J.P.Morgan AM: une saison des résultats décisive pour l’Europe

L’impatience des investisseurs est compréhensible, particulièrement en Europe note J.P.Morgan Asset Management.

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Cet article fait partie de la série "Perspective", qui regroupe des contributions externes. Le texte suivant a été rédigé par l'équipe des stratégistes de J.P.Morgan Asset Management. 

Le consensus des commentateurs estime que la saison des résultats du second trimestre qui se déroule actuellement est décisive. Il est difficile de ne pas partager ce sentiment général : l’année 2014 était supposée être celle de la transition de marchés d’actions stimulés par les valorisations vers des marchés d’actions stimulés par les bénéfices et, jusqu’à présent, cette évolution ne s’est concrétisée que dans une très faible mesure.

Avec un ratio cours/bénéfice du marché en hausse de 20% aux États-Unis et de 24 % en Europe (selon les indices Datastream) depuis le début de 2013, l’impatience des investisseurs est compréhensible, particulièrement en Europe.

Pour souligner l’importance de ce point, on peut préciser qu’au cours de la saison des bénéfices du premier trimestre en Europe, l’amplitude des réactions du cours des actions aux publications des entreprises battant ou manquant le consensus de façon significative a été la plus forte jamais enregistrée depuis 2009 (particulièrement pour les manquements constatés sur les chiffres d’affaires). Et, fait intéressant, nous avons d’ores et déjà constaté de fortes réactions des cours des actions lors de la saison des bénéfices aux États-Unis.

Si l’on observe la saison des bénéfices aux États-Unis telle qu’elle s’est déroulée jusqu’à présent, au moment où nous écrivons seules 82 entreprises sur les 500 de l’indice S&P500 ont publié leurs résultats, de telle sorte qu’en tirer des conclusions définitives serait tout à fait prématuré. Mais, selon Bloomberg, 77 % d’entre elles ont battu le consensus sur les bénéfices et 70 % celui sur le niveau des chiffres d’affaires, le niveau cumulé de ces deux surprises étant le plus élevé depuis deux ans si la tendance devait se poursuivre à ce rythme.

L’Europe en est à un stade encore plus précoce dans ses publications et il est donc trop tôt pour se livrer à un commentaire. Toutefois, après la déception réitérée des récentes saisons de bénéfices des entreprises européennes, il est difficile de faire preuve d’un excès de confiance.

La seule consolation envisageable pourrait être que les anticipations sont déjà très basses cette fois-ci : le consensus (selon Bloomberg) prévoit une croissance des chiffres d’affaires de -0,7 % en variation annuelle au second trimestre et une croissance de 4,7 % du BPA. De plus, les marges restent déprimées dans la région : celles de l’Europe hors Royaume-Uni évoluent autour de 5 % d’après les données de ThomsonReuters, contre 7,5 % pour leur plus récent pic en 2011. Par conséquent, l’effet de levier de toute amélioration des chiffre d’affaires pourrait être très important.

Dans une perspective de plus long terme, le potentiel d’amélioration des bénéfices en Europe est évident : l’Europe hors Royaume-Uni se négocie sur la base d’un P/E tendanciel de 15,7x, pas très éloigné de sa moyenne sur 30 ans de 15,2x (Datastream). Mais sur le P/E corrigé des variations conjoncturelles (CAPE), qui utilise une moyenne mobile des bénéfices sur 10 ans, les actions européennes se négocient près de 26 % en dessous de sa moyenne sur 30 ans. Il convient d’admettre que ces chiffres sont pour une large part liés aux valeurs financières ; mais, même en les excluant, la décote par rapport à la moyenne sur 30 ans ressortirait encore à environ 14%.

Néanmoins, la divergence entre la reprise macro-économique (il est vrai chaotique) et le momentum bottom-up des bénéfices ayant tendance à se prolonger, il est difficile de se montrer confiant sur le calendrier de la reprise définitive des bénéfices.

Les instruments de mesure du sentiment général, tels que les indices des directeurs d’achats, suggèrent depuis un certain temps un rebond du momentum des bénéfices qui n’a tout simplement pas réussi à se concrétiser (voir le graphique de la semaine).

Les explications de cette divergence - faiblesse persistante de la demande des économies émergentes pour les exportations européennes et force de l’euro – semblent plausibles tout au moins dans une certaine mesure. Ainsi, la patience des investisseurs est susceptible d’être mise à l’épreuve encore un certain temps.

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A propos de l'auteur

J.P.Morgan Asset Management  J.P.Morgan Asset Management est une filiale de J.P.Morgan.