Les marchés aux mains du consommateur américain – Fidelity

Ajustement de l’offre dans le monde émergent, reprise de la demande dans les pays développés sont des processus longs mais encourageants pour les marchés actions.

Jocelyn Jovène 27.01.2016
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Pour Dominic Rossi, responsable monde des investissements actions de Fidelity International, le rebond des marchés actions dans le monde dépendra en grande partie du retour du consommateur américain et d’un changement de discours des banques centrales.

« La crise des pays émergents est bénéfique pour les consommateurs des pays développés, encore faut-il que ces derniers commencent à dépenser le gain de pouvoir d’achat obtenu de la baisse des prix. Ce mouvement est encore absent », a-t-il expliqué au cours d’une conférence téléphonique.

« Nous avons besoin que les consommateurs des pays développés contrebalancent la baisse de la demande des pays émergents. (…) C’est important pour l’économie mondiale et pour les marchés actions », a-t-il indiqué.

Il n’y a pas encore de signaux suffisamment clair que le consommateur est prêt à dépenser plus même si son pouvoir d’achat a progressé grâce à l’amélioration du marché de l’emploi dans certains pays (Etats-Unis, Royaume-Uni) et à la baisse du prix des matières premières.

Mais ces gains ont été surtout épargnés, un comportement cohérent avec l’histoire, puisque lors du contrechoc pétrolier des années 1980, les ménages américains avaient attendu de voir si ces gains étaient permanents ou non.

Pour le responsable, la chute des marchés depuis l’an dernier illustre la « troisième vague » d’ajustement suite à la crise financière de 2008, qui touche les pays émergents. Tout comme les Etats-Unis et l’Europe, qui ont subi une division par deux de leurs rythmes de croissance nominale entre 2007 et aujourd’hui, les pays émergents subissent le même type d’ajustement.

« Ces pays vont devoir adapter leur coût du capital et leur discipline en matière d’allocation du capital, chose à laquelle ils n’étaient guère habitués. Cela prendra des années. Il y aura un ajustement de l’offre dans les pays émergents, et cela conduira à des taux de croissance plus bas », a affirmé Dominic Rossi.

La croissance excessive du crédit est considérée comme un facteur ayant conduit à une mauvaise allocation des ressources dans de nombreux pays émergents, avec à la clef la création de surcapacités de production qui doivent être résorbées et la mise en place de spirales désinflationnistes.

Mais le regain récent de volatilité sur les marchés est également lié aux erreurs de communication des banques centrales. Cela a commencé avec la BCE en décembre dernier, puis a été suivi par les déclarations de la Banque Populaire de Chine sur l’ajustement de sa devise, et enfin par la Fed qui s’est inquiété du décalage entre ses projections dans l’évolution des taux directeurs et les attentes des marchés financiers.

« Il est important de reconnaître que les banques centrales ont commis des erreurs de communication. Elles doivent changer de braquet pour permettre aux marchés actions de se stabiliser », a expliqué le responsable de Fidelity.

Il est important de suivre l’évolution du dollar, dont l’appréciation pèse sur les anticipations d’inflation et pourrait alimenter l’instabilité financière observée récemment dans les pays émergents, avec d’importants flux de capitaux.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.