Economie mondiale : les banques centrales au cœur du jeu

Les marchés sont une fois encore dépendants de l’action des banques centrales, au regard des vives inquiétudes sur l’évolution de l’économie mondiale.

Francisco Torralba 05.02.2016
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Le début de l’année a été particulièrement mouvementé sur les marchés financiers : chute de 20% des actions mondiales par rapport à leur dernier plus haut, baril de pétrole sous les 30 dollars, envolée de la volatilité.

Les banques centrales pourraient toutefois envoyer des signaux plus encourageants. Cela a été le cas au début du mois avec les propos accommodants de Mario Draghi. Les marchés attendent que les autres grandes banques centrales prennent la suite : extension du « QE » au Japon et arrêt des hausses de taux de la part de la Fed.

Des déclarations plus favorables pourraient donc soutenir les marchés financiers à court terme. Pour que l’effet perdure sur le plus long terme, il faudra toutefois que la croissance économique et des profits des entreprises soit plus pérenne.

Le risque de récession de l’économie américaine est toujours présent à un horizon de 24 mois. D’un côté, les profits des entreprises ont atteint un pic il y a plus d’un an. Hors l’énergie et les matériaux, pénalisés par la chute du pétrole et des matières premières, les résultats du S&P 500 ne se sont pas effondrés. Toutefois, la croissance des profits et des chiffres d’affaires ralentit.

En outre, les spreads de crédit n’ont cessé de croître depuis mai 2015. La chute des matières premières a alimenté cette augmentation des spreads, puis les craintes sur les économies émergentes ont pris le relais – les investisseurs craignant un effet de contagion sur les pays développés. Ce scénario ne s’est pas confirmé. Mais les traders obligataires n’étant pas totalement rassuré, cela s’est traduit par un écartement des performances du crédit et des actions aux Etats-Unis.

L’écartement des spreads sur le marché du haut rendement intègre aujourd’hui des niveaux de défaut qui semblent très élevés au regard des moyennes historiques – des niveaux qui ne justifient qu’en période de grave stress sur les marchés.

En dehors des Etats-Unis, les marchés émergents sont la principale source d’incertitude. Le niveau d’endettement en dollars des entreprises émergentes et les difficultés des Etats et du secteur privé émergents ont retrouvé les plus hauts niveaux de 2008. Les spreads sur la dette souveraine de pays comme le Brésil, le Mexique, l’Indonésie, la Turquie ou l’Afrique du Sud sont à plus de deux écarts-types par rapport à leur moyenne historique des quatre dernières années.

Le sentiment général est que cette situation pourrait empirer. La détérioration des notes de crédit des émetteurs du monde émergent ont été plus souvent revues à la baisse qu’à la hausse, ce qui pourrait se traduire par une augmentation du nombre de défauts. Les sorties de capitaux de ces pays ont dépassé les 700 milliards de dollars l’an dernier, selon l’Institute of International Finance – dépassant largement les records précédemment observés depuis 2000.

La perspective d’un dollar qui s’apprécie et des matières premières qui reculent constituent des sujets d’inquiétude majeurs. Se pose malgré tout la question de savoir si à de tels niveaux de risque dans les prix, il n’est pas temps de s’intéresser à ces classes d’actifs.

Pour les marchés émergents, le ralentissement chinois, la question de l’endettement, le positionnement cyclique des Etats-Unis suggèrent tous une certaine prudence et des rendements futurs relativement modestes sur le moyen terme. Mais à court terme, tout comme pour le haut rendement, cela pourrait être un bon point d’entrée pour des investisseurs cherchant un positionnement tactique et surtout capables de supporter un degré élevé de volatilité.

 

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A propos de l'auteur

Francisco Torralba

Francisco Torralba  est économiste senior au sein de Morningstar Investment Management.