Bras de fer entre « Bulls » et « Bears » sur le cuivre

Le métal rouge, très lié ay cycle économique mondial, est à un plus bas de six ans. Une situation qui divise les investisseurs.

Valerio Baselli 24.08.2015
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« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté », disait Sir Winston Churchill. Comme de nombreuses autres matières premières, le cuivre a vu son cours plonger de 21% depuis le début de l’année à 5.046 dollars la tonne, contre une baisse de 17% pour l’indice S&P GSCI.

Métal très lié à l’état de l’économie mondiale, utilisé dans une grande variété de secteurs industriels (automobile, électronique, construction, énergie), le métal rouge souffre d'une volatilité élevée. Son cours est à un plus bas depuis six ans. Après avoir atteint 10.180 dollars la tonne en février 2011 le cuivre connait une descente aux enfers.

Les raisons sont d’abord fondamentales : l'offre dépasse la demande. Les plus grands importateurs de cuivre, en particulier la Chine et le Brésil, ont moins besoin de métal rouge parce que leurs économies sont en ralentissement voire en phase de contraction (récession dans le cas du Brésil).

Les investisseurs ont également liquidé leurs positions dans la foulée du ralentissement en Chine, où la production industrielle en juillet a progressé de seulement 6% sur un an, à un niveau en-deçà des attentes du marché. De même, les investissements en actifs fixes, un indicateur clé pour la deuxième économie mondiale, ont progressé de 11,2% au cours des sept premiers mois de l’année, un niveau lui aussi inférieur aux attentes du marché.

Les  « Bears » (pessimistes)

Reflet de cet environnement peu porteur, Goldman Sachs a récemment réduit ses estimations de prix pour le cuivre, tablant sur un cours de 4.500 dollars la tonne fin 2016 et s’attendant à un cycle baissier qui durerait jusqu'en 2018.  « Le cuivre est le métal le plus exposé à la combinaison d’un dollar fort, de faibles coûts énergétiques et d'une baisse de la demande en provenance de Chine », prévient la banque dans une étude.  « Nous pensons que la tendance est pas terminée. »ajoute Goldman Sachs.

Deutsche Bank, de son côté, s’attend à ce que les positions « vendeuses » sur le métal rouge prennent de l’ampleur, en raison d’une possible augmentation de l'offre au cours de l'année 2016, après l'ouverture, déjà prévue, de nouvelles mines.

Les  « Bulls » (optimistes)

Tout le monde n'a pas une vision aussi négative.  « Le sentiment sur les matières premières est très mauvais, mais je ne pense pas que cela reflète vraiment les fondamentaux », estime ainsi Martin Arnold, analyste chez ETF Securities.  « Le stock de cuivre est au plus haut des 18 derniers mois, mais les plus grands producteurs dans le monde, c’est-à-dire Freeport McMoRan, First Quantum et Antofagasta, envisagent de réduire leur production alors qu'ils luttent pour dégager un profit. Restrictions énergétiques, projets retardés et réduction des coûts menacent de limiter l'offre. Nous croyons que cela sera favorable au prix du métal rouge. » Arnold s’attend à une reprise à partir de la fin de cette année, car l'offre excédentaire n’est pas aussi grande que certains croient et la demande n’est pas si faible. En plus, malgré un ralentissement, la Chine continue de croître à un rythme considérable.

C’est bien Pékin qui, une fois de plus, joue un rôle crucial. L'injection de liquidités résultant de la récente dévaluation du yuan pourrait en fait favoriser un certain nombre de projets d'infrastructure, et provoquer un rebond conséquent de la demande de métaux industriels.

A la liste des « Bulls » il faut ajouter les analystes de Barclays, qui tablent eux sur un cours du cuivre à environ 6.200 $ la tonne à la fin de 2016, et Daniel Morgan, analyste chez UBS, qui lors d’une interview à Reuters a déclaré s’attendre à ce que le marché immobilier chinois tire la demande en cuivre au cours des prochaines années.

Investir dans le cuivre

Coté sur différentes bourses européennes, les investisseurs du Vieux continent peuvent choisir entre 19 ETF qui donnent exposition au cuivre, y compris les fonds à effet levier et vente à découvert (voir tableau).

Un seul ETF négocié à la Bourse de Paris donne exposition directe au métal rouge, l’ETFS Copper ETC ; sans oublier l’Amundi ETF Commodities S&P GSCI Metals UCITS ETF, un tracker qui offre accès à l’ensemble des métaux précieux et industriels, dont le cuivre est le component plus important. 

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.