pays développés (cas de l’Indonésie, de la Turquie, de la Chine, de la Corée du Sud, de la Pologne, du Mexique ou de la Malaisie). Il demeure que les investisseurs qui s’intéressent à la classe d’actifs doivent prendre conscience de son caractère risqué et de l’importance du rôle que peuvent jouer les devises dans sa performance. De ce point de vue, l’année 2017 sera vraisemblablement encore une année volatile.

Au sein de la dette gouvernementale des pays émergents, l’un des événements marquants de l’année 2016 a été l’ouverture du marché obligataire chinois aux investisseurs internationaux à travers le China Interbank Bond Market. Le pays a ainsi levé 26 milliards de dollars dans le monde, principalement auprès de banques centrales qui ont commencé à diversifier leur portefeuille de devises après l’inclusion du yuan chinois dans le panier des devises constituant les droits de tirage spéciaux du FMI.

L’année a été aussi marquée par le retour de l’Argentine sur les marchés internationaux de capitaux, après un accord avec ses créanciers. Le Brésil, en revanche, a vu sa dette désertée, mais cette situation pourrait changer avec l’amélioration progressive des fondamentaux du pays.

En 2016, les indices de dette émergente ont rapporté 6,1%, après un rendement négatif de 10,7% en 2015, ce qui permet à la catégorie de faire mieux que le Bund (4%), les bons du Trésor (4,8%) – même s’il faut tenir compte d’un risque bien moindre pour ces deux dernières classes d’actifs.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.